Les reliques sacrées d'Hitler
de la taille de Nuremberg, où quelque sept mille vétérans de lâinfanterie allemande, dix mille travailleurs du Reich recrutés dâoffice, des membres des Jeunesses hitlériennes et des civils armés les attendaient derrière des remparts médiévaux. Rien nâétait plus terrifiant que la perspective de se battre dans des ruelles étrangères étroites, encaissées entre de hauts bâtiments.
La première incursion de la compagnie E à travers les faubourgs de Nuremberg sâétait déroulée sur un terrain familier et dans un but clair et louable : il sâagissait de libérer au moins un millier de soldats américains et britanniques enfermés dans un camp de prisonniers dâà peine deux kilomètres carrés, à quelque deux cents mètres de lâautre côté dâun terrain dégagé, en face du terrain de manÅuvre et du stade du parti nazi. Peterson et ses hommes, tapis dans des trous au sud des faubourgs, sâétaient joints à une attaque comprenant un millier dâhommes répartis sur cinq kilomètres dâun territoire de campagne mal défendu. Des chars de la 14 e  division blindée dégageaient le terrain, et les Thunderbirds montaient à lâassaut derrière eux.
La bataille avait commencé à 7 heures précises avec lâarrivée de deux Mustang P-51 qui balayèrent les positions de lâennemi avec des mitrailleuses de calibre 50. Ils lâchèrent leurs premières bombes sur les batteries antiaériennes allemandes. Derrière les avions, les obusiers et les mortiers de la 45 e se mettaient à gronder. Lâennemi répliquait. Des obus sifflaient en direction des Thunderbirds, creusant des cratères devant eux. La première chose que Peterson avait dite à ses hommes serait aussi la dernière :
« Tête haute, continuez à avancer et à tirer. »
La 2 e  section de la compagnie E avait subi les premiers tirs. Mais ces tirs étaient sporadiques. Les positions de lâennemi sur les miradors du camp étaient facilement repérables. Les mitrailleurs de la 4 e  section arrosèrent les tours avec des balles de gros calibre, infligeant à lâennemi ses premières victimes. Les bombardements de lâartillerie allemande plus lourde à lâextérieur du camp causèrent encore moins de problèmes. Ou bien lâartillerie défensive de Nuremberg avait décidé dâéconomiser ses munitions, ou bien elle ne voulait pas risquer la vie des civils allemands comme celle de lâinfanterie de la Wehrmacht stationnée dans lâenceinte du camp.
Les chars avaient aplati facilement les barbelés du camp. Derrière eux, les sections américaines sâétaient engouffrées lâune après lâautre dans les ouvertures et sâétaient déployées dans lâenceinte. Les tirs sâarrêtèrent aussi soudainement quâils avaient commencé dix minutes avant. Des officiers allemands brandissaient des drapeaux blancs depuis leurs baraquements, et les détenus derrière les barbelés poussaient des acclamations. Les hommes de Peterson â les bottes couvertes de boue, mais le moral en hausse â tirèrent une salve en lâair en signe de victoire. Les hommes devaient penser quâatteindre leur objectif au cÅur de la ville ne serait peut-être pas le combat meurtrier quâils avaient imaginé.
La compagnie E avait repris la route avec le reste de son régiment, laissant derrière elle des unités chargées de sâoccuper des nouveaux prisonniers et de mettre en sécurité les anciens détenus. En plus des prisonniers américains et britanniques, les soldats avaient trouvé cinq mille Russes qui avaient été capturés sur le front de lâEst, dont beaucoup souffraient du typhus. Ils sâétaient révélés moins faciles à contenir que les autres prisonniers et les libérateurs avaient évité de justesse une émeute lorsque les Russes, sâapercevant du changement de gardes, avaient commencé à envahir le camp.
Trois heures plus tard, la compagnie E avait quitté le camp des prisonniers et sâapprochait des cinq hectares des champs de manÅuvre nazis et du
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