Les reliques sacrées d'Hitler
que Horn, parti dâAllemagne juste avant la guerre, puisse trouver tout cela un peu tiré par les cheveux. Pourtant câétaient les théories avancées par le groupe de réflexion de lâAhnenerbe dâHimmler et les partisans du mouvement germano-chrétien. Câétait aussi la raison pour laquelle Himmler avait envoyé des chercheurs soldats à Jérusalem, au Tibet et partout dans le monde pour réunir des Åuvres dâart considérées comme précieuses pour le Reich.
Toujours dâaprès Troche, Himmler cherchait à faire revenir les joyaux de la Couronne au moment même où ses chercheurs de lâAhnenerbe révisaient fiévreusement lâhistoire du monde pour justifier la nouvelle théologie de la supériorité aryenne. Lâavocat Walter Buch, beau-père de Martin Bormann, avait reçu lâordre de trouver des moyens légaux pour récupérer les trésors du Saint Empire auprès de lâAutriche. Les documents originaux promettant les joyaux de la Couronne à Nuremberg, signés par lâempereur romain germanique Sigismond, furent exhumés et étudiés en détail.
Le récit de Troche paraissait extraordinaire aux yeux de Horn. Mais ce qui lui semblait encore plus fascinant, câétait que les nazis, qui pillaient sans scrupule ce quâils considéraient comme leur appartenant et qui mettaient tout en Åuvre pour réinterpréter les légendes et les mythes du passé, aient pu déployer autant dâefforts pour étudier les aspects juridiques et légaux afin de légitimer leurs actes concernant les joyaux de la Couronne.
Autre paradoxe, souligna Troche : ceux-là mêmes qui essayaient de récupérer des Åuvres dâart chrétiennes étaient également impliqués dans la destruction des sociétés secrètes à la base des croyances dâHitler, et compilaient des dossiers quâils utiliseraient pour saper lâautorité des figures marquantes des Ãglises allemandes qui se montraient réticentes à accepter la doctrine nazie. Le culte des nazis ne devait souffrir aucun rival.
Soutenu par Hitler, Buch avait fait plusieurs tentatives pour organiser un échange dâÅuvres dâart afin que les insignes royaux puissent être exposés en Allemagne. En vain. Les dirigeants du Kunsthistorisches Museum de Vienne pensaient à juste titre quâen les prêtant à un musée allemand, ils ne reverraient jamais les trésors.
Mais Hitler ne renonça pas pour autant à ses efforts pour faire connaître au public lâimportance historique des joyaux de la Couronne. Dans un premier temps, il fit construire une réplique du reliquaire en bois qui abritait les trésors à lâépoque médiévale. Au cours du premier congrès du parti nazi à Nuremberg, en 1933, la reproduction du reliquaire était fidèlement installée sur la place du marché, comme des siècles auparavant, quand les véritables Åuvres dâart étaient exposées pendant une semaine de réjouissances destinées à célébrer le trésor du Saint Empire. Mais ce reliquaire avait été laissé vide, façon peu subtile de faire comprendre que Nuremberg avait été spoliée de son héritage culturel et spirituel.
Les efforts dâHitler pour sensibiliser sa nation au trésor avaient été accueillis avec enthousiasme par le nouveau maire de Nuremberg. Willy Liebel était aussi préoccupé par les joyaux de la Couronne quâHitler lui-même et, non content de publier des livres et des articles à leur gloire, il avait demandé publiquement leur retour à Nuremberg.
Liebel ne sâintéressait pas particulièrement aux propriétés mystérieuses et mystiques attribuées aux objets. Il nâen fut pratiquement jamais question dans ses nombreux discours, ni lors de ses réunions avec son conseil municipal. Son obsession était de voir les emblèmes de la monarchie mondiale revenir dans la « ville impériale » de lâAllemagne. Tout comme Berlin avait la porte de Brandebourg, surmontée par son chariot symbolisant la solidarité germanique, Nuremberg aurait les joyaux de la Couronne. La couronne impériale, dit Troche, avait toujours eu plus dâimportance pour Liebel que la
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