Les refuges de pierre
son air réjoui, et eut le sentiment qu’il lui cachait quelque chose.
Quoi ? Elle n’en avait aucune idée.
— Je suis content que les Lanzadonii soient venus,
poursuivit-il. Ils ont fait un long voyage mais Dalanar a maintenant la doniate
qu’il voulait, et Joplaya s’est unie à Echozar dans le respect des traditions.
Les Lanzadonii sont encore peu nombreux mais ils ne tarderont pas à fonder une
deuxième Caverne. Ils ont eu beaucoup d’enfants et, par chance, la plupart ont
survécu.
— Je me réjouis que Joplaya soit enceinte. La Mère l’avait
honorée avant même leur union ; pourtant, je ne crois pas qu’on y ait
prêté grande attention pendant les Matrimoniales.
— Certains avaient d’autres choses en tête. En tout cas, je
suis ravi pour eux. Joplaya me paraît changée, un peu triste, curieusement. C’est
peut-être d’un bébé qu’elle a besoin.
— Dépêchons-nous. Joharran tient à ce que nous partions de
bonne heure.
Elle ne voulait pas parler de la tristesse de Joplaya, parce qu’elle
en connaissait la raison, et ne voulait pas non plus mentionner la longue
conversation qu’elle avait eue avec Jerika. La mère de Joplaya désirait obtenir
d’elle des renseignements précis. Elle avait expliqué les difficultés qu’elle
avait eues elle-même en accouchant et voulait apprendre d’Ayla tout ce qui
pouvait faciliter un enfantement qui s’annonçait délicat. Elle voulait aussi
connaître cette médecine qui empêchait la vie de germer et les moyens de
provoquer une fausse couche si elle n’avait pas fait effet. Jerika craignait
pour la vie de son unique enfant et aurait préféré se passer de petits-enfants
plutôt que de courir le risque de perdre sa fille. Mais, comme Joplaya était
déjà enceinte et déterminée à avoir le bébé, Jerika était résolue, elle, à ce
qu’il n’y ait plus d’autres grossesses si sa fille survivait à l’accouchement.
La Onzième Caverne avait apporté tous ses radeaux, et Joharran
avait pris des dispositions pour qu’une partie des vivres fût transportée par
ce moyen. Bord de Rivière ne possédait cependant qu’un nombre limité d’embarcations
et toutes les Cavernes voulaient les utiliser. La Neuvième chargea le plus
grand nombre possible de paquets de viande séchée et de paniers pleins de
graines et de plantes sur les travois et le dos de Whinney et de Rapide. Les
huttes qui avaient abrité les Zelandonii pendant l’été furent démontées ;
les parties récupérables et réutilisables furent également chargées sur les
chevaux. Chacun portait aussi un sac plein sur le dos, et certains Zelandonii,
s’inspirant des travois, assemblèrent des perches qu’ils traîneraient
eux-mêmes. Ayla songea à fabriquer un travois pour Loup mais elle ne lui avait
pas encore appris à en tirer un. L’année suivante, peut-être, il assumerait lui
aussi sa part du fardeau.
Joharran parcourait tout le camp, incitant chacun à se presser,
lançant des suggestions, veillant à ce que tout fût en ordre. Quand il se fut
assuré que la Neuvième Caverne avait tout emballé et était prête, il donna le
signal du départ et se plaça en tête de la colonne. Il tenait une sagaie à la
main, en un geste plus symbolique que nécessaire. Ils marcheraient de jour,
formant un groupe nombreux, et tant qu’ils resteraient ensemble aucun prédateur
ne se risquerait à s’approcher d’eux. Toutefois, au moindre signe de danger,
Joharran serait prêt à faire usage de son lance-sagaie. Il s’était entraîné
avec l’instrument pendant tout l’été et avait acquis une certaine adresse. Une
demi-douzaine d’autres Zelandonii avaient été désignés pour protéger les flancs
de la colonne, cependant que Solaban et Rushemar fermaient la marche. Cette
garde serait relevée par d’autres Zelandonii, qui, pour le moment,
contribuaient à porter le riche butin d’été à la Neuvième Caverne.
Ayla contempla une dernière fois le site de la Réunion d’Été.
Des monticules d’os et de détritus jonchaient la petite vallée. Plusieurs
Cavernes étaient déjà parties, laissant de vastes espaces vides entre les camps
de celles qui étaient encore là. Des poteaux, des cadres en rondins demeuraient
debout ; des cercles et des rectangles noirs marquaient les endroits où
avaient brûlé les feux. Une tente trop usée pour servir encore avait été
abandonnée, et un pan de cuir déchiré claquait dans le vent qui faisait rouler
un
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