Les refuges de pierre
mais n’éprouvait plus le même sentiment
grisant de liberté qu’à l’aller. Elle aimait bien tous ceux dont elle avait
fait la connaissance jusqu’alors, mais elle appréhendait la grande fête du
soir, où elle rencontrerait le reste de la Neuvième Caverne des Zelandonii. Elle
n’avait pas l’habitude de côtoyer autant de gens en même temps.
Ils laissèrent Whinney et Rapide dans le pré et trouvèrent l’endroit
où poussait la saponaire, que Jondalar dut montrer à Ayla : c’était une
espèce qu’elle ne connaissait pas. Elle l’examina, nota les similitudes et les
différences afin d’être sûre de l’identifier à l’avenir. Puis Ayla prit sa
pochette de fleurs de ceanothus séchées.
Loup sauta dans la Rivière avec eux mais ne resta pas longtemps
après qu’ils eurent cessé de lui prêter attention. Ils nagèrent longuement pour
se débarrasser de la poussière et de la crasse du voyage puis, à l’aide d’une
pierre ronde, ils écrasèrent la racine de la plante sur un rocher plat dans un
peu d’eau pour libérer la mousse de la saponine. Ils s’en frottèrent
mutuellement le corps, plongèrent pour se rincer. Ayla donna du ceanothus à
Jondalar, en appliqua sur sa propre chevelure mouillée. Les fleurs moussaient
peu mais dégageaient une odeur suave et fraîche. Après s’être de nouveau
rincée, la jeune femme fut prête à sortir de l’eau.
Ils se séchèrent avec les peaux de chamois, les étendirent sur
le sol et s’assirent dessus, au soleil. Ayla prit un peigne à quatre longues
dents sculptées dans de l’ivoire de mammouth, cadeau de son amie mamutoï
Deegie, mais quand elle entreprit de le passer dans ses cheveux, Jondalar l’arrêta.
— Laisse-moi le faire pour toi, dit-il en saisissant l’objet.
Il aimait peigner la chevelure de sa compagne quand elle venait
de la laver, prenait plaisir à sentir l’épaisse masse de cheveux humides sécher
en mèches souples. De son côté, Ayla se faisait dorloter.
— J’aime bien ta mère et ta sœur, dit-elle, assise le dos
tourné à Jondalar. Et Willamar.
— Ils t’aiment bien, eux aussi.
— Joharran me donne l’impression d’être un bon guide. Tu
sais que ton frère et toi plissez le front de la même façon ? Je ne peux
que l’aimer, il me paraît familier.
— Il a été séduit par ton magnifique sourire. Comme moi.
Ayla garda un moment le silence puis révéla le tour qu’avaient pris ses pensées
par cette remarque :
— Tu ne m’avais pas dit qu’il y avait tant de gens dans ta
Caverne. On se croirait à un Rassemblement du Clan. Et, apparemment, tu les
connais tous. Je crois que je n’y arriverai jamais.
— Ne t’inquiète pas, tu réussiras, assura-t-il en s’attaquant
à un nœud particulièrement résistant. Oh ! pardon, j’ai tiré trop
fort ?
— Non, ça va. Je suis heureuse d’avoir enfin rencontré ta
Zelandoni. Elle connaît les remèdes, ce sera bien d’avoir quelqu’un avec qui en
discuter.
— C’est une femme d’un grand pouvoir.
— Cela se voit. Depuis combien de temps est-elle
Zelandoni ?
— Laisse-moi réfléchir... Elle l’est devenue peu après que
je suis parti vivre chez Dalanar, je crois. A l’époque, elle était encore
Zolena pour moi. Belle. Voluptueuse. Elle n’a jamais été mince mais elle
ressemble de plus en plus à la Grande Mère. Je crois qu’elle t’aime bien.
Jondalar cessa de peigner Ayla, s’esclaffa.
— Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?
— Je la revois quand tu lui expliquais comment tu m’as
trouvé, l’histoire de Bébé et tout le reste. Chaque fois que tu répondais à une
question, elle en avait trois autres à te poser. Tu ne faisais qu’aiguiser sa
curiosité. Tu produis cet effet tout le temps ; tu es un mystère, même
pour moi. Tu sais que tu es remarquable, femme ?
En se retournant, Ayla vit qu’il la contemplait avec des yeux
pleins d’amour.
— Donne-moi un peu de temps et je te montrerai que tu peux
être remarquable, toi aussi, répondit-elle tandis qu’un sourire sensuel étirait
paresseusement ses lèvres.
Il se pencha pour l’embrasser mais un rire les fit sursauter.
— Oh ! nous vous dérangeons ? dit une voix.
C’était la jolie blonde aux yeux gris foncé qui avait écouté
Folara parler à ses amies des voyageurs récemment arrivés. Deux autres femmes l’accompagnaient.
Jondalar fronça légèrement les sourcils.
— Marona ! Non, tu ne nous déranges pas.
Weitere Kostenlose Bücher