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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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aurait été intéressant de voir quelle couleur auraient
eue mes enfants si je m’étais unie à Ranec.
    — C’est à lui que tu devais t’unir ?
    — Il avait des yeux rieurs, dit Ayla en souriant. Il était
intelligent, drôle, il me faisait rire, et c’était le meilleur graveur que j’aie
jamais vu. Il avait sculpté une donii spéciale pour moi et gravé un dessin de
Whinney. Il m’aimait. Il disait qu’il désirait vivre avec moi plus qu’il n’avait
jamais désiré quoi que ce soit. Il ne ressemblait à personne, il était
différent. Même ses traits étaient différents. Il me fascinait. Si je n’avais
pas aimé Jondalar, j’aurais pu aimer Ranec.
    — S’il était tout cela, je ne te le reproche pas, répondit
Zelandoni en lui rendant son sourire. Certaines rumeurs font état d’êtres à la
peau sombre qui vivraient dans une Caverne au sud, au-delà des montagnes de la
côte de la Grande Mer. Un jeune homme et sa mère, dit-on. Je n’y ai jamais cru,
on ne sait jamais quelle est la part de vérité dans ces histoires, et cela
semblait tellement incroyable... Maintenant, je m’interroge.
    — Ranec ressemble à Wymez, malgré leur couleur et leurs
traits différents. Ils ont la même taille, le même corps, et ils marchent
exactement de la même façon.
    — Pas besoin d’aller si loin pour trouver des
ressemblances, dit Zelandoni. Beaucoup d’enfants ressemblent au compagnon de
leur mère, mais il y en a qui ressemblent à d’autres hommes de la Caverne, dont
certains connaissent à peine la mère.
    — Cela aurait pu se passer pendant une fête ou une
cérémonie pour honorer Doni. Je crois savoir qu’à cette occasion de nombreuses
femmes partagent les Plaisirs avec des hommes qui ne sont pas leur compagnon.
    La Première réfléchit en silence.
    — Ayla, ton idée mérite examen et considération. Je ne sais
si tu en saisis les implications. Si elle est juste, elle causera des
changements que ni toi ni moi ne pouvons imaginer. Une révélation aussi
fracassante ne peut venir que de la Zelandonia. Personne ne l’acceptera à moins
qu’elle ne vienne de quelqu’un par qui parle la Grande Terre Mère. Avec qui en
as-tu déjà discuté ?
    — Uniquement avec Jondalar. Et toi, maintenant.
    — Je suggère que tu n’en dises rien à personne d’autre pour
le moment. Je parlerai à Jondalar, je lui ferai comprendre la nécessité de
garder le secret.
    Elles se turent, s’abîmèrent un moment dans leurs pensées.
    — Zelandoni, t’es-tu jamais demandé ce que tu ressentirais
si tu étais un homme ?
    — C’est une étrange question.
    — Je songeais à ce que Jondalar m’a répondu un jour que je
voulais aller chasser, pendant la Réunion d’Été. Il n’était pas d’accord. Je
sais que c’était en partie parce qu’il projetait de revenir ici pour construire
notre habitation, mais il y avait autre chose. Il a parlé de la nécessité d’avoir
un but dans la vie. « A quoi sert un homme si les femmes peuvent aussi
subvenir aux besoins de leurs enfants ? » C’est ainsi qu’il l’a
formulé. Je n’avais jamais pensé à cela. Quel effet cela me ferait-il de savoir
que ma vie n’a pas de sens ?
    — Tu peux même porter l’interrogation plus loin, Ayla. Tu
sais que ton rôle est en partie de faire naître la génération suivante, mais à
quoi sert-il d’avoir une autre génération ? Quel est le sens de la
vie ?
    — Je ne sais pas. Quel est le sens de la vie ?
    Zelandoni s’esclaffa.
    — Si je pouvais répondre à cette question, je serais l’égale
de la Grande Terre Mère. Elle seule connaît la réponse. Beaucoup pensent que
nous sommes sur terre pour L’honorer. Peut-être sommes-nous là seulement pour
vivre et prendre soin de la génération suivante afin qu’elle puisse vivre à son
tour. C’est peut-être la meilleure façon d’honorer Doni. Le Chant de la Mère dit qu’Elle nous a créés parce qu’Elle se sentait seule, qu’Elle voulait qu’on
La reconnaisse et qu’on se souvienne d’Elle. D’autres affirment que la vie n’a
pas de sens. Je doute qu’on puisse répondre à cette question dans ce monde. Je
ne suis même pas sûre qu’on puisse y répondre dans le Monde d’Après.
    — Au moins, les femmes savent que, sans elles, il n’y
aurait pas de génération suivante. Mais comment vivre quand on sait que l’on ne
sert même pas à cela ? Comment supporter l’idée que la vie se poursuivrait
de la même

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