Les refuges de pierre
habituée à prendre la parole devant un
groupe et, ne sachant comment entamer son récit, elle commença simplement là où
commençaient ses souvenirs.
— J’avais cinq ans, je crois, autant que je puisse savoir,
quand j’ai perdu la famille qui m’a vue naître. Je ne m’en souviens pas très
bien mais je crois que c’est un tremblement de terre qui les a tués. J’en rêve
encore quelquefois. J’ai dû errer seule un moment, je ne savais probablement ni
où aller ni quoi faire. J’ignore depuis combien de temps j’étais seule quand j’ai
été pourchassée par un lion des cavernes. Je crois que je me suis réfugiée dans
un trou, une anfractuosité si petite que l’animal pouvait juste y passer une
patte pour essayer de m’atteindre. Il m’a lacéré la jambe. J’ai encore les
cicatrices, quatre traits tracés dans ma chair par ses griffes. Mon premier
vrai souvenir, c’est d’avoir ouvert les yeux et découvert Iza, une femme de ce
peuple que vous appelez les Têtes Plates. J’ai hurlé en la voyant. Elle a réagi
en me serrant dans ses bras jusqu’à ce que je me calme.
Les Zelandonii furent aussitôt captivés par l’histoire de cette
orpheline qui ne comptait que cinq années. Ayla expliqua que l’abri du Clan qui
l’avait trouvée avait été détruit par ce même tremblement de terre, et que ses
membres cherchaient une nouvelle grotte quand ils étaient tombés sur elle. Ils
savaient qu’elle n’était pas du Clan et faisait partie des Autres, mot par
lequel ils désignaient ceux qui étaient comme la fillette. Elle avait été
adoptée par la guérisseuse du Clan de Brun et par le frère de cette femme,
Creb, qui était lui-même un grand Mog-ur, l’équivalent d’un Zelandoni.
A mesure qu’elle avançait dans son récit, Ayla oubliait sa
nervosité et parlait avec aisance, émotion et sincérité de sa vie chez ceux qui
se donnaient le nom de Clan de l’Ours des Cavernes.
Elle n’omit rien, ni les problèmes qu’elle avait eus avec Broud,
le fils de la compagne du chef, Brun, ni la joie qu’elle avait éprouvée à
suivre l’enseignement d’Iza. Elle parla de son amour pour Creb et Iza, ainsi
que pour Uba, sa sœur du Clan. Elle raconta comment elle avait appris seule à
se servir d’une fronde et ce qui en avait découlé quelques années plus tard.
Elle n’hésita que lorsque vint le moment de parler de son fils. Malgré l’argumentation
logique et convaincante de la Première, selon laquelle les membres du Clan
étaient aussi des Enfants de la Mère, Ayla pouvait voir, aux expressions et aux
postures de plusieurs participants, en particulier ceux qui s’étaient opposés à
l’union de Joplaya et Echozar, que leurs sentiments n’avaient pas changé. Ils
jugeaient néanmoins préférable de les garder provisoirement pour eux. Ayla
estima donc plus raisonnable de s’abstenir de parler de Durc.
Elle raconta qu’elle avait été contrainte de quitter le Clan
quand Broud était devenu chef et, malgré ses efforts pour expliquer aux
participants ce qu’était une malédiction, elle sentit qu’ils n’en comprenaient
pas pleinement la force. La malédiction causait la mort du membre du Clan qui n’avait
plus un seul endroit où aller et dont même les êtres chers refusaient de
reconnaître l’existence. Elle mentionna le temps passé dans sa vallée, évoqua
plus longuement Rydag, l’enfant mêlé adopté par Nezzie, la compagne du chef du
Camp du Lion.
— A la différence d’Echozar, il n’avait pas la force
physique du Clan et était également faible en lui-même. Comme ceux du Clan, il
était incapable d’émettre certains sons. Je lui ai appris – ainsi qu’à
Nezzie, à Jondalar et au reste du Camp du Lion – à communiquer par
signes. Nezzie a été très heureuse la première fois qu’il l’a appelée mère,
conclut Ayla.
Jondalar s’avança ensuite et raconta comment lui et son frère
Thonolan avaient rencontré des hommes du Clan peu après avoir traversé le
glacier des hauteurs de l’Est. Il poursuivit par l’histoire plutôt drôle du
jour où il n’avait péché qu’une moitié de poisson parce qu’il avait partagé sa
prise avec un jeune homme du Clan. Il exposa aussi les circonstances qui les
avaient conduits, Ayla et lui, à passer quelques jours avec un couple du Clan,
Guban et Yorga, à leur « parler » dans la langue des signes qu’Ayla
lui avait enseignée.
— S’il y a une chose que j’ai apprise pendant
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