Les refuges de pierre
Je suis
surpris de te voir, c’est tout.
— Pourquoi ? Tu pensais que moi aussi j’étais partie
pour un Voyage imprévu ?
Gêné, il jeta un coup d’œil à Ayla, qui regardait les femmes.
— Non. Bien sûr que non. Je suis simplement étonné.
— Nous nous promenions quand nous vous avons aperçus par
hasard, et je n’ai pas pu résister à la tentation de te mettre un peu mal à l’aise.
Après tout, nous étions promis l’un à l’autre.
Ils n’avaient pas été officiellement promis mais Jondalar ne
discuta pas. Il lui avait sans aucun doute donné l’impression qu’ils l’étaient.
— J’ignorais que tu vivais encore ici. Je pensais que tu t’étais
unie à quelqu’un d’une autre Caverne.
— Je l’ai été. Ça n’a pas duré, je suis revenue, répondit
Marona, détaillant le corps nu et bronzé de Jondalar. Tu n’as pas beaucoup
changé en cinq ans. A part quelques vilaines cicatrices... Mais nous ne sommes
pas venues pour parler de toi. Nous sommes ici pour faire la connaissance de
ton amie.
— Elle sera présentée à tout le monde ce soir.
— C’est ce que j’ai entendu dire, mais nous ne voulons pas
d’une présentation rituelle. Nous souhaitons la saluer et lui souhaiter la
bienvenue.
Ne pouvant guère refuser, il s’exécuta.
— Ayla, du Camp du Lion des Mamutoï, voici Marona, de la
Neuvième Caverne des Zelandonii, et ses amies... Portula ? De la Cinquième
Caverne ? C’est bien toi ?
La femme sourit, rougit de plaisir qu’il se souvînt d’elle.
— Oui, je suis Portula, mais de la Troisième Caverne,
maintenant.
Elle se souvenait fort bien de lui, il avait été choisi pour ses
Premiers Rites. Lui-même se rappelait qu’elle avait ensuite fait partie des
jeunes filles qui le suivaient partout et essayaient d’être seules avec lui,
bien que cela leur fût interdit pendant un an au moins après les Premiers
Rites. L’obstination de Portula avait un peu gâché son souvenir d’une cérémonie
qui, d’une manière générale, lui laissait un sentiment de tendresse envers la
jeune fille.
— Je ne pense pas connaître ton autre amie, Marona, dit
Jondalar en regardant la troisième femme, qui semblait un peu plus jeune.
— Je suis Lorava, la sœur de Portula.
— J’ai fait leur connaissance quand je me suis unie à un
homme de la Cinquième Caverne, expliqua Marona. Elles me rendent visite. Je te
salue, Ayla des Mamutoï.
Ayla se leva pour rendre les salutations. En d’autres
circonstances, cela ne l’eût pas gênée, mais elle se sentit un peu déconcertée
de saluer des inconnues sans porter le moindre vêtement sur elle. Elle s’enveloppa
dans sa peau de chamois, la noua autour de sa taille et passa son sac à
amulettes autour de son cou.
— Je te salue, Marrrona de la Neuvième Caverrrne des Zelandonii,
répondit-elle, son accent guttural et la façon dont elle roulait les r la
désignant aussitôt comme étrangère. Je te salue, Porrrtula de la Cinquième
Caverrrne, et je salue Lorrrava, sa sœur.
La plus jeune du trio gloussa sottement devant la façon de
parler d’Ayla, tenta de cacher son rire derrière sa main, et Jondalar crut voir
une trace de dédain sur le visage de Marona.
— Je voulais faire plus que te saluer, dit-elle à Ayla. Je
ne sais si Jondalar t’en a parlé mais, comme je viens de le mentionner, nous
étions promis avant qu’il ne décide subitement d’entreprendre son grand Voyage.
Tu t’en doutes, je n’étais pas ravie.
Jondalar cherchait quelque chose pour prévenir la déclaration d’inimitié
que Marona s’apprêtait à lancer, il en était convaincu, mais elle le dérouta en
poursuivant :
— C’est le passé. Pour être franche, je n’avais pas pensé à
lui depuis des années quand vous êtes arrivés aujourd’hui. Il se peut cependant
que d’autres n’aient pas oublié et que certains aient envie de cancaner. Je
veux leur donner un autre sujet de conversation, leur montrer que je suis
capable de t’accueillir comme il se doit.
D’un geste, elle désigna ses amies et poursuivit :
— Nous allions chez moi nous préparer pour ta fête de
bienvenue ; tu aimerais peut-être nous accompagner. Ma cousine Wylopa est
déjà là-bas. Tu te souviens de Wylopa, Jondalar ? Cela te permettrait de
faire la connaissance de quelques femmes avant les présentations rituelles de
ce soir.
Ayla perçut une certaine tension, en particulier entre Jondalar
et Marona, mais, compte
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