Les reliques sacrées d'Hitler
surgit alors le soldat Dollar, avec des boîtes de conserve venant de la coopérative militaire et des bouteilles de schnaps plein les bras. Il se présenta comme étant lâautre moitié de lâéquipe de secours.
Friedl rectifia la cravate de Dollar qui était toujours de travers, puis lui dit, dans un mauvais anglais, de se redresser en présence dâune femme. Elle nâavait pas changé malgré la guerre.
Ils se rendirent ensuite à la salle à manger et discutèrent pendant près dâune heure avant que Horn ne leur révèle la raison de sa visite. « Vous seriez beaucoup mieux à Heidelberg, en zone américaine, où je pourrais veiller sur vous. »
Friedl et sa mère commencèrent toutes les deux par protester. Elles nâavaient pas souffert de lâoccupation, et, bien que les soldats stationnés à Iéna se soient livrés à des pillages et à des viols pendant tout un mois, et jusque dans la campagne, les conditions sâétaient améliorées et on pouvait penser que cela allait durer.
Mais Horn ne voulut pas leur cacher la triste réalité. « On ne sait pas ce que les Russes vont faire une fois les récoltes dâautomne engrangées, quand lâhiver sera arrivé et que leurs familles seront en train de mourir de faim chez eux. Après avoir pris la nourriture, ils abattront les arbres, puis ils prendront les meubles. »
Friedl ne voulut pas discuter. Elle ne partirait pas quoi quâil arrive. Elle ne risquait dâailleurs plus grand-chose après ce quâelle avait déjà subi. Horn comprit à son ton véhément quâelle ne souhaitait rien dire de plus. Sa maison et ses amis étaient tout ce qui comptait maintenant pour elle. Mathilde, elle, serait nettement mieux avec le reste de la famille.
Mathilde consentait à partir. Elle avait un fils et une autre fille à Heidelberg, en plus de Walter, dont la situation lui permettait de veiller sur eux en zone américaine. Le seul problème était de choisir ce quâelle allait emporter. « Ce nâest pas quâil me reste grand-chose à part des souvenirs des jours meilleurs », dit-elle, faisant une discrète allusion aux épreuves quâelle avait endurées.
Elle voulait emporter ses livres. Dollar chargea plusieurs volumes sous les sièges de la jeep, mais il était hors de question de prendre autre chose que quelques robes, sa collection dâaiguilles à tricoter, des bijoux et un album photo.
àminuit, ils étaient prêts à partir ; à cette heure-là , ils ne risqueraient pas de tomber sur un officier russe à la frontière. Horn se ravisa pourtant et demanda à Friedl une couverture pour recouvrir sa mère. Mathilde pourrait se recroqueviller derrière les sièges avant et, avec un peu de chance, les gardes ne remarqueraient même pas quâelle faisait partie du voyage. Et sâils la découvraient malgré tout, il était peu probable que le passage clandestin dâune vieille dame soit considéré comme une infraction justifiant lâintervention du haut commandement. Avec Friedl, il y aurait pu y avoir un problème, mais pas avec Mathilde seule.
Le trajet de retour jusquâà la frontière se déroula sans encombre. Mieux, la tension de lâaller était retombée : il nâétait pas certain alors de retrouver sa mère, ni quâelle serait en état de voyager. Mathilde était saine et sauve. Câétait le plus important.
Le lieutenant et Dollar retrouvèrent les mêmes gardes-frontières que précédemment. Cette fois, Horn ne prit même pas la peine de se livrer à une démonstration de camaraderie fraternelle entre soldats alliés. Il se dirigea aussitôt vers lâarrière de la jeep, ouvrit sa cantine et laissa les soldats prendre ce quâils voulaient, soit à peu près tout. Mathilde, cachée à lâarrière sous la couverture, dormait peut-être. Horn jura plus tard à Rosenthal quâil lâavait entendue ronfler, mais câétait probablement ses propres nerfs qui lui avaient joué un tour quand un des gardes avait promené sa lanterne à lâarrière de la jeep, et souri bêtement en découvrant ce qui était de toute évidence
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