Les reliques sacrées d'Hitler
rédigeait son sermon hebdomadaire. Personne sauf Elsbeth nâosait déranger leur père à ce moment-là .
« Tu venais de finir Mein Kampf , dit Elsbeth. Tu étais furieux parce quâaucun dâentre nous ne voulait écouter ce que tu avais à dire. »
Horn la remercia de sâen être souvenue. Câétait la seule manifestation de culpabilité et de regrets pour ce qui était arrivé dont il serait jamais témoin.
« Tu vas rester en Allemagne ? demanda-t-elle. Lâuniversité sâapprête à rouvrir. Ils cherchent désespérément des professeurs. Tu pourrais revenir habiter à la maison. »
Les imposantes salles de cours lambrissées de lâuniversité de Heidelberg le fascinaient toujours. Câétait son rêve dâenfance dây enseigner un jour, et le plus grand désir de son père.
« Je ne sais pas », dit-il, en sâefforçant de ne pas paraître trop évasif, de façon à ne pas offenser sa famille ni dénigrer ce qui avait jadis compté parmi les meilleurs établissements dâEurope.
En vérité, il avait décidé le matin même, pendant quâil était assis avec sa famille, quâil ne resterait pas en Allemagne une fois sa période de service terminé. Il nâaiderait pas son ami Felix Rosenthal dans son activité de libraire. Il ne deviendrait pas professeur à lâuniversité de Heidelberg. En dépit de la tirade dans laquelle il sâétait lancé dans le bureau de son père après avoir lu Mein Kampf et son insistance pour que la famille en discute le contenu, son père et ses frère et sÅur ne sâétaient pas donné la peine de lire le livre. Pas plus que ses camarades dâuniversité ou ses professeurs. Câest le livre non lu le plus populaire du pays. Il ne pouvait pas imaginer remettre les pieds dans une salle de cours allemande sans se rappeler ce fait, pas plus quâil ne pouvait regarder son frère dans les yeux très longtemps sans penser aux runes et aux tasses à thé dâHimmler.
Il avait un autre rêve à présent. Un rêve avec une petite maison surplombant le pont du Golden Gate et des étudiants dépourvus de toute amertume et de regrets, envisageant lâavenir avec confiance. LâAmérique quâil connaissait, le pays quâil avait appris à aimer, était comme une locomotive fumante prête à quitter la gare. Il voulait être à bord.
24
Le IV e Reich
9-14 août 1945
L es six jours suivants passèrent comme si la guerre nâavait jamais eu lieu. Horn partit en excursion avec son frère et sa sÅur jusquâaux anciennes ruines romaines, dormit une nuit sous la tente à son endroit de pêche favori, passa une délicieuse après-midi à faire les yeux doux à une jolie étudiante en art dans la bibliothèque de lâuniversité de Heidelberg, et accompagna sa mère pour fleurir la tombe de son père. Il aurait pu prolonger son séjour, mais il avait une liste imposante de choses à faire avant de pouvoir soumettre son rapport écrit à Mason Hammond. Il fallait interroger Josef Spacil et, si possible, le chef du RSHA, Ernst Kaltenbrunner. Il voulait également questionner les conseillers municipaux Schmeissner et Fries, ainsi que Julius Lincke, à condition de pouvoir le trouver. Apparemment, les renseignements alliés ne sâétaient pas vraiment mis à sa recherche.
Le 14 août, bien reposés et prêts à toute éventualité, Dollar et lui se levèrent de bonne heure, prirent leur petit déjeuner, puis partirent en direction du nord, vers Francfort. Une heure plus tard, dans le parking de lâUSFET, Horn remerciait Dollar pour son aide et son agréable compagnie pendant ces trois semaines et demie. Le pool de voitures de lâUSFET était célèbre pour jouer aux chaises musicales avec leurs jeeps et leurs chauffeurs. Horn et lui pourraient ne jamais se retrouver.
« Ã bientôt, professeur, dit Dollar. Peut-être à Berkeley.
â Rendez-vous pris, gamin, dit Horn. Mais ne compte pas sur moi pour effacer tes mauvaises notes. »
Dollar fit le salut militaire et dit quâil surveillerait la cantine vide de Horn et ses
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