Les reliques sacrées d'Hitler
route les services vitaux de la ville, étaient des nazis convaincus. Bien que les criminels de guerre avérés et les chefs du parti nazi nâaient pas été autorisés à reprendre leurs postes de responsabilité dans différents services gouvernementaux, Fuller acceptait quâils soient engagés comme adjoints à des postes moins importants, sous la supervision des civils de lâUSFET considérés comme plus convenables. Ainsi, après deux mois dâoccupation, lâancien chef des pompiers de Nuremberg était devenu un « consultant » appointé pour son secrétaire, et lâinspecteur principal de la poste, « retraité », travaillait officiellement comme assistant du préposé au courrier. Leurs tâches restaient les mêmes et, dans beaucoup de cas, ils occupaient les mêmes bureaux que précédemment. Seuls leur grade et leur statut officiel avaient changé.
Parlant à demi-mot, Thompson fit toutefois clairement comprendre à Horn pourquoi des civils côtoyaient officieusement des militaires au club des officiers, plutôt que de venir les voir au quartier général de lâoccupation où le protocole militaire exigeait un rapport écrit de tout ce qui sâétait dit. Les civils fréquentant le club des officiers étaient des entrepreneurs qui fournissaient des services essentiels à la ville. Ils faisaient ce que le gouvernement militaire ne pouvait pas faire légalement, parce quâils nâavaient pas techniquement les mêmes contraintes et nâétaient pas sujets au même contrôle. Le corps des entrepreneurs était dirigé par un membre de la nouvelle élite dirigeante de Nuremberg, Heinz Levié, un homme qui nâavait jamais été membre du parti nazi. Quatre mois avant lâinvasion de Nuremberg, il était détenu dans le camp de concentration de Mauthausen. Maintenant, non seulement il était le pianiste du club, mais il était le citoyen le plus important de la ville. Des centaines, peut-être même des milliers dâanciens nazis travaillaient pour lui. Aucun projet majeur de construction ne pouvait démarrer sans lui, dit Thompson.
Horn écoutait avec attention. Câétait ce quâil faisait en tant quâenquêteur, et il laissait volontiers Thompson sâexprimer avec emphase. Mais la véritable question, en ce qui le concernait, nâétait pas le nombre de fois que le général OâDaniel avait donné aux habitants de Nuremberg lâoccasion de se rendre, ni les détails de la relation malheureuse entre occupants et occupés. La question importante était de savoir comment les fabricants de jouets, de confiseries et autre civils de Nuremberg avaient pu être à tel point subjugués par Hitler et ses acolytes pour se sacrifier et sacrifier leur ville au nom de la folie dâHitler. Et comme le soupçonnait Horn, ce nâétait pas tant une question dâarmement, mais cela se rapportait plutôt au stade et au champ de parade â et peut-être aussi aux trésors du Saint Empire romain germanique.
« Jâai été mandaté pour retrouver les joyaux de la Couronne, dit Horn au capitaine. Plus vite je mây mettrai, mieux cela vaudra. Si cela implique de négocier avec les entrepreneurs civils, dâinfiltrer les réseaux de marché noir ou dâinterroger dâanciens nazis, eh bien câest ce que je vais faire. »
Une nouvelle fois, Thompson jugea lâidée irréaliste. De toute évidence, Horn ne comprenait toujours rien à la situation à Nuremberg. Enquêter sur ce qui sâétait produit dans le bunker â pour autant quâil y ait matière à enquête â était quasiment impossible. Tous ceux qui savaient quelque chose étaient morts. Tous les documents, à condition quâil y en ait eu, étaient ensevelis sous des tonnes de gravats.
Pour achever de convaincre Horn, Thompson lui montra les dossiers de la MFAA posés sur la table devant lui. Chaque jour, dit-il, de nouveaux ordres arrivaient de Francfort. Mais ce quâon lui demandait nâavait rien à voir avec la réalité sur place. On lui avait confié la protection de soixante-cinq monuments artistiques figurant sur une liste, en plus des différents bunkers et
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