Les refuges de pierre
plus souvent une grossesse.
— C’est merveilleux ! s’exclama la mère de Jondalar en
prenant Ayla dans ses bras. Si tu es déjà honorée par la Mère, cela portera
chance à ton union, c’est du moins ce qu’on dit.
Après s’être assise à la table de pierre, la jeune femme ouvrit
le paquet et entreprit de lisser les plis de la tunique et des jambières qu’elle
avait transportées du bout d’un continent à l’autre pendant les quatre saisons
de l’année écoulée. Marthona examina les vêtements et, sans se soucier des plis,
se rendit compte qu’ils étaient magnifiques. Ayla ferait à coup sûr sensation à
la Cérémonie d’Union.
D’abord le style de cette tenue était original. Chez les Zelandonii,
hommes et femmes, à quelques différences près liées au sexe, portaient
généralement des tuniques assez amples, avec une ceinture sur les hanches, et
décorées d’os, de coquillages, de plumes, de fourrures, de franges en cuir ou
en corde. Les vêtements des femmes, en particulier ceux qu’elles portaient dans
les grandes occasions, se terminaient souvent par des franges qui oscillaient
quand elles marchaient, et les jeunes filles apprenaient vite à faire en sorte
que ce balancement des franges accentue leurs mouvements. S’il n’était pas rare
de voir une femme nue, les franges étaient jugées très provocantes. Les femmes
n’avaient pas pour habitude de se promener sans vêtements, mais elles n’hésitaient
pas à les ôter pour les laver ou pour toute autre raison, dans leur communauté
où l’intimité était relativement restreinte. Une frange, en revanche, surtout
une frange rouge, donnait aux femmes une allure si aguichante que cela pouvait
pousser les hommes à des extrémités, voire à des violences, à cause des idées
que cela éveillait.
Lorsque les femmes jouaient le rôle de femmes-donii – c’est-à-dire
quand elles se rendaient disponibles pour apprendre aux jeunes gens le Don du
Plaisir –, elles portaient autour des hanches une longue frange rouge
signalant leur statut rituel. Par les chaudes journées d’été, elles ne
portaient pas grand-chose d’autre que cette frange.
Si les femmes-donii étaient protégées par la coutume et les
conventions des avances inopportunes et si, de toute façon, elles se risquaient
rarement en dehors de certains lieux, il était considéré comme dangereux pour
une femme de porter une frange rouge en toute autre circonstance. Qui pouvait
prédire à quoi cette frange inciterait un homme ? Les femmes arboraient
souvent des franges d’autres couleurs, mais toute frange avait une implication
érotique.
Dans les insinuations subtiles ou les plaisanteries grossières,
le mot « frange » avait d’ailleurs le sens de toison pubienne. Quand
un homme était fasciné par une femme au point de ne pouvoir rester loin d’elle,
on le disait « entiché de sa frange ».
Les femmes Zelandonii exhibaient d’autres ornements ou les
cousaient à leurs vêtements mais elles avaient un penchant pour les franges qui
se balançaient de manière sensuelle quand elles marchaient, que ce fût sur une
chaude tunique d’hiver ou sur un corps nu. Et si elles évitaient les franges
rouges, beaucoup d’entre elles choisissaient des couleurs qui contenaient une
forte trace de rouge.
La tunique mamutoï d’Ayla ne comportait pas de frange mais, de
toute évidence, sa fabrication avait demandé un immense travail. Le cuir, de la
meilleure qualité, était d’un jaune doré presque assorti à la chevelure de la
jeune femme, obtenu par un mélange subtil d’ocres jaunes, de rouges et d’autres
couleurs. La peau provenait sans doute d’un cerf ou peut-être d’une antilope
saïga, pensa Marthona, bien qu’elle n’eût pas l’aspect velouté habituel d’une
peau de daim bien grattée. Quoique très souple, le cuir avait un grain luisant,
une patine imperméable.
A la qualité du matériau de base s’ajoutaient des décorations
exquises qui faisaient de ce vêtement quelque chose d’exceptionnel. La longue
tunique se terminait à l’arrière par un triangle pointe en bas, et la partie
inférieure des jambières était couverte de dessins géométriques raffinés, à l’intérieur
parfois plein, obtenus pour la plupart avec des perles d’ivoire. Ils
commençaient par des triangles pointant vers le bas qui se transformaient
horizontalement en zigzags, et verticalement en losanges et en chevrons, puis
en figures complexes
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