Les reliques sacrées d'Hitler
quelquâun caché sous une couverture, puis il sâétait dirigé vers les trésors qui restaient encore dans la cantine.
Au lever du soleil, alors quâils se dirigeaient vers Heidelberg, ils traversèrent une campagne pleine de vergers, de prairies et de champs labourés parsemés de pittoresques villages en pierre et dâélégantes églises. Mathilde était assise bien droite à lâarrière, enveloppée dans la couverture, et elle serrait contre elle sa collection de bijoux â des babioles que le père de Horn lui avait achetées lors dâun voyage à Rotterdam, mais qui avaient pour elle une valeur sentimentale.
Pour entrer dans Heidelberg, ils empruntèrent une passerelle métallique de fortune au-dessus de la rivière Neckar. La ville avait traversé la guerre sans grands dommages. Seul le vieux pont de pierre, une merveille de la Renaissance, surmonté à une extrémité par un singe en bronze, avait sauté. Des troupes allemandes en fuite lâavaient démoli pour ralentir la véritable course à laquelle se livraient les armées alliées concurrentes pour atteindre Berlin. Ni centre industriel ni nÅud de transports, Heidelberg ne constituait pas un objectif militaire. Son université, la plus ancienne du pays, faisait la réputation de la ville, tout comme les étudiants qui, traversant le vieux pont pour se rendre à leurs examens, sâarrêtaient pour frotter le nez du singe réputé porter chance.
Horn regrettait la destruction du pont en raison de tous les souvenirs qui y étaient attachés. Câétait juste en amont, par un matin dâhiver glacial, quand la Neckar paraissait solidement gelée et quâil cherchait un raccourci pour aller à lâécole, quâil était passé à travers la glace et avait été emporté. Une jolie jeune fille, une Juive, qui se trouvait au pied du pont, avait vu ce qui était arrivé. Elle sâétait précipitée pour lui porter secours, avait troué la glace dâun coup de pied et lâavait sauvé de la mort. Horn se demanda ce quâétait devenu son bel ange, et aussi son violon, quâelle nâavait pas lâché pendant quâelle le tirait sur la rive et lâenveloppait de son manteau.
Les souvenirs se bousculaient pendant quâil approchait de sa modeste maison de famille en briques rouges sur la colline de lâautre côté du château de Heidelberg. Ce nâétait pas la maison dans laquelle il était né, ni la maison de sa petite enfance, située dans un minuscule village à quelques kilomètres en amont de la rivière. Il avait passé toutes ses années de lycée et dâuniversité à Heidelberg chez sa tante Clara et son oncle Rudolf. Câétait ici aussi, après que son père eut pris sa retraite du clergé, quâil avait retrouvé ses parents juste avant la mort de son père.
Personne nâétait encore réveillé quand ils sâarrêtèrent devant la maison. Comme câétait la tradition dans la famille, la porte dâentrée nâétait pas fermée à clé, en souvenir des années passées par son père à la paroisse, où leur maison était ouverte aux paroissiens qui pouvaient avoir besoin dâaide ou de réconfort.
Horn aida sa mère à porter ses affaires pendant que Dollar sâinstallait comme chez lui dans la cuisine avec une boîte de café et des petits gâteaux. Juste de quoi réconforter les voyageurs fatigués. Ils étaient assis autour de la table, et Dollar portait un toast à leur retour triomphal en territoire américain, quand Rudolf, le frère plus âgé de Walter, surgit devant eux, en peignoir, pas rasé.
Surpris et content de voir sa mère, Rudolf la salua avec affection, mais sa réaction en voyant son frère manquait singulièrement dâenthousiasme. Horn se rappelait lâavoir entendu dire : « Câest toi », moins comme une constatation que comme une question. « Je nâaurais jamais pensé te revoir en Allemagne. Et en uniforme, rien que ça. »
Horn lui sourit, essayant de ne pas gâcher le moment pour sa mère, qui était ravie de se retrouver en famille après plus dâune décennie de
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