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Les reliques sacrées d'Hitler

Les reliques sacrées d'Hitler

Titel: Les reliques sacrées d'Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sidney Kirkpatrick
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abris dont il était également responsable. Mais trente-deux des bâtiments listés n’existaient plus. Ce n’était plus qu’un amoncellement de ruines. Dix-huit autres étaient tellement endommagés qu’ils auraient dû être rasés. Mais ça, il n’avait pas le droit de le faire, parce que la MFAA les avait décrétés trésors nationaux, et ils devaient être préservés. D’après lui, il était dangereux de pénétrer dans ces immeubles. Les autres pouvaient probablement et devaient même être sauvés. Mais comment procéder quand les règlements de l’armée lui interdisaient d’engager d’anciens nazis pour faire le travail ? Thompson n’avait pas d’autre choix, déclara-t-il, que de se tourner les pouces jusqu’à ce que les bureaucrates de l’USFET décident de lui donner les moyens de sa tâche. Il ne pouvait pas se tourner vers un intermédiaire comme Heinz Levié pour l’aider, car la MFAA n’avait pas de fonds à dépenser comme le ministère du Développement économique ou la commission des affaires civiles. L’équipe de Thompson était tout en bas de l’échelle hiérarchique.
    Il y avait bien de l’argent qui était injecté dans la ville, mais il était surtout utilisé pour la rénovation du palais de justice, la prison attenante et le Grand Hôtel, en prévision des procès pour crimes de guerre. L’USFET voulait prouver au monde que la ville était gérée par les États-Unis, sauf que, de l’avis de Thompson, ce n’était pas le cas. Le palais de justice serait prêt en temps et en heure pour les procès et la capacité d’accueil dans les hôtels suffisante, alors que le reste de la ville était au bord du gouffre et que des gens mourraient de faim. En plus, une épidémie de typhus s’était propagée à partir des camps. Des meutes de chiens sauvages erraient la nuit dans les rues. Il y avait aussi des groupes clandestins de paramilitaires juifs qui cherchaient vengeance, des ouvriers du Reich armés, des trafiquants de marché noir et des nazis, aujourd’hui sans uniforme, mais toujours présents.
    Le souci le plus immédiat pour Thompson était les quelque dix mille personnes sans domicile, vivant encore dans des abris et des bunkers. L’USFET avait ordonné que les abris soient évacués et leurs portes scellées. Mais que devait-il faire ? Mettre encore plusieurs milliers de femmes et enfants dans la rue ? Accepter qu’ils puissent être violés ou dévalisés ?
    Le message de Thompson était clair. Retrouver les œuvres d’art – autrement dit, sauver ce qu’il appelait de l’art allemand pour les Allemands – ne méritait pas qu’il s’y intéresse. Suffisamment de vies avaient déjà été sacrifiées au cours de la bataille pour prendre la ville. D’autres choses bien plus importantes avaient priorité sur l’enquête du lieutenant.
    Horn, tout en sachant qu’il avait tort, commençait à apprécier Thompson. Non pas que le sentiment fût partagé et qu’il puisse envisager un jour de se retrouver assis à une table avec lui autour d’une bouteille de vin, en train d’évoquer leurs souvenirs de guerre. Horn voyait Thompson pour ce qu’il était : un gratte-papier ordinaire sans grande éducation et beaucoup de patriotisme, un peu trop âgé ou inapte au combat, qui avait choisi de travailler dans les services d’occupation, imaginant qu’il serait accueilli en Allemagne comme un héros conquérant. Se retrouver dans un endroit comme Nuremberg avait dû lui procurer le même effet que d’être renversé par un camion.
    Ce n’était pourtant pas une excuse pour se noyer dans l’alcool au club des officiers comme le faisait Thompson, s’absenter du quartier général parce qu’il n’avait rien à dire aux gens qui comptaient sur lui pour les aider, ou s’en remettre, pour gérer la ville, à des entrepreneurs civils avides d’argent, des voyous en quête de vengeance ou d’anciens nazis sans uniforme. Cela ne résoudrait pas les problèmes de la ville, ni ne permettrait

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