Les reliques sacrées d'Hitler
lâoccupation américaine ait pu voler un trésor aussi précieux et difficile à revendre au marché noir que les joyaux de la Couronne. Il demanda à Rosenthal ce quâil savait du prétendu mouvement de résistance néonazi, et si ses agents secrets nâavaient pas pu sâemparer des joyaux de la Couronne.
Rosenthal avait lu les mêmes rapports des services de renseignements, mais il avait un avantage sur son collègue. En plus des interrogatoires quâils avaient menés à Freising pour le G-2, Rosenthal avait travaillé en sous-marin pour le CIC, traduisant des conversations entre des prisonniers allemands enregistrées à leur insu sur bandes magnétiques â une contribution des Allemands eux-mêmes à lâeffort de guerre, que le CIC avait retournée contre eux.
La plupart des officiers des renseignements étaient convaincus que les nazis avaient mis en Åuvre un programme de résistance active pendant la dernière année de la guerre. Martin Bormann avait échafaudé lâidée et le RSHA dâHimmler était passé à lâaction. Des résistants entraînés avaient été déployés dans toute lâAllemagne avec, comme consigne, de retarder lâoccupation alliée au moyen de sabotages, assassinats et à force de propagande. Toutefois, les résistants ne sâétaient pas manifestés au point de devenir une menace sérieuse. Ceux qui avaient été capturés sâavéraient être des membres des Jeunesses hitlériennes, des gardes forestiers, des postiers et des gardiens de nuit, incapables de conduire une véritable résistance et de mobiliser une population civile désireuse de mettre fin à ce qui était devenu un cauchemar.
Les renseignements du G-2 affirmaient quâHimmler avait reçu des ordres dâHitler pour mettre fin au programme à la veille de lâinvasion alliée, disant quâil interférait avec des éléments essentiels : les gardiens de la patrie, des milices civiles qui, dans chaque ville et village, avaient juré de se battre jusquâà la mort. Le CIC, quant à lui, pensait quâHimmler nâavait pas démantelé le programme de résistance et sâétait contenté de demander à ses membres de rejoindre la clandestinité. Leur tâche secrète était dâinfiltrer le gouvernement dâoccupation militaire pour obtenir des renseignements sur les moyens dâapprovisionnement de lâennemi et encourager la population à multiplier les boycotts et pratiquer la résistance passive. Ce nâétaient ni des nazis ni des néonazis, seulement des Allemands loyaux aspirant à reprendre le contrôle de leur nation. Comme des braises encore brûlantes sous les cendres, le feu quâils auraient allumé pourrait embraser un mouvement nationaliste capable de renverser le gouvernement dâoccupation.
Rosenthal reconnaissait ouvertement quâaucun agent secret digne de ce nom nâavait encore été arrêté ni même identifié, mais il partageait le point de vue du CIC. Himmler aurait très bien pu avoir mis en place une armée secrète de néonazis, probablement sous le commandement dâHeinrich Müller, le chef de la Gestapo, susceptible dâopérer clandestinement dans toute lâAllemagne occupée. Plusieurs incidents avaient eu lieu, dont des boycotts de la part dâouvriers et des tentatives de rébellion contre les armées dâoccupation. Et, comme Horn le savait parfaitement après ses années dâétudes dâhistoire de lâart à Heidelberg et à Berlin, les joyaux de la Couronne du Saint Empire romain germanique nâavaient rien dâun simple butin. Câétaient des symboles anciens et authentiquement germaniques dâune monarchie européenne. Tombés entre de mauvaises mains, ils pouvaient parfaitement servir de point de ralliement à un mouvement néonazi.
Rosenthal était persuadé que Horn ne trouverait pas les joyaux de la Couronne à Nuremberg. Il était évident quâils avaient dû séjourner un moment dans la chambre forte sous le château, mais, dâaprès lui, Himmler avait fait enlever les objets les plus précieux pour les mettre à lâabri en Autriche, bien avant que
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