Les refuges de pierre
faisant saillie vers le bas.
Bien que profondément enfoncée dans la falaise à une extrémité, elle semblait
sur le point de tomber et constituait un point de repère incongru, un élément
saisissant qui s’ajoutait à l’extraordinaire abri de pierre de la Neuvième
Caverne. Ayla l’avait découverte à son arrivée, et, parcourue d’un frisson,
avait eu la certitude de l’avoir déjà vue.
— Cette pierre a un nom ? demanda-t-elle en tendant le
bras.
— On l’appelle la Pierre qui Tombe.
— Ce nom lui convient parfaitement. Et ta mère n’a-t-elle
pas mentionné le nom de ces rivières ?
— La rivière principale n’en a pas vraiment, répondit
Jondalar. Tout le monde l’appelle simplement la Rivière. Beaucoup pensent que c’est
la plus importante de la région, même si ce n’est pas la plus grande. Elle se
jette dans une autre rivière bien plus large, au sud d’ici – celle-là,
nous l’appelons la Grande Rivière –, mais, comme beaucoup de Cavernes des Zelandonii
vivent près de celle-ci, chacun sait que c’est d’elle qu’on parle quand on dit « la
Rivière ». Ce petit affluent, là-bas, s’appelle la Rivière des Bois.
Beaucoup d’arbres poussent sur ses berges, et il y a plus de bois autour que
dans la plupart des vallées. On n’y chasse pas beaucoup, ajouta-t-il.
D’un hochement de tête, Ayla signifia qu’elle comprenait
pourquoi.
La vallée de l’affluent, flanquée à droite par la falaise
calcaire, à gauche par des collines escarpées, ne ressemblait pas aux vallées
herbeuses de la rivière principale et des affluents proches. Elle était
couverte d’arbres et d’une végétation dense, surtout en aval.
A la différence des zones découvertes, la vallée boisée n’était
pas prisée par les chasseurs. La chasse était plus difficile dans les bois. Les
animaux utilisaient les arbres et les broussailles pour se cacher, et ceux qui
migraient en vastes troupeaux préféraient les vallées offrant de grandes
étendues d’herbe. D’un autre côté, la vallée fournissait du bois pour bâtir des
abris, fabriquer des instruments et faire du feu. On y cueillait aussi des
fruits et des noix, on y trouvait plusieurs plantes destinées à l’alimentation
et à d’autres usages, on y capturait de petits animaux à l’aide de filets ou de
pièges. Dans une région relativement peu boisée, personne ne sous-estimait l’importance
de la Vallée de la Rivière des Bois.
A l’extrémité nord-est de la terrasse de la Neuvième Caverne,
qui offrait elle aussi une vue dégagée sur les vallées des deux rivières, Ayla
distingua les traces d’un grand feu. Elle ne les avait pas remarquées quand
elle se trouvait là-bas, trop absorbée qu’elle était à suivre le sentier menant
à la prairie des chevaux.
— Pourquoi allumer un feu aussi grand au bord de la
terrasse ? Cela ne peut pas être pour se chauffer. Est-ce pour cuire la
nourriture ?
— C’est un signal, répondit-il.
Voyant l’expression perplexe de sa compagne, il précisa :
— Un grand feu à cet endroit se voit de loin. Nous envoyons
ainsi des messages aux autres Cavernes, qui les transmettent à leur tour par le
même moyen.
— Quel genre de messages ?
— Oh, des messages de toutes sortes. Par exemple pour
prévenir les chasseurs de l’arrivée des troupeaux. Ou pour annoncer un
rassemblement, ou une réunion quelconque.
— Mais comment les autres savent-ils ce que ce feu
signifie ?
— C’est convenu d’avance, en particulier à la saison de
migration des troupeaux, quand une chasse est prévue. Certains feux signifient
aussi que quelqu’un a besoin d’aide. Chaque fois que les autres voient un feu à
cet endroit, ils comprennent qu’il veut dire quelque chose ; s’ils ne
savent pas quoi, ils envoient un messager pour l’apprendre.
— C’est une idée très ingénieuse. Un peu comme les signes
et les signaux du Clan. Communiquer sans mots.
— Je n’avais pas vu les choses de cette façon mais tu as
raison. Pour le retour, il choisit une autre direction en gagnant la Vallée de
la Rivière par une piste qui montait et descendait, zigzaguait dans sa partie
la plus escarpée, près du sommet, puis tournait à droite à travers les
broussailles selon une pente moins raide. Elle aboutissait à la lisière de la
rive droite de la Rivière puis coupait à travers la Vallée de la Rivière des
Bois jusqu’au pré des chevaux.
Ayla se sentait détendue
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