Les refuges de pierre
Rivière des Bois voir les chevaux. J’ai rempli l’outre à un ruisseau. C’est
là que Jondalar m’a trouvée.
— Je fais apporter à manger pour tout le monde, dit
Proleva, qui se dirigea vers les habitations d’un pas vif.
Ayla regarda autour d’elle pour voir qui participait à la
réunion et croisa aussitôt les yeux de Willamar. Ils échangèrent un sourire. Il
était en train de parler à Marthona, Zelandoni et Jondalar. Joharran avait
tourné son attention vers Solaban et Rushemar, les deux hommes qui semblaient
être ses amis et ses conseillers. Ayla se rappela que Ramara, la femme accompagnée
d’un petit garçon qu’elle avait rencontrée en sortant de chez Marthona, était
la compagne de Solaban. Elle avait aussi fait la connaissance de la compagne de
Rushemar la veille et ferma les yeux pour se rappeler son nom... Salova, oui.
Le fait de rester assise avait mis fin à sa nausée.
Parmi toutes les autres personnes présentes, elle se souvenait
que l’homme aux cheveux gris était le chef d’une grotte voisine et s’appelait
Manvelar. Il s’adressait à un autre homme qu’elle ne pensait pas avoir
rencontré et qui lançait parfois vers le loup un regard chargé d’appréhension.
La femme grande et mince qui dégageait une impression d’autorité était elle
aussi chef d’une Caverne mais Ayla avait oublié son nom. L’homme assis à côté d’elle
portait un tatouage semblable à celui de Zelandoni, et Ayla devina que c’était
un Guide Spirituel.
Tous dans ce groupe étaient chefs, d’une manière ou d’une autre.
Dans le Clan, ils auraient été les membres de plus haut rang. Chez les Mamutoï,
l’équivalent du Conseil des Sœurs et Frères. Les Zelandonii n’avaient pas une
autorité double composée d’une sœur et d’un frère pour chaque Camp, comme les
Mamutoï. Chez eux, certains chefs étaient des hommes, d’autres des femmes.
Proleva revint du même pas rapide, mais les mains vides. Bien qu’elle
fût responsable de la nourriture du groupe – c’était à elle que
Zelandoni s’était adressée –, il n’entrait manifestement pas dans ses
attributions de l’apporter et de la servir. Elle reprit sa place à la réunion,
et elle paraissait se considérer comme une participante active : la
compagne d’un chef pouvait être un chef, elle aussi, semblait-il.
Dans le Clan, toutes les personnes participant à ce genre de
réunion auraient été des hommes. Il n’existait pas de femmes chefs, les femmes
n’avaient pas de rang propre. Excepté les guérisseuses, la position d’une femme
dépendait du rang de son compagnon. Comment les deux groupes allaient-ils
concilier ces coutumes différentes s’ils entraient un jour en contact ? se
demanda Ayla.
— Ramara et Lenoja nous préparent un repas, annonça Proleva
en adressant un signe de tête à Solaban et à Rushemar.
— Bien, fit Joharran, donnant apparemment le signal de la
reprise. Les bavardages cessèrent et tout le monde se tourna vers lui.
— Ayla a été présentée hier soir. Vous êtes-vous tous
présentés ?
— Je n’étais pas là hier soir, répondit l’homme qui parlait
l’instant d’avant au chef à tête grise.
— Alors, laisse-moi te présenter, dit Joharran.
Quand l’homme s’avança, Ayla se leva mais fit signe à Loup de
rester couché.
— Ayla, voici Brameval, Homme Qui Ordonne de Petite Vallée,
la Quatorzième Caverne des Zelandonii. Brameval, voici Ayla du Camp du Lion des
Mamutoï... (Joharran s’interrompit le temps de se remettre en mémoire le reste
des noms et liens de la jeune femme)... Fille du Foyer du Mammouth.
Cela suffit ainsi, pensa-t-il. Brameval déclina son nom et sa
fonction en tendant ses mains.
— Au nom de Doni, sois la bienvenue, dit-il. Ayla prit les
mains tendues.
— Au nom de Mut, Mère de toute chose, appelée aussi Doni,
je te salue, répondit-elle en souriant.
Il avait remarqué son accent la première fois qu’elle avait
parlé, et plus encore lorsqu’elle s’était adressée à lui, mais il lui rendit
son sourire et retint les mains de la jeune femme dans les siennes.
— Petite Vallée est un très bon endroit pour pêcher du
poisson, déclara-t-il. Les membres de la Quatorzième Caverne sont reconnus
comme les meilleurs pêcheurs ; nous fabriquons de très bons pièges à
poisson. Nous sommes voisins, il faut que tu nous rendes visite sans tarder.
— Merci, ce sera avec plaisir. J’aime le poisson,
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