Les refuges de pierre
remplissant le récipient.
— Tu ne la présentes pas à ta compagne ?
grogna-t-elle, adressant la question à Laramar mais regardant Ayla.
— Ayla, voici ma compagne, Tremeda, et celui qui se colle à
elle, c’est son plus jeune fils, dit Laramar. Réponse plus que sommaire et
quelque peu réticente, pensa Ayla.
— Tremeda, voici Ayla des... Mamutoï.
— Au nom de la Mère, je te salue, Tremeda... commença Ayla,
qui posa sa coupe pour avoir les deux mains libres.
— Bienvenue, Ayla, répondit Tremeda, qui n’abandonna même
pas sa coupe pour les salutations rituelles.
Deux autres enfants l’entouraient mais leurs vêtements étaient
si sales, si déchirés qu’il était difficile d’y repérer les petites différences
qui, Ayla l’avait observé, distinguaient les habits des filles de ceux des
garçons. Tremeda elle-même n’était pas plus soignée. Ayla la soupçonna d’avoir
un faible pour le breuvage de son compagnon. L’aîné des enfants – un
garçon, estima Ayla – la fixait d’un air renfrogné.
— Pourquoi elle parle drôlement comme ça ?
demanda-t-il en levant les yeux vers sa mère. Et pourquoi elle porte des
vêtements de garçon ?
— Je n’en sais rien. Pourquoi tu ne lui poses pas la question ?
dit Tremeda avant d’avaler le reste de sa coupe.
Ayla remarqua que Laramar semblait furieux, sur le point de
frapper le jeune garçon. Avant qu’il en ait eu le temps, elle répondit :
— Si je parle d’une façon différente, c’est parce que je
viens de loin et que j’ai grandi chez un peuple qui ne parle pas comme les Zelandonii.
Jondalar m’a appris à parler ta langue quand j’étais déjà adulte... Et ces
vêtements m’ont été offerts en cadeau aujourd’hui.
L’enfant parut surpris qu’elle lui eût répondu mais n’hésita pas
à poser une autre question :
— Pourquoi on t’a donné des vêtements de garçon ?
— Je ne sais pas. C’était peut-être une plaisanterie mais
ils me plaisent, ils sont très confortables. Tu ne trouves pas ?
— Sûrement. Je n’en ai jamais eu d’aussi bien.
— Alors, nous pourrons peut-être coudre les mêmes pour toi.
Je veux bien essayer, si tu m’aides. Le regard de l’enfant s’éclaira.
— C’est vrai ?
— Oui. Tu veux bien me dire ton nom ?
— Je suis Bologan.
Ayla tendit les deux mains. Bologan semblait stupéfait. Il ne s’attendait
pas à des salutations en règle et ne savait pas trop comment se comporter. Il n’avait
jamais entendu sa mère ni l’homme de son foyer débiter leurs noms et liens
devant quelqu’un. Ayla tendit les bras, prit les deux mains sales de l’enfant
dans les siennes.
— Je suis Ayla des Mamutoï, membre du Camp du Lion,
commença-t-elle avant de décliner tous ses liens. Comme Bologan ne répondait
pas, elle le fit pour lui :
— Au nom de Mut, la Grande Terre Mère, connue aussi sous le
nom de Doni, je te salue, Bologan de la Neuvième Caverne des Zelandonii ; fils
de Tremeda, Élue de Doni, compagne de Laramar, Fabricant d’un Excellent Barma.
L’étrangère avait parlé comme s’il avait vraiment des noms et
des liens dont il pouvait être fier, comme tout le monde. Il regarda sa mère et
son compagnon, qui souriaient et semblaient contents de la façon dont on les
avait désignés.
Ayla remarqua que Marthona et Salova les avaient rejoints.
— J’aimerais goûter à cet excellent barma, demanda la
compagne de Rushamar. Laramar s’empressa de la satisfaire.
— Moi aussi, dit Charezal, se hâtant de formuler sa requête
avant les autres Zelandonii qui se pressaient maintenant autour de Laramar en
tendant leur coupe.
Ayla remarqua que Tremeda réussissait à se faire de nouveau
servir avant de s’éloigner, suivie par ses enfants. Bologan tourna la tête,
Ayla lui sourit et fut heureuse de le voir sourire en retour.
— Je crois que tu t’es fait un ami de ce jeune garçon, lui
dit Marthona.
— Un jeune garçon plutôt batailleur, ajouta Salova. Tu as
vraiment l’intention de lui coudre un vêtement d’hiver ?
— Pourquoi pas ? Je voudrais apprendre comment on
fait. J’aurai peut-être un fils un jour. Et je pourrai peut-être en faire un
autre pour moi.
— Un autre pour toi ? s’étonna Salova. Tu veux dire
que tu vas porter ça ?
— Avec quelques changements. Un haut moins serré, par
exemple. Tu n’as jamais essayé ? C’est très confortable. De plus, on me l’a
offert en cadeau de
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