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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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un peu plus
contre lui et, à son grand étonnement, sentit monter en lui une bouffée
soudaine et totalement inattendue d’amour protecteur. Jonayla, pensa-t-il. Ma
fille, Jonayla.
    Le lendemain, Zelandoni passa voir Ayla. Elle avait surveillé l’habitation
et guetté les allées et venues pour s’assurer que la jeune femme serait seule.
Installée par terre sur un coussin, Ayla donnait le sein à sa fille. La doniate
s’assit à côté d’elle et s’enquit :
    — Comment va Jonayla ?
    — Très bien. C’est un bébé sage. Elle m’a réveillée la nuit
dernière mais elle dort presque tout le temps.
    — Je voulais te dire qu’elle sera acceptée après-demain
comme Zelandonii née au foyer de Jondalar et que la Caverne sera informée de
son nom.
    — Tout sera alors en ordre.
    — Es-tu au courant pour Relona ? La compagne de
Shevonar, le chasseur piétiné par un bison peu après ton arrivée ? fit la
Première d’un ton anodin.
    — Non.
    — Elle et Ranokol, le frère de Shevonar, s’uniront l’été
prochain. Il lui venait en aide pour compenser la perte de son compagnon et ils
ont fini par s’éprendre l’un de l’autre. Je crois que cela fera un bon couple.
    — J’en suis heureuse. Ranokol était bouleversé par la mort
de Shevonar, il s’en tenait presque pour responsable.
    Il y eut un silence et Ayla se demanda si la doniate n’était pas
venue pour une raison qu’elle n’avait pas encore révélée.
    — Je voulais aussi te voir pour autre chose, avoua
Zelandoni. J’aimerais en savoir plus sur ton fils. Je comprends pourquoi tu n’as
pas mentionné son existence, en particulier après les problèmes soulevés par l’union
d’Echozar. Si tu acceptes de parler de lui, il y a certaines choses sur
lesquelles tu pourrais m’éclairer.
    — Cela ne me dérange pas. En fait, j’ai parfois besoin de
parler de lui.
    Ayla évoqua longuement devant la doniate le fils qu’elle avait
quand elle vivait avec le Clan, commença par les nausées qui avaient duré
pendant presque toute sa grossesse et l’accouchement qui lui avait arraché des
hurlements de douleur. Elle avait déjà oublié ce qu’elle avait éprouvé de
désagréable en donnant naissance à Jonayla, mais elle se rappelait encore les
souffrances du premier accouchement. Elle expliqua qu’aux yeux du Clan l’enfant
était difforme, qu’elle s’était réfugiée dans une grotte pour lui sauver la vie
et qu’elle avait fini par revenir tout en craignant encore de le perdre. Elle
raconta sa joie quand il avait été accepté et que Creb avait choisi son nom,
Durc, d’après une légende du Clan. Elle décrivit leur existence, son bonheur en
découvrant que son fils pouvait rire et émettre des sons comme elle, le langage
qu’ils avaient inventé rien que pour eux. Enfin, elle parla du jour où elle
avait dû laisser Durc à sa sœur, quand le Clan l’avait forcée à partir. Au
terme de son récit, elle avait la voix étranglée par l’émotion.
    — Zelandoni, dit-elle en levant vers la doniate des yeux
pleins de larmes, une idée m’est venue quand je me cachais avec lui dans la
grotte, et plus j’y réfléchis, plus je la croîs vraie. Je pense que ce n’est pas
le mélange d’esprits qui fait naître une vie nouvelle. La vie commence quand un
homme et une femme s’accouplent. Ce sont les hommes qui font germer la vie à l’intérieur
des femmes.
    L’hypothèse avancée par la jeune femme était sidérante, d’autant
que personne n’avait jamais tenu de tels propos devant la Première, mais cela n’était
pas totalement nouveau, bien que l’unique personne qui eût envisagé aussi cette
possibilité ne fût autre qu’elle-même.
    — J’y ai longuement pensé depuis lors, poursuivit Ayla, et
je suis maintenant plus convaincue encore que la vie commence lorsqu’un homme
introduit son membre à l’intérieur d’une femme, là où naissent les bébés, et y
laisse son essence. C’est cela qui fait germer la vie, pas le mélange des
esprits.
    — Tu veux dire quand ils partagent le Don des Plaisirs de
la Grande Terre Mère ?
    — Oui.
    — Laisse-moi te poser quelques questions. Un homme et une
femme partagent souvent le Don des Plaisirs. Or il ne naît pas autant d’enfants
que de fois où ils le font. Si la vie germait chaque fois qu’ils partagent les
Plaisirs, il y aurait beaucoup plus d’enfants, argua Zelandoni.
    — J’y ai songé. Il est évident qu’une nouvelle vie

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