Les reliques sacrées d'Hitler
des soldats américains aient envahi la ville.
« Nâoublie pas ce que je te dis, déclara Rosenthal à Horn. Dâici trois semaines, tu vas te retrouver à Francfort en train dâinterroger Kaltenbrunner pour savoir où Hitler avait demandé à Himmler de les cacher. »
Horn ne savait pas si câétait une pure spéculation de la part de Rosenthal, ni sâil en savait davantage sur le sujet. Mais, dâexpérience, il savait quâil devait écouter son collègue.
Fouiller dans le cerveau dérangé dâAdolf Hitler et dans la pensée nazie, comme disait Rosenthal, était justement sa spécialité. Il était le seul officier des renseignements de lâunité G-2 de Patton à avoir personnellement rencontré Hitler avant la guerre et lui avoir parlé â pas une seule, mais deux fois â et malgré la brièveté de leurs entretiens, Felix avait alors étudié Hitler avec une extrême attention, comme il le ferait plus tard. Depuis quâil était revenu en Allemagne, Rosenthal était lâofficier des renseignements vers lequel lâUSFET se tournait pour lâaider à comprendre Hitler, et il avait rédigé de longs dossiers exhaustifs sur les manies du Führer qui faisaient référence.
Câest un rapport de Rosenthal qui avait confirmé quâHitler était mort dans son bunker à Berlin, comme les Soviétiques lâavaient dit aux Anglais. Eisenhower et le CIC nâétaient pas convaincus par les affirmations de Rosenthal, à la différence de Patton et des autres. Ses conclusions étaient fondées sur le témoignage dâErich Kempa, le chauffeur dâHitler, qui savait quels sous-vêtements portait le Führer. Pendant le contre-interrogatoire de Rosenthal, Kempa avait révélé avoir reprisé des chaussettes du Führer la veille au soir de son mariage avec Eva Braun. Câétait cette même paire de chaussettes que Kempa avait vue sur le corps quâavec lâaide de Martin Bormann il avait transporté dans la cour de la chancellerie avant de lâasperger dâessence. Le visage dâHitler était caché par une couverture, mais ses chaussettes étaient apparentes. Ce genre de détail, provenant dâun sous-fifre comme Kempa, ne pouvait pas avoir été inventé.
« Que sais-tu dâautre sur les joyaux de la Couronne ? » demanda Horn.
Rosenthal évoqua un travail quâil avait fait quelques mois auparavant pour le CIC. Il avait été question des joyaux de la Couronne. Il nâen connaissait pas les détails, mais il avait entendu dire que les trésors du Reich, ainsi que les journaux dâHitler, avaient été sortis clandestinement de Nuremberg et immergés dans le lac de Zell en Autriche.
Horn écarta cette idée. Aucun nazi, ni aucune personne dâorigine allemande ne prendrait le risque de voir disparaître les joyaux de la Couronne à jamais en les jetant dans un lac. Quâun officier furieux dâavoir perdu ses illusions puisse noyer par dépit les journaux intimes dâHitler, passe encore, mais pas les trésors du Saint Empire romain germanique.
Rosenthal était tellement persuadé que les joyaux de la Couronne avaient été immergés dans un lac quâil était prêt à parier avec Horn ses photos de Marlene Dietrich. Hormis la moto DKW, câétait leur bien le plus précieux. Tous les soldats engagés dans la guerre rêvaient de Marlene, quel que soit leur camp, et, faute de la voir en personne â comme lâavaient fait Horn et Rosenthal à Munich â, ses photos faisaient lâaffaire.
« Pari tenu », dit Horn sans hésitation.
Rosenthal promit dâenquêter auprès du CIC et, par la même occasion, dâessayer de comprendre pourquoi le général Patton portait un tel intérêt au contenu de la chambre forte de Nuremberg. Ils scellèrent ensuite leur pari par une poignée de main. Pendant presque deux ans, ils avaient fait des paris du même genre, et Rosenthal sâétait montré de loin le plus fort. Il avait ainsi remporté plusieurs caisses de whisky, le tourne-disque Victrola et lâalbum de Joséphine Baker. àce rythme, Rosenthal engrangerait aussi bientôt les
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