Les reliques sacrées d'Hitler
de découvrir qui avait pris les joyaux de la Couronne.
Après plus amples discussions et quelques amabilités, Thompson accepta de retrouver Horn le lendemain matin dans le bunker. Entretemps, il demanderait à son adjoint, le lieutenant Klise, de trouver une chambre pour Horn au Grand Hôtel. Le soldat Dollar pourrait loger avec la 2 e  division de cavalerie à la caserne Merrell, près du champ de parade.
« Câest tout ? » demanda Thompson, impatient dâen finir.
Horn pensait à plusieurs choses, mais, pour lâinstant, lâaccès au bunker était suffisant. Et subitement, il sâinquiéta de lâendroit où il pourrait trouver le gouverneur Fuller, ayant lâobligation de sâannoncer auprès de lâofficier qui commandait les troupes dâoccupation.
Le capitaine montra de lâautre côté de la salle un homme dâun certain âge assis près du pianiste, vêtu dâun uniforme froissé. Il incita Horn à aller se présenter.
« Mais ça ne vous avancera à rien, ajouta Thompson. Il a été relevé de son poste. Pour avoir engagé dâanciens nazis. »
6
La boîte de Pandore
21Â juillet 1945
N uremberg avait perdu son horloge officielle.
Comme un enfant blessé à qui il manque les deux dents de devant, la façade occidentale de lâéglise Notre-Dame nâavait plus sa célèbre horloge avec ses figurines mécaniques représentant la royauté du Saint Empire romain germanique. Pendant plus de quatre cents ans, le Männleinlaufen avait compté les heures au-dessus de la place historique du marché au cÅur de la vieille ville. Chaque jour à midi, accompagnés par la musique dâun carillon mû par un système mécanique rotatif, des pages et des joueurs de tambour et de trompette délicatement sculptés annonçaient lâarrivée de sept princes, ducs et évêques. La procession royale sortait ensuite dâune niche cachée derrière lâhorloge pour jurer fidélité à lâempereur Charles IV, assis sur un trône doré, portant une couronne polychrome et habillé comme il se doit des vêtements multicolores et des insignes impériaux du Saint Empire romain germanique.
Le Männleinlaufen et ses joyaux de la Couronne polychromes avaient été enlevés et mis en sécurité avant que les bombes ne fassent sauter le toit de lâéglise et que le feu ne détruise les immeubles alentour. Quand Horn se retrouva sur la place du marché, regardant le trou laissé par lâhorloge dans le mur, il se souvint de sa surprise et de son plaisir dâenfant lorsquâil sâétait promené pour la première fois sur cette place pavée idyllique, quâil avait entendu les trompettes et avait levé les yeux vers lâhorloge pour voir sâanimer ce tableau médiéval plein de couleurs. Mais aujourdâhui, il nâétait pas venu sur la place pour se remémorer sa jeunesse et la copie des joyaux de la Couronne. Il sâétait arrêté sur le chemin de lâallée du Forgeron pour voir où, des siècles avant que les véritables trésors du Saint Empire romain germanique ne soient emmenés en Autriche, ils avaient été exposés publiquement à Nuremberg. Câétait ici, en des temps médiévaux, sur la place pavée du marché, à lâombre du vieux château de pierre, que les liens entre les joyaux de la Couronne, la monarchie et le peuple allemand avaient été noués.
Panofsky, le mentor de Horn, aurait certainement fait remarquer que lâantique place où il se tenait maintenant était autrefois le ghetto juif de la ville. Elle avait été dégagée au XIV e  siècle par les pères fondateurs de la ville lorsque les intérêts commerciaux de Nuremberg sâétaient étendus au-delà du château. àla fin du XV e  siècle, les Juifs avaient été tués ou avaient fui la ville. àcôté du site de lâancienne synagogue, là où se trouvait maintenant lâéglise catholique, des foules sâamassaient chaque année sur la place, le deuxième vendredi après Pâques, pour admirer le trésor impérial exposé dans un reliquaire posé sur une
Weitere Kostenlose Bücher