Les refuges de pierre
les affres d’une
nouvelle contraction mais ne criait toujours pas. Marthona et Proleva se
tenaient de part et d’autre de la couche, inquiètes. Folara ajouta une autre
pierre brûlante à l’eau, et son expression reflétait celle de sa mère. Il y
avait de la peur dans le regard d’Ayla.
Zelandoni s’approcha d’elle :
— Tout ira bien. Il faut simplement que tu te calmes un
peu. Je vais te préparer quelque chose pour t’aider à te sentir mieux.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Ayla quand la douleur
s’estompa.
La Première la dévisagea, comprit que ce n’était pas la peur
mais l’intérêt qui motivait sa question. Si cela pouvait la détourner un moment
de ses craintes...
— De l’écorce de saule et des feuilles de framboisier, pour
l’essentiel, répondit-elle en jetant un coup d’œil vers le foyer pour voir si l’eau
bouillait. Plus quelques fleurs de tilleul et un tout petit peu de pomme
épineuse.
Ayla hocha la tête.
— L’écorce de saule est un léger calmant contre la douleur,
la feuille de framboisier aide à se détendre pendant le travail, les fleurs de
tilleul donnent un goût sucré et la pomme épineuse – qu’on appelle
datura, je crois – supprime la douleur et fait dormir mais peut aussi
arrêter les contractions. Une petite quantité serait utile, cependant.
— C’est ce que j’ai pensé, dit la doniate.
En se hâtant d’ajouter les plantes et l’écorce à l’eau dont
Folara s’occupait, Zelandoni songea que le fait de laisser Ayla s’intéresser au
traitement pouvait l’apaiser autant que les remèdes eux-mêmes. Pendant que le
mélange infusait, Ayla eut plusieurs autres contractions et, lorsque Zelandoni
le lui porta enfin, la compagne de Jondalar était plus que prête à l’avaler.
Elle se redressa, but une première gorgée, ferma les yeux, hocha la tête.
— Plus de feuilles de framboisier que d’écorce de saule, et
juste assez de tilleul pour couvrir le goût amer du datura... de la pomme
épineuse.
Elle but le reste et se rallongea pour attendre le nouvel accès
de douleur.
Une repartie sarcastique traversa l’esprit de Zelandoni : « Alors,
tu approuves le traitement ? » Elle la garda néanmoins pour elle et s’étonna
même d’y avoir songé. Elle n’avait pas l’habitude qu’on émette des commentaires
sur ses remèdes, mais à la place d’Ayla n’aurait-elle pas fait de même ?
Ayla ne la critiquait pas, elle mettait simplement ses propres connaissances à
l’épreuve. La doniate sourit, certaine de savoir ce qu’Ayla était en train de
faire, parce qu’elle l’aurait fait elle-même. Elle utilisait son corps pour
vérifier l’efficacité de la médecine, elle guettait ses réactions, cherchait à
savoir combien il faudrait de temps au remède pour agir et quel effet il
aurait. Comme Zelandoni l’avait supposé, cela détachait son esprit de sa peur
et l’aidait à se détendre.
Elles attendaient toutes, parlant à voix basse. L’épreuve semblait
se dérouler un peu mieux. La Première ignorait si c’était à cause du remède ou
d’un allégement des craintes d’Ayla – probablement les deux – mais
la future mère ne s’agitait plus. Ayla se concentrait au contraire sur ce qu’elle
éprouvait, comparait mentalement cette naissance avec la précédente et
concluait que celle-ci semblait plus facile. Elle suivait la progression qu’elle
avait observée chez d’autres femmes ayant un accouchement normal. Elle avait
assisté à celui de Proleva et elle sourit en la voyant allaiter sa petite
fille.
— Marthona, tu sais où est sa couverture d’enfantement ?
questionna Zelandoni. Je crois que ce ne sera plus long.
— Déjà ? fit Proleva, reposant son bébé. Je ne pensais
pas que cela irait si vite, d’autant qu’Ayla avait beaucoup de difficultés au
début.
— Elle se maîtrise bien, maintenant, dit Marthona. Je vais
chercher la couverture. Elle est toujours à l’endroit que tu m’as montré,
Ayla ?
— Oui, haleta la jeune femme, qui sentait venir une autre
contraction.
Ensuite, Zelandoni demanda à Proleva et à Folara d’étendre sur
le sol la couverture de cuir, ornée de dessins et de symboles, puis adressa un
signe à Marthona.
— Il faut l’aider, maintenant. Ayla, tu dois te lever et
laisser la Grande Terre Mère tirer pour aider le bébé à sortir. Tu
pourras ?
— Oui, répondit Ayla, pantelante. Je crois.
Elle avait poussé fort à
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