Les reliques sacrées d'Hitler
difficiles à résoudre.
Le projet initial visant à rapatrier lâautel de Stoss à Cracovie en septembre 1945 fut retardé en raison de la détérioration des relations entre les Ãtats-Unis et lâUnion soviétique, et lâindignation américaine à propos de la manipulation par lâArmée rouge des élections en Pologne. Quand un train spécial avec vingt-cinq militaires américains à bord gardant lâautel de Stoss arriva enfin à Cracovie le 25 avril 1946, des membres du parti polonais Solidarité, militant pour lâindépendance et galvanisés par le symbole vénéré de lâancienne grandeur de la ville, se soulevèrent contre les autorités dâoccupation de lâArmée rouge. Un soldat soviétique fut tué et un GI américain mis en détention par lâArmée rouge. Grâce à lâaide dâun jeune prêtre de paroisse, Karol Wojtyla, le futur pape Jean Paul II, lâautel fut finalement réinstallé dans la basilique Sainte-Marie, où il est toujours aujourdâhui.
La décision de rapatrier les trésors du Saint Empire à Vienne fut retardée pour une raison totalement différente : trois puissantes factions revendiquaient sa propriété.
Un avocat, le docteur Hans Liemann, assisté par lâancien secrétaire de Liebel, Albert Dreykorn, représentant lâAllemagne, prétendait que les objets historiques appartenaient à la ville de Nuremberg en vertu de documents signés par lâempereur romain germanique Sigismond, qui avait accordé les symboles et les insignes royaux à la ville, où ils étaient conservés en vue des cérémonies du couronnement. Dâautres documents furent produits qui décrivaient la façon dont les trésors avaient été secrètement évacués au cours du printemps 1796 pour échapper à lâinvasion de lâarmée de Napoléon, et comment, en 1806, le baron von Hugel, lâenvoyé de lâempereur François II venu de Regensberg, les avait vendus illégalement aux Habsbourg, la famille impériale autrichienne.
Le chancelier Karl Renner déposa une réclamation pour le compte de lâAutriche disant que, dâaprès lâaccord de rapatriement précédemment ratifié par le gouvernement militaire allié, les joyaux de la Couronne appartenaient de droit au trésor de la Hofburg. La MFAA devait suivre les directives de restitution, selon lesquelles toute Åuvre dâart saisie en Autriche après le 13 mars 1938 serait restituée.
Le général Patton, en coulisse, se mêla brièvement à la controverse en affirmant que les joyaux de la Couronne appartenaient à lâarmée américaine. Il réfutait la position du chancelier Renner, arguant que les Autrichiens nâétaient pas de vrais alliés, comme la France ou lâAngleterre, et que, de ce fait, ils nâavaient aucun droit sur le butin nazi ou les réparations de guerre. Il ne se privait pas de faire remarquer que beaucoup dâofficiers supérieurs nazis, dont Hitler, étaient dâorigine autrichienne, que pratiquement tous les officiers supérieurs nazis avaient eu des maisons en Autriche avant et pendant la guerre, et que les Autrichiens nâavaient pas opposé de résistance à lâoccupation nazie, mais avaient accueilli favorablement lâannexion de leur pays. La mort brutale de Patton à Heidelberg en décembre 1945 mit un terme à son intervention dans lâaffaire.
Le commandant suprême Dwight Eisenhower signa lâordre de restitution des joyaux de la Couronne à lâAutriche le 28 décembre 1945. Une semaine plus tard, trente-deux caisses contenant lâentière collection du Saint Empire furent chargées à bord dâun Dakota et transportées de lâaéroport de Nuremberg-Fürth jusquâà Vienne. Là , deux jours plus tard, le général américain Mark Clark remettait sans plus de cérémonie les trésors aux officiels de la ville, qui les placèrent dans une chambre forte souterraine à la Banque nationale de Vienne. Aujourdâhui, ils sont exposés au Musée historique, là où Hitler les avait vus pour la première fois.
De nombreux enquêteurs reprirent la
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