Les reliques sacrées d'Hitler
chemina, sa lance à la main, le long des routes poussiéreuses de lâEmpire romain, en témoignant que Jésus était le Messie, propageant ainsi la nouvelle vers le monde occidental. Tombant un jour sous le coup de la loi romaine, il dut subir le fouet, ce qui visait à le faire renoncer à sa foi. Des bourreaux lui arrachèrent les dents, la langue et lui coupèrent finalement la tête. Pourtant, il nâen fut pas pour autant réduit au silence et son témoignage perdura. Des siècles plus tard, Longin le martyr fut sanctifié.
Mais lâhistoire de Longin dépassait le cadre des écrits du Nouveau Testament et des apocryphes. La proclamation de Jésus selon laquelle il était le Messie dépendait de la réalisation par le centurion de la prophétie de lâAncien Testament disant que « pas un de ses os ne sera brisé » et quâ« ils regarderont vers celui quâils ont transpercé ».
Jusque-là , Horn sâen était à peu près tenu à lâhistoire de Longin telle quâelle est relatée dans La Vie des saints dâAlban Butler, un texte auquel se référaient historiens dâart et théologiens des deux côtés de lâAtlantique. Ce fut la suite de son propos qui troubla son auditoire.
« La légende veut que Longin ait été un Aryen, descendant dâune des tribus germaniques conquises par les Romains. Lâexécuteur du Christ, un soldat aryen, a peut-être été le premier chrétien, car la chrétienté nâexistait pas jusquâà ce que le Christ soit mort sur la croix et que Longin ait respecté lâantique prophétie. »
Horn avait maintenant capté lâattention générale par son interprétation nettement germanique de lâhistoire qui se propageait du haut des chaires de Nuremberg avant et après Martin Luther. Cette interprétation convenait particulièrement aux chrétiens désireux dâeffacer le judaïsme de lâhistoire du Christ pour se focaliser sur la façon dont le Christ était devenu le Messie, et la chrétienté sâétait répandue à travers lâEmpire romain. Il avait fallu la lutte et lâeffusion de sang â lorsque lâAryen Longin avait été baigné par le sang du Messie â pour obtenir la purification et la rédemption.
Aux yeux de certains théologiens allemands, il était significatif quâun soldat aryen ait joué un rôle central dans la crucifixion, que ce même soldat ait porté le message de la chrétienté vers ce qui devint lâEurope, et que Longin, proclamé plus tard martyr, ait inspiré des générations de rois-soldats et dâempereurs romains qui avaient combattu sur les mêmes champs de bataille, comme lâavaient fait les combattants de la guerre qui venait de sâachever.
Horn était tenté de présenter lâinterprétation révisionniste des nazis de la Passion du Christ, selon laquelle Jésus lui aussi était un Aryen et Longin un Romain venu sauver le prophète des Juifs qui le persécutaient. Mais ce nâétait pas lâobjet de son exposé. Il préféra sâabstenir de tout autre commentaire sur le centurion. La Sainte Lance éclipserait pour toujours lâhomme derrière la légende et elle finirait par devenir la « relique de sang » suprême du Saint Empire romain germanique.
Devant un auditoire désormais captif, Horn passa des temps bibliques à la première référence historique fiable de la lance de Longin, qui la mettait entre les mains dâun autre légionnaire romain, Maurice, commandant de la légion thébaine, dont le courage légendaire sur le champ de bataille nâavait dâégal que lâardeur de sa foi en Jésus-Christ.
« Peu importe la façon dont Maurice sâest procuré la lance, dit Horn. Les chroniqueurs médiévaux disent seulement quâelle était en sa possession au III e  siècle, lorsque lâempereur romain Maximin, un païen, ordonna à la légion thébaine de mater une rébellion chez les tribus aryennes en Gaule. »
En arrivant sur le champ de bataille au pied des Alpes, Maurice et ses légionnaires découvrirent que les insurgés ennemis
Weitere Kostenlose Bücher