Les reliques sacrées d'Hitler
une ligne droite virtuelle à travers le champ de parade jusquâà la chapelle du Roi, dit Troche. Ce nâétait pas un hasard, comme il lâavait déjà indiqué. Les nazis avaient déplacé des immeubles et asséché un petit lac pour que, un jour, la route qui reliait le centre-ville au champ de parade soit droite comme une flèche et que la vue du château ne soit pas obstruée. Hitler lui-même, accompagné par Himmler, avait parcouru à pied la route proposée.
Les nazis, qui avaient transformé un parc et des pâturages à lâextérieur de la ville avec leur architecture monumentale, des espaces publics énormes et leur voie de communication principale, avaient également réhabilité et restauré le centre-ville historique. Leur plan pour lâancienne Nuremberg était de redonner à la ville un romantisme de conte médiéval et de projeter une image de la grandeur passée dépourvue de toute souillure. La « Via Appia » du III e Reich devait relier lâancien centre-ville, la gloire passée de la nation, au champ de parade, lâavenir de la nation. Cela devait compléter le programme du régime visant à donner à Nuremberg une aura de ville sacrée, un environnement où le culte de la chrétienté germanique et le Volk feraient renaître chez les visiteurs comme chez les habitants une véritable culture nationale allemande.
Du haut de la tour, Troche montra les différents aspects du travail des nazis sur le champ de parade. Ce qui avait déjà été accompli était impressionnant, mais ce quâHitler avait prévu et ébauché sur la carte du Reich, et que Troche décrivait maintenant, ressemblait à un parc dâattractions nazi, dans lequel le fantastique devait devenir réalité.
Le bâtiment le plus imposant dans tout le complexe destiné aux congrès était lâarène en forme de fer à cheval, le Deutsches Stadion, un espace colossal qui devait à terme accueillir près dâun demi-million de personnes, devenant ainsi la plus grande arène au monde. Le but avoué dâHitler était quâil devienne un jour le stade permanent des Jeux olympiques. Les pylônes massifs, les portails et les galeries, tous à une échelle gigantesque, étaient conçus pour faire paraître plus petits ceux qui passaient en dessous et dominer, comme une cathédrale, lâespace à lâintérieur. Nuremberg ne devait pas ressembler à dâautres espaces publics modernes, mais imiter la Grèce et la Rome antiques, où les visiteurs et les participants dâun spectacle se regardaient les uns les autres, et vers le haut. Ceux qui étaient présents ne devaient pas regarder lâaction, mais être lâaction.
La pompe prévue pour lâarène avait été imaginée en se fondant sur ce thème. Processions de masse éclairées par des torches, avec des fanfares de trompettes et des roulements de tambours tonitruants, tout cela incarnait parfaitement le concept. Les différents contingents â Jeunesses hitlériennes, sections dâassaut, membres de la Ligue du travail â ouvriraient la voie en costumes de légionnaires, avec des étendards romains.
Le mysticisme allait de pair avec la solennité, la grandeur et le spectacle, dans les formules « sacrées » déterminant les proportions et lâemplacement dâun bâtiment, expliqua Troche. LâAhnenerbe était, paraît-il, arrivée aux formules exactes en étudiant les textes anciens et les chefs-dâÅuvre des civilisations passées. La tribune dâoù Hitler faisait ses discours lors des congrès était copiée sur le Grand Autel de Pergame sur la côte turque, alors que le Deutsches Stadion tout proche imitait celui construit par Hérode Atticus à Athènes. Hitler était convaincu que ces constructions avaient duré pour une seule raison : leurs plans chargés de spiritualité obéissaient à des lois universelles.
La position et la hauteur de la tribune avaient été déterminées par des radiesthésistes, et lâimmeuble dâorigine lui-même était réimplanté à plusieurs dizaines de mètres à lâouest pour profiter de ce que
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