Les refuges de pierre
rester dans l’abri.
Un matin de fin d’automne, Ayla mettait de l’ordre dans son
habitation, préparait un endroit pour le bébé et ses affaires. Elle retrouva le
vêtement de garçon que Marona lui avait donné, le tint contre elle. Il y avait
longtemps qu’elle était devenue trop ronde pour pouvoir l’enfiler mais elle
avait l’intention de le porter plus tard. C’était une tenue confortable. Je
devrais peut-être m’en fabriquer une semblable, un peu plus ample en haut, avec
les peaux de daim qu’il me reste, se dit-elle. Elle plia le vêtement et le
rangea.
Ayla avait promis de passer voir Lanoga ce jour-là et décida de
lui apporter quelque chose à manger. Elle s’était prise d’affection pour la
fillette et le bébé, à qui elle rendait fréquemment visite, bien que cela l’obligeât
à parler à Laramar et Tremeda plus souvent qu’elle ne l’aurait voulu. Elle
avait aussi noué des rapports avec les autres enfants, en particulier Bologan,
mais la conversation avec l’adolescent demeurait assez empruntée.
Elle le découvrit en arrivant à l’habitation de Tremeda. Il
avait commencé à apprendre à faire du barma avec l’homme de son foyer, et Ayla
avait sur ce point des sentiments partagés. Il était bon qu’un homme enseigne
des choses aux enfants de son foyer, mais les Zelandonii qui traînaient
toujours à proximité pour boire le barma de Laramar n’étaient pas la compagnie
qu’elle aurait souhaitée pour Bologan.
— Salutations, Bologan, dit-elle. Lanoga est là ?
Bien qu’elle l’eût salué plusieurs fois depuis leur retour à la
Neuvième Caverne, il semblait encore étonné par sa courtoisie et avait du mal à
trouver ses mots.
— Salutations, Ayla. Elle est à l’intérieur, répondit-il en
se tournant déjà pour s’éloigner.
Sans doute parce qu’elle venait de ranger ses vêtements, elle se
souvint d’une promesse qu’elle lui avait faite.
— Tu as eu de la chance, cet été ? demanda-t-elle.
— De la chance ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
fit-il, dérouté.
— Plusieurs garçons de ton âge ont tué leur premier gros
gibier à la Réunion d’Été. Je voulais savoir si tu as eu de la chance à la
chasse.
— Un peu. J’ai abattu deux aurochs à la première chasse.
— Tu as encore les peaux ?
— J’en ai troqué une contre de quoi faire du barma.
Pourquoi ?
— J’avais promis de te coudre un sous-vêtement d’hiver si
tu m’aidais, rappela-t-elle. Je pourrais me servir de ta peau d’aurochs, si tu
veux, mais une peau de daim conviendrait mieux. Tu devrais peut-être l’échanger.
— J’avais prévu de l’échanger aussi contre de quoi faire du
barma, répondit Bologan. Je croyais que tu avais oublié ta promesse. Tu l’as
faite il y a longtemps, presque à ton arrivée ici.
— Il y a longtemps, oui, mais je m’apprête à fabriquer des
vêtements pour moi, et j’ai pensé que je pourrais en profiter pour tenir ma
promesse en même temps. J’ai quelques peaux de daim en réserve. Il faudrait que
tu viennes pour que je prenne tes mesures.
Il la regarda un moment avec une expression étrange, intriguée.
— Tu aides beaucoup Lorala. Lanoga aussi. Pourquoi ?
Ayla réfléchit avant de répondre :
— D’abord parce que Lorala est un bébé et qu’elle a besoin
d’attention. Et puis je me suis prise d’affection pour elle et pour Lanoga.
Bologan resta un moment silencieux avant d’acquiescer :
— D’accord. Si tu y tiens, j’ai une peau de daim, aussi.
Jondalar était parti pour une longue expédition avec
Joharran, Solaban, Rushemar et Jacsoman, qui avait récemment quitté la Septième
Caverne pour s’installer à la Neuvième avec sa compagne, Dynoda. Ils avaient
pour mission de repérer des rennes, non pas tant pour les chasser dans l’immédiat
que pour découvrir l’endroit où se trouvait le troupeau et le moment où sa
migration le ferait passer près de la Neuvième Caverne, en vue d’une grande
chasse. Ayla avait accompagné les chasseurs un moment puis avait fait
demi-tour. Loup avait débusqué deux lagopèdes qu’elle avait prestement tués.
Leur plumage n’était pas encore totalement blanc mais presque.
Willamar était parti, lui aussi, pour ce qui serait sans doute
sa dernière expédition de troc de la saison. Il avait pris la direction de l’ouest
afin de se procurer du sel auprès du peuple qui vivait près des Grandes Eaux.
Ayla invita Marthona, Folara et
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