Les reliques sacrées d'Hitler
G-2 croyaient que ces rivalités provenaient de la façon brouillonne de diriger dâHitler ; dâautres croyaient à une stratégie intentionnelle pour créer des factions dans les rangs, au bénéfice du propre pouvoir et du prestige du Führer. En tout cas, les dirigeants nazis comme Himmler, Göring et Goebbels avaient, chacun de son côté, organisé leur propre espace de pouvoir en sâattribuant toutes les ressources en matière de main-dâÅuvre, de financement et de biens dont ils pouvaient profiter au sein du tronc commun.
Le deuxième point soulevé par Rosenthal était directement lié au premier. Le III e Reich nâétant pas un Ãtat totalitaire unifié, mais une mosaïque de principautés bureaucratiques, les dirigeants du Reich étaient libres de créer leur propre miniempire ou leur fief. Câétait vrai pour lâamiral Karl Dönitz et ses équipages de U-boats, comme pour le maréchal de lâair Göring et ses pilotes de Messerschmitt. Les officiers de la marine de Dönitz disposaient de leurs propres plages privées avec bordels attenants pour récompenser les combattants qui avaient passé des mois dâaffilée en mer. Les pilotes de Göring jouissaient de privilèges similaires, et les officiers qui sâétaient distingués étaient reçus au Karinhall, le palais du maréchal de lâair, où leur hôte les accueillait parfois à la porte dans une tenue excentrique de chasseur médiéval. Tant que les dirigeants du Reich sâacquittaient avec succès de leurs responsabilités individuelles, Hitler ne se mêlait pas de leurs affaires. Il nâintervenait pas dans leur vie personnelle, à la différence dâEisenhower qui surveillait de près ses généraux.
Horn comprenait ce que voulait dire Rosenthal. Il préférait toutefois tempérer ses propos en y ajoutant sa vision dâérudit imprégné dâhistoire germanique. àentendre Rosenthal, le III e Reich fonctionnait de la même façon que lâancien Saint Empire romain germanique. De la même façon que les seigneurs médiévaux et autres électeurs de lâempire, les dirigeants nazis rivalisaient pour obtenir le contrôle de fiefs personnels au sein dâun plus grand royaume. Cette discorde féodale permettait à lâempereur dâaccroître son pouvoir. Le transfert de la couronne dâun empereur au suivant, ou translatio imperii , dépendait dâaccords véritablement épiques. Les candidats à la couronne devaient faire des concessions aux seigneurs de la guerre, au clergé, comme aux princes séculiers. Plus le candidat empereur réussissait à dresser un camp contre lâautre, plus il était susceptible de maintenir lâéquilibre fragile dont il avait besoin pour prendre le pouvoir.
Dans le saint Reich dâHitler, Himmler avait eu tout le loisir de créer sa propre sous-culture SS très spécialisée, tant que ses camps de la mort fonctionnaient sans problème et tant que lâinfanterie SS se distinguait sur le champ de bataille. Même si Göring et Dönitz nâétaient pas connus pour disposer dâune fraternité secrète de chevaliers Teutoniques opérant sous leur commandement, ni dâune armée de soi-disant érudits aryens installés dans leurs propres châteaux, cela ne signifiait pas quâil en allait de même pour Himmler, gardien des joyaux de la Couronne.
La Nuremberg dâHitler était effectivement lâendroit rêvé pour exposer un trésor digne dâun empereur. Et câétait précisément ce que Horn, fort de ce quâil avait appris la semaine précédente, trouvait profondément perturbant. Certes, il enquêtait sur la disparition de cinq reliques sacrées de la salle au trésor du III e Reich, mais il se retrouvait aussi en train de dénouer un complot nazi destiné à empêcher les symboles dâune monarchie universelle de tomber entre les mains des Alliés. Le général Patton avait-il eu vent de ce complot ?
Rosenthal avait justement quelque chose à dire à ce propos. Pendant que Horn était à Nuremberg en train dâinterroger les anciens employés du bunker, Rosenthal avait
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