Les refuges de pierre
vêtements de rechange.
Comme Marthona l’observait, elle soupira :
— C’est tout ce que j’ai pour ce soir. J’espère que ça ira.
Je ne possède pas grand-chose. Roshario m’avait donné une magnifique tenue
décorée dans le style des Sharamudoï et taillée dans le cuir merveilleux qu’ils
font, mais je l’ai offerte à Madenia, la jeune fille Losadunaï forcée par ces
jeunes hommes.
— C’était gentil de ta part.
— Il fallait alléger mes sacs, de toute façon, et Madenia
semblait contente. Mais maintenant, j’aimerais bien avoir quelque chose comme
ça à porter. Ce serait agréable de mettre pour la fête une tunique un peu moins
usée. Une fois que nous serons installés, je fabriquerai des vêtements. (Elle
sourit à la mère de Jondalar, regarda autour d’elle.) J’ai du mal à croire que
nous sommes enfin arrivés.
— Moi aussi, j’ai du mal à le croire... J’aimerais t’aider
à coudre quelques vêtements, si tu n’y vois pas d’objection.
— Aucune. J’en serais ravie, au contraire. Tout ce que tu as
ici est si beau, Marthona, et je ne sais pas encore ce qu’une femme Zelandonii doit
porter.
— Je peux t’aider, moi aussi ? proposa Folara. Les
idées de mère sur les vêtements ne correspondent pas toujours à ce qu’aiment
les jeunes.
— Je serais heureuse que vous m’aidiez toutes les deux,
mais pour le moment cette tunique devra faire l’affaire, dit Ayla en montrant
le vêtement usé.
Marthona hocha la tête pour elle-même, comme si elle venait de
prendre une décision.
— J’ai quelque chose à te donner, Ayla. C’est dans ma pièce
à dormir.
La jeune femme suivit la mère de son compagnon, qui ouvrit une
boîte de bois et déclara :
— Je le gardais pour toi depuis longtemps.
— Mais tu viens juste de me rencontrer !
— Pour la femme que Jondalar choisirait un jour comme compagne.
Il appartenait à la mère de Dalanar.
Muette d’étonnement, Ayla avança une main hésitante vers le
collier que Marthona lui tendait. Il était fait de coquillages assortis, de
dents de cerf et de têtes de biches sculptées dans l’ivoire. Une pierre jaunâtre
d’un éclat profond pendait en son centre.
— C’est magnifique, murmura Ayla.
Elle se sentait attirée par le pendentif, qu’elle examina avec
soin. Il était brillant, poli d’avoir été porté et touché.
— C’est de l’ambre, n’est-ce pas ?
— Oui. Cette pierre appartenait déjà à la famille depuis
des générations quand la mère de Dalanar a décidé d’en faire un pendentif. Elle
me l’a offert à la naissance de Jondalar et m’a demandé de le remettre à la
femme qu’il choisirait.
— L’ambre n’est pas froid comme d’autres pierres, fit
remarquer Ayla en prenant le bijou dans sa main. On a l’impression qu’il est
chaud, animé d’un esprit.
— C’est curieux que tu penses cela. Ma mère disait toujours
que ce pendentif était vivant. Essaie-le, qu’on voie comment il te va.
Marthona guida Ayla vers le mur de calcaire de sa pièce à
dormir. On y avait creusé un trou et enfoncé la base cylindrique de bois de
mégacéros, un peu avant l’endroit où ils se ramifient et s’aplatissent. On
avait coupé les andouillers pour obtenir une sorte de plateau inégal, au bord
concave. Dessus, appuyée sur le mur légèrement incliné, mais presque
perpendiculaire au sol, il y avait une petite planche de bois à la surface très
lisse.
En s’approchant, Ayla s’aperçut qu’elle reflétait avec une
netteté étonnante les paniers et les récipients de la pièce, la flamme qui
brûlait dans une lampe. Puis elle se figea, stupéfaite.
— Je me vois ! s’écria-t-elle.
Elle tendit le bras pour toucher la planche. Le bois avait été
poli avec du grès, teint en noir avec des oxydes de manganèse, astiqué avec de
la graisse.
— Tu ne t’es jamais vue dans un réflecteur ? demanda
Folara. Elle se tenait près du panneau de l’entrée, curieuse de savoir ce que
sa mère voulait donner à Ayla.
— Pas comme ça. Je me suis regardée dans l’eau calme d’un
étang, un jour de grand soleil. Mais là, dans une pièce à dormir !
— Les Mamutoï n’ont pas de réflecteurs ? Pour examiner
leur tenue avant une cérémonie importante ? Comment savent-ils si tout est
en ordre ?
Ayla réfléchit, le front plissé.
— Ils se regardent l’un l’autre. Nezzie inspectait toujours
Talut avant une cérémonie, et quand
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