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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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que désobligeant.
    « Mais à mesure que le temps passait et que d’autres
enfants naissaient, il nous a fallu plus de place. Certains se sont emparés des
abris des Têtes Plates, parfois par la force. Ils se battaient contre eux, ils
les tuaient ou se faisaient tuer. Nous vivions alors depuis longtemps dans la
région, elle était devenue aussi la nôtre. Les Têtes Plates l’avaient certes
occupée les premiers mais nous avions besoin d’endroits où vivre. Nous avons
pris les leurs.
    « Lorsque des hommes en maltraitent d’autres, ils doivent
justifier leur conduite à leurs propres yeux pour pouvoir continuer à se
supporter. Nous nous inventons des excuses. Là, nous avons argué que la Grande
Mère nous avait donné la Terre, « ainsi que l’eau, le sol, toute la
création ». Cela signifiait que les plantes et les animaux étaient à notre
disposition. Nous nous sommes ensuite convaincus que les Têtes Plates étaient
des bêtes, et que, puisqu’ils étaient des bêtes, nous pouvions leur voler leurs
abris.
    — Ce sont des êtres humains, rappela Ayla.
    — Oui. Tu as raison. Mais nous l’avons oublié, par
commodité. La Mère a dit également, en parlant de la Terre, que nous pouvions « en
user, jamais en abuser ». Les Têtes Plates sont aussi des Enfants de la
Terre. C’est l’autre chose que j’ai apprise de ma méditation. Si Elle mêle
leurs esprits aux nôtres, c’est qu’ils doivent être humains, eux aussi. Je
pense toutefois que cela n’aurait pas changé grand-chose si nous les avions
considérés comme tels. Nous aurions agi de la même façon. Doni a rendu la chose
plus facile pour les autres créatures qui tuent pour vivre. Ton loup ne se
soucie pas des lapins qu’il égorge. Il est né pour les tuer. Sans eux, il ne
pourrait survivre, et Doni anime chaque créature du désir de continuer à vivre.
    « Aux êtres humains, Elle a donné en plus la capacité de
penser. C’est ce qui nous permet d’apprendre et de nous développer. C’est aussi
ce qui nous fait comprendre que la coopération et l’entente sont nécessaires à
notre survie. C’est enfin ce qui a conduit à la compassion, mais ce sentiment a
un double aspect. La compassion que nous éprouvons pour notre espèce s’étend
parfois aux autres créatures vivantes. Si nous refusions de tuer un cerf ou
tout autre animal, nous ne pourrions survivre très longtemps. Comme le désir de
vivre est le plus fort, nous apprenons à ressentir une compassion sélective.
Nous la limitons. Ayla écoutait, fascinée.
    — La difficulté consiste à savoir comment juguler ce
sentiment sans le pervertir, poursuivit Zelandoni. C’est ce qui est la racine
des préoccupations de Joharran devant les révélations que tu nous as faites.
Tant que la plupart des Zelandonii croyaient que les Têtes Plates n’étaient que
des animaux, ils pouvaient les massacrer sans réfléchir. C’est plus difficile
de tuer des êtres humains. La compassion est alors si forte que l’esprit doit
inventer de nouvelles raisons. Si nous lions l’acte de tuer à notre survie, l’esprit
opère les contorsions nécessaires pour le justifier. Nous excellons dans cet
exercice. Mais il change les hommes. Ils apprennent à haïr. Ton loup n’a pas
besoin de haïr ce qu’il croque. Ce serait plus facile si nous pouvions tuer
sans scrupule, comme ton animal, mais alors nous ne serions pas humains.
    — Maintenant je comprends pourquoi tu es la Première parmi
Ceux Qui Servent la Mère, dit Ayla après un silence. Je sais combien c’est
difficile de tuer. Je me souviens du premier animal que j’ai tué avec ma
fronde. C’était un porc-épic. J’avais tellement de remords que je ne suis pas
retournée chasser avant un long moment et que j’ai dû me trouver une raison. J’ai
décidé de m’en prendre uniquement aux carnivores parce qu’ils volaient parfois
la viande du Clan et chassaient eux aussi les bêtes dont nous tirions notre
subsistance.
    — C’est à ce moment-là que nous perdons notre innocence,
Ayla. Quand nous découvrons ce que nous devons faire pour vivre. Voilà pourquoi
la première bête abattue par un jeune chasseur est si importante. Il ne s’agit
pas seulement des changements physiques qui font de lui un adulte. La première
chasse est la plus difficile. Outre l’obligation de surmonter sa peur, l’adolescent
doit montrer qu’il est capable d’accomplir l’acte indispensable pour survivre.
C’est aussi pour cela

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