Les refuges de pierre
chaque douleur et avait envie de
pousser encore mais essayait de se retenir. Les trois femmes l’obligèrent à se
lever, la menèrent à la couverture. Proleva lui indiqua la position accroupie
qu’elle devait prendre puis se plaça à sa gauche pour la soutenir, Folara
faisant de même à sa droite. Marthona s’installa devant et lui apporta le
soutien moral de son sourire. Zelandoni se tint derrière Ayla et, l’entourant
de ses bras, la pressa contre sa poitrine plantureuse.
Ayla se sentit enveloppée par la douceur et la chaleur de l’énorme
femme. C’était réconfortant de se laisser aller contre elle. Zelandoni était
comme la Mère, comme toutes les mères réunies en une seule, comme le sein moelleux
de la Terre. Il y avait autre chose, aussi. Une force gigantesque se cachait
sous les montagnes de chair. Ayla songeait que cette femme pouvait passer par
toutes les humeurs de la Grande Terre Mère Elle-Même, de la douceur d’un soir d’été
à la fureur du blizzard. Selon ses sentiments, elle pouvait frapper avec la
puissance dévastatrice de l’orage ou réconforter et nourrir comme une bruine.
— A la prochaine douleur, je veux que tu pousses, dit-elle.
— Je la sens venir, murmura Ayla.
— Alors pousse !
Ayla prit une longue inspiration, poussa de toutes ses forces.
Elle sentit la doniate l’aider, pousser le bébé avec elle. De l’eau tiède
inonda la couverture.
— Bien, fit Zelandoni.
— Je me demandais quand elle allait rompre les eaux, dit Proleva.
Je perds les miennes si tôt que je suis presque sèche quand vient le bébé. Là,
c’est mieux.
— Encore une fois, Ayla, dit Zelandoni.
Ayla poussa de nouveau, sentit un mouvement.
— Je vois la tête, dit Marthona. Je suis prête à attraper
le bébé.
Elle s’agenouilla plus près de la compagne de son fils au moment
où une autre contraction commençait. Ayla inspira à fond, poussa.
— Le voilà ! dit Marthona.
Ayla sentit passer la tête et le reste fut facile. Quand le bébé
glissa hors de sa mère, Marthona le recueillit dans ses mains.
Ayla baissa les yeux, vit le nouveau-né mouillé dans les bras de
Marthona et sourit. Zelandoni sourit à son tour.
— Une dernière fois, pour faire sortir l’après-naissance.
Une masse spongieuse et sanguinolente tomba sur la couverture.
Zelandoni lâcha Ayla, passa devant. Proleva et Folara soutinrent
l’accouchée pendant que la Première prenait le bébé, le retournait et tapotait
le petit dos. Il y eut quelques bruits de hoquet. La doniate frappa sur les
pieds du nouveau-né, le regarda ouvrir la bouche en réaction et aspirer sa
première bouffée d’air. Il émit un petit cri, à peine plus qu’un miaulement au
début, mais qui s’amplifia à mesure que les poumons prenaient leur rythme pour
affronter la vie.
Marthona garda l’enfant dans ses bras tandis que la doniate
lavait sommairement la mère, essuyant le sang et l’eau, puis Proleva et Folara
aidèrent Ayla à retourner à sa couche. Zelandoni noua un morceau de nerf autour
du cordon ombilical – à la demande d’Ayla, il avait été teint en
rouge avec de l’ocre – pour empêcher que le sang coule par le tube
encore engorgé. Avec une lame de silex tranchante, elle coupa le cordon entre
le nœud et le placenta, séparant le nouveau-né du tissu qui l’avait nourri et
abrité pendant qu’il se développait. L’enfant d’Ayla était devenu une entité
distincte, un être humain unique et singulier.
Marthona et Zelandoni nettoyèrent le bébé avec une peau de lapin
d’une grande douceur qu’Ayla avait préparée à cette intention. Marthona tenait
prête une petite couverture, très douce elle aussi, taillée dans la peau d’un
fœtus de cerf presque à terme. Zelandoni avait expliqué à Jondalar qu’afin de
porter chance à l’enfant de son foyer il devait se procurer ce type de peau
pour la naissance. Son frère et lui avaient quitté l’abri malgré l’âpreté de l’hiver
et s’étaient mis en quête d’une biche pleine.
Ayla avait aidé son compagnon à faire de la peau du faon mort-né
une couverture. Il avait toujours été étonné de la souplesse des cuirs qu’elle
obtenait et savait qu’elle tenait cette technique du Clan. Zelandoni posa le
bébé sur la couverture, Marthona l’en enveloppa et le porta à Ayla.
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— Tu vas être contente, dit Marthona en donnant l’enfant à
la mère. C’est une petite fille parfaite. Ayla regarda la minuscule
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