Les refuges de pierre
vieux panier. Sous les yeux d’Ayla, on abattait les dernières huttes. Le
camp de la Réunion d’Été prenait un air désolé.
Les détritus venaient de la terre et y retourneraient. Au
printemps suivant, il resterait peu de traces des Cavernes qui avaient séjourné
en ce lieu. La terre se remettrait de leur invasion.
Le voyage de retour fut ardu. Les Zelandonii, lourdement
chargés, avançaient à pas lents sous leur fardeau, s’écroulaient sur leur
couche le soir, épuisés. Au début, Joharran avait imprimé un rythme rapide à
leur marche puis il avait ralenti pour permettre aux plus faibles de suivre. A
tous il tardait de retrouver leur foyer, et ils avaient bon moral. Les charges
qu’ils transportaient constituaient leurs chances de survivre pendant les durs
mois d’hiver.
Lorsqu’ils approchèrent de l’abri de la Neuvième Caverne, le
paysage familier les encouragea à accélérer l’allure. Impatients de retrouver
le surplomb protecteur, ils puisèrent dans leurs dernières forces pour éviter
de passer encore une nuit dehors. Les premières étoiles scintillaient dans le
ciel quand la falaise de la Pierre qui Tombe leur apparut. Ils traversèrent la
Rivière des Bois au Gué, gênés autant par leurs fardeaux que par le jour
déclinant, puis remontèrent le sentier conduisant à leur abri. Quand ils
parvinrent enfin à la terrasse, il faisait presque nuit.
Il incombait à Joharran d’allumer le premier feu et d’y
enflammer une torche avant de pénétrer dans l’abri, et il se félicita de
disposer de pierres à feu. Puis les Zelandonii attendirent que la Première
déplaçât la petite statue qu’on avait installée devant l’abri pour le protéger.
Après avoir remercié la Mère d’avoir veillé sur leurs foyers en leur absence,
ils allumèrent d’autres torches. Toute la Caverne se mit en file derrière
Zelandoni, qui remit la donii à sa place, derrière le grand foyer, au fond de l’espace
couvert. Puis ils s’égaillèrent, chacun regagnant son habitation pour y laisser
tomber son sac avec soulagement.
La première inévitable corvée consistait à effacer les dégâts
que des créatures maraudeuses avaient pu causer pendant qu’ils se trouvaient à
la Réunion d’Été. Quelques crottes salissaient le sol, quelques pierres de
foyer avaient été dérangées, un panier ou deux renversés, mais les dommages s’arrêtaient
là. Ils allumèrent les foyers intérieurs, rangèrent les provisions, étendirent
les fourrures sur les plates-formes familières. La Neuvième Caverne des Zelandonii
était rentrée.
Comme Ayla empruntait le chemin de l’habitation de Marthona,
Jondalar l’entraîna dans une autre direction. Loup suivit. Tenant une torche d’une
main et la main d’Ayla de l’autre, Jondalar la mena un peu plus loin, vers une
autre construction qu’elle ne se rappelait pas avoir vue. Il s’arrêta, écarta le
rideau qui couvrait l’entrée et fit signe à sa compagne de pénétrer à l’intérieur.
— Cette nuit, tu dors dans ta propre demeure, Ayla.
— Ma propre demeure ? fit-elle, si émue qu’elle
pouvait à peine parler.
Loup se glissa derrière elle quand elle entra ; Jondalar
suivit, levant la torche pour qu’Ayla pût mieux voir.
— Ça te plaît ? demanda-t-il.
Elle regarda autour d’elle. L’intérieur était à peu près nu mais
il y avait des étagères contre un des murs et une plate-forme, au fond, pour
les fourrures de couchage. Le sol était pavé de pierres calcaires plates et
lisses, jointoyées par de l’argile de rivière durcie. Du bois garnissait le
foyer, et la niche située juste en face de l’entrée abritait une figurine
petite et grasse.
— Ma propre demeure... répéta Ayla. (Les yeux brillants,
elle tournoya au centre de l’habitation vide.) Rien que pour nous deux ?
Assis sur son arrière-train, le loup la regardait. L’endroit
était nouveau, mais son foyer, c’était partout où Ayla se trouvait. Le visage
de Jondalar se fendit d’un sourire béat, un peu ridicule.
— Nous trois, corrigea-t-il en tapotant le ventre de sa
compagne. C’est un peu vide, ici.
— J’aime cette habitation. Je l’aime. Elle est magnifique.
Il était si content de la joie d’Ayla qu’il sentit des larmes
monter à ses yeux et qu’il dut trouver quelque chose à faire pour les refouler.
Tendant la torche à sa compagne, il lui dit :
— Alors tu dois allumer la lampe. Pour signifier que tu l’acceptes.
J’ai
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