Les reliques sacrées d'Hitler
ils nâavaient pas combattu pour leur pays, ni gravi les échelons de la hiérarchie en raison de leurs qualités de meneurs dâhommes. Câétait des politiques, prisés pour leur capacité à vendre des emprunts de guerre et à briller derrière un bureau. Leur formation se limitait à une année dâendoctrinement politique à lâuniversité de Virginie. Un homme comme Thompson nâavait probablement jamais mis le pied en dehors des Ãtats-Unis avant dâavoir été envoyé à Nuremberg, sans même parler allemand. Il nâavait certainement pas la moindre idée de lâimportance des trésors contenus dans la chambre forte et il devait en vouloir à toute personne qui en savait plus que lui, surtout un Allemand titulaire dâun doctorat.
Horn pensait quâil était inutile de lui expliquer ce quâil avait dit précédemment dans son rapport : à savoir que les joyaux de la Couronne étaient des Åuvres dâart inestimables que les souverains régnants sâétaient transmises sans interruption pendant presque mille ans, et que ces saintes reliques étaient révérées tant par les paysans que par les nobles, et que, entre les mains dâHitler, elles auraient pu devenir une arme psychologique extraordinaire pour gagner la confiance de ses concitoyens, comme lâavaient été les missiles V-2 en semant la peur et la discorde chez les Britanniques. Mais Horn ne voulait pas jouer ce jeu-là . Câétait une notion trop abstraite pour un administrateur dont la connaissance de lâhistoire de lâAllemagne se limitait aux manuels du département dâÃtat.
Horn récupéra les ordres de mission que Hammond lui avait donnés. Peut-être le capitaine, dans sa hâte, nâavait-il pas vu qui en était le signataire. Pour que Thompson comprenne bien à qui Horn devait rendre des comptes et lâimportance de sa mission, il montra la dernière page et déclara quâEisenhower comptait sur un rapport complet dès que possible. Horn entendait bien en rédiger un, avec ou sans lâaide du capitaine.
Le capitaine avait enfin compris à qui il avait affaire. Sans autre délai, Thompson renvoya ses deux compagnons de beuverie et invita Horn à sâasseoir. Thompson avait-il voulu mettre Horn à lâépreuve, ou, comme Horn le conclurait plus tard, avait-il cédé à son penchant ? Pendant vingt minutes, le capitaine sâefforça ensuite de faire comprendre à Horn les problèmes que ses hommes devaient affronter à Nuremberg et pourquoi lâenquête de Horn, malgré ses bonnes intentions, était inutile.
La base du problème, expliqua Thompson, câétait que tous les habitants de Nuremberg étaient des nazis convaincus. Ils portaient la responsabilité de lâinvasion et de la destruction qui en avait résulté, et câétait aux troupes dâoccupation de ramasser les morceaux. Horn avait déjà entendu cette version â tout officier dâoccupation en avait une similaire â, mais celle de Thompson était particulière, car les conditions à Nuremberg étaient considérablement plus difficiles que dans toute autre ville de la zone dâoccupation américaine.
Dâaprès Thompson, les généraux John OâDaniel et Robert Frédéric, qui avaient dirigé la prise de Nuremberg, avaient donné aux résidents toutes les chances de se rendre. Des milliers de tracts avaient été répandus par avion sur la ville, incitant les gens à brandir des drapeaux blancs. Ils nâavaient aucune excuse. Les trois quarts du pays étaient déjà tombés et, avec les Russes qui bataillaient pour entrer dans Berlin, le Führer sâétait déjà réfugié dans son bunker. Mais les gens de cette ville avaient choisi de se battre jusquâau bout. Nuremberg ne sâétait jamais rendue comme lâavaient fait dâautres villes. OâDaniel avait déclaré la ville vaincue seulement après que les derniers Allemands eurent été tués, se furent cachés ou eurent rendu leurs armes. Mais, disait Thompson, la bataille des Américains pour gagner la ville ne faisait que commencer.
Quinze officiers et dix soldats avaient été affectés Ã
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