Les reliques sacrées d'Hitler
quâil ne lâavait imaginée, mais tout le faisait trembler, son poids, sa légende et la raison pour laquelle Hitler lâavait convoitée.
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La lance du Destin
21Â juillet 1945
C e soir-là , après le dîner, Horn retraça pour Thompson deux mille ans de mysticisme chrétien et de superstitions pangermaniques. Sa conférence improvisée nâaméliorerait sans doute pas les relations entre les deux hommes, pas plus quâelle nâaiderait à la récupération des joyaux de la Couronne â une tâche qui paraissait maintenant vouée à lâéchec vu la situation qui régnait à Nuremberg â, mais aiderait le capitaine à comprendre pourquoi Hitler, comme Napoléon avant lui, convoitait tellement les trésors du Saint Empire romain germanique.
Confortablement installé dans un fauteuil dans une petite salle tranquille à lâécart du grand hall de lâhôtel, Horn pouvait commencer sa conférence. Le club des officiers, lieu de prédilection de Thompson, nâétait pas lâendroit idéal, avec ses fêtards tapageurs et ses entrepreneurs de tout poil, pour évoquer les rites médiévaux et la vénération des saintes reliques. De plus, le soldat Dollar, qui avait demandé à pouvoir assister à la conférence après sa tentative infructueuse pour ouvrir la trappe de secours du bunker, nâavait pas le grade suffisant pour sâaventurer au-delà de lâentrée de lâhôtel.
Ils furent bientôt rejoints par plusieurs amis de Thompson et dâautres membres du personnel militaire qui logeaient à lâhôtel, ou bien sâétaient arrêtés en sortant. Horn trouvait agréable que les collègues de Thompson se sentent obligés de rester pour écouter, plutôt que de prendre leurs quartiers habituels au piano-bar : il nâavait pas lâimpression de prêcher dans le vide, et aidait un tant soit peu ses compagnons à mieux comprendre le paysage culturel de la ville quâils essayaient de gouverner. Les dollars américains et les bonnes intentions ne suffisaient pas pour gagner les cÅurs et les esprits dâune population dont le concept de monarchie et dâempire remontait à plus de huit cents ans avant que le Mayflower ne parvienne à Plymouth Rock.
Le lieutenant sâadressa à son auditoire comme il lâaurait fait à des étudiants qui nâen savaient pas assez sur le sujet pour poser les bonnes questions. Il ne pouvait pas leur en vouloir pour leur ignorance des dynasties des empereurs du Saint Empire, pas plus que Panofsky nâaurait réprimandé un de ses élèves allemands sâil nâavait pas su que les Detroit Tigers étaient une équipe de baseball. La plupart des Américains ne connaissaient pratiquement rien à lâhistoire mondiale.
Horn nâavait pas dâautre but ce soir-là que dâaider son auditoire à combler un véritable fossé culturel. Les écoliers des deux côtés de lâAtlantique apprenaient lâhistoire dans des manuels scolaires et à travers des visites de musées, mais, en Allemagne et dans le reste de lâEurope, lâhistoire faisait davantage partie de la vie de tous les jours. Les gens avaient grandi à lâombre des aqueducs romains, emprunté des voies foulées depuis des millénaires et fréquenté des églises construites avant quâils aient su lire, du temps où les fidèles apprenaient les Saintes Ãcritures au moyen de scènes créées par des artistes dans la pierre, le bois et les vitraux. Beaucoup de ces mêmes églises étaient érigées sur les anciens sites de temples païens. De même que les poutres anciennes et les pierres étaient recyclées, les croyances et les rites païens avaient influé sur la liturgie et la tradition chrétiennes.
Il nây avait pas de constructions « nouvelles » comparables à celles qui existaient dans le « nouveau monde ». Le château de Nuremberg, par exemple, nâétait pas un seul château en réalité, mais un assemblage de trois structures qui se chevauchaient, bâties autour de ce qui aurait très bien pu être une tour de guet romaine. Avant cela, le site aurait
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