Les reliques sacrées d'Hitler
sâétaient pas manifestés plus tôt, Schmeissner et Fries avaient rappelé à Thompson leur précédente affiliation nazie et leur crainte dâêtre poursuivis en justice. Dreykorn, lui, avait agi en tant quâintermédiaire.
Horn était sidéré par ces accords de pur opportunisme. Hammond lui-même ne se doutait certainement pas du désordre qui régnait à Nuremberg. Non seulement les acteurs civils faisaient le travail des forces dâoccupation, mais les renards nazis veillaient sur le poulailler des trésors artistiques.
« Dreykorn vous a-t-il parlé de la personne qui aurait pris les joyaux de la Couronne ? » demanda Horn.
Comme Horn lâavait soupçonné dès le début, Thompson reconnut que câétait bien Dreykorn et les deux conseillers du comité historique qui avaient entretenu la rumeur selon laquelle le haut commandement nazi avait déménagé les trésors avant lâarrivée des forces américaines. Dâaprès Dreykorn et les conseillers, les seules personnes qui auraient pu savoir quelque chose étaient Liebel et Holz qui étaient tous les deux morts.
Horn nota le nom de Dreykorn ainsi que ceux des deux conseillers, puis reporta son attention sur la chambre forte pour être sûr quâaucun indice ne lui avait échappé. Il interrogerait Dreykorn, Schmeissner et Fries, lâun après lâautre, en tête à tête, hors de la présence de Thompson.
Pendant que Horn continuait à examiner la chambre forte, Thompson en prit à son aise, ce qui eut le don de rendre le lieutenant furieux. Comme Horn le raconta plus tard à Rosenthal, le capitaine eut le culot dâallumer une cigarette. Une remarque discrète de la part de Horn la lui fit éteindre à contrecÅur. Mais quelques minutes plus tard, le capitaine se mit à fouiller négligemment dans une caisse contenant les habits de couronnement, comme sâil sâagissait de la simple cape dâun roi défunt, de vêtements et de bottines. Ignorant les protestations de Horn, le capitaine sâattaqua ensuite à une caisse voisine contenant la collection dâobjets ecclésiastiques soigneusement emballés séparément dans des étuis en cuir et des coffrets incrustés de pierres précieuses.
Cette caisse contenait la collection de saintes reliques sans doute la plus précieuse en dehors de celles que lâon pouvait trouver au Vatican. Parmi les trésors ecclésiastiques que les nazis avaient cachés, se trouvaient un reliquaire contenant une fine lame dâargent supposée venir de la vraie Croix, une bourse ou une boîte à reliques avec de la terre ayant été trempée du sang de saint Ãtienne, le martyr, un petit coffret avec des fils provenant de la robe portée par lâapôtre Jean, des maillons dâune chaîne qui avait entravé saint Paul et un reliquaire contenant un os du célèbre légionnaire thébain, Mauritius, plus connu sous le nom de saint Maurice.
Thompson paraissait surpris de constater que les SS sâétaient donné autant de mal pour construire une chambre forte destinée à protéger des biens dâÃglise, sans parler dâune collection dâobjets dâart religieux qui pouvaient parfaitement ne pas être authentiques. Hitler et ses copains nâétaient-ils pas des païens ? Des religieuses avaient été violées et des églises incendiées quand les nazis avaient envahi la Russie et les Balkans.
Malgré son éducation religieuse, Horn nâétait pas particulièrement croyant. Mais il se hérissa devant la désinvolture avec laquelle Thompson manipulait les Åuvres dâart, et en lâentendant soutenir à tort que lâélite nazie et sa piétaille se considéraient comme des barbares impies. En revanche, Horn ne pouvait pas en vouloir au capitaine de mettre en doute lâauthenticité des objets. Au Moyen Ãge, les reliques étaient produites à la demande. Chaque église et chaque cathédrale possédait les siennes.
Que ces fragments dâos et de tissu soient authentiques ou non importait peu. Ces objets méritaient respect et soin puisquâils avaient été vénérés depuis le temps des Romains, avant Michel-Ange, la Magna Carta ou Christophe Colomb.
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