Les reliques sacrées d'Hitler
les radiesthésistes prétendaient être des lignes droites électromagnétiques, dites lignes de Lay, des rivières souterraines et des courants magnétiques plus favorables aux activités se déroulant au-dessus. Le positionnement de la tribune nâavait pas été une mince affaire, dit Troche, puisquâil impliquait lâassèchement dâun lac et le déplacement dâune voie de chemin de fer.
Beaucoup dâautres exemples de croyances mystiques et de la « géométrie sacrée » avaient influencé la construction et les plans des monuments. Par exemple, douze était le « nombre magique » puisquâil y avait douze signes du zodiaque et douze apôtres. Des séries de douze colonnes, de douze piliers et de douze avenues devaient déboucher sur la voie principale reliant la vieille ville à la nouvelle. Tout cela nâétait pas surprenant, comme le noterait Horn plus tard, au vu des douze divisions ou bureaux dans la SS dâHimmler.
Troche continua à décrire comment les architectes du champ de parade avaient trouvé maintes occasions pour introduire le chiffre douze dans leurs plans. Les dessins complexes du swastika comportaient une roue avec douze bras, appelée soleil noir, que lâAhnenerbe et les adeptes de Thulé tenaient pour la représentation la plus ancienne du Dieu aryen par lâhomme nordique ou teutonique.
La notion de polarité entrait également dans leur façon de penser. Comme câétait le cas pour la voie principale menant du champ de parade à la chapelle, à peu près tous les plans, quand câétait faisable, étaient dirigés au nord vers la terre légendaire de Thulé. Décidément, les centaines de milliers de personnes qui assistaient aux congrès ne pouvaient pas avoir la moindre idée de ce qui se cachait derrière lâurbanisation, pas plus que des messages subliminaux diffusés.
Lâemplacement, lâorientation et les plans des structures nâétaient pas les seuls éléments soumis à des considérations mystiques. Les décorations et les symboles ornant les immeubles, comme le soleil noir, étaient également significatifs.
Troche affirmait que lâénorme aigle aux ailes déployées placée au-dessus du stade avait la forme dâune rune de lâancien alphabet aryen. La rune en question â choisie par le spécialiste officiel des runes, Karl Maria Wiligut â était celle du Tyr, ou de la « rune de la lance », symbolisant lâaigle femelle légendaire qui escortait Zeus, le dieu de la guerre, faiseur de victoires et capable de protéger du mal. Cette rune était également significative, car câétait le symbole dont les guerriers aryens étaient censés avoir marqué leur propre chair pour entrer au Walhalla.
Après avoir commenté les constructions sur le champ de parade, Troche franchit le parapet de la porte Laufer et attira lâattention de Horn sur la vieille ville, à laquelle Hitler avait consacré la même attention et les fonds du Reich.
Le centre-ville, dit-il, ne devait pas rester à lâécart des congrès. Il devait donner une légitimité aux activités se déroulant au sud. Les changements, en tant que tels, ne visaient pas à bâtir des monuments nouveaux, mais à rénover et préserver les structures existantes. Ils devaient renforcer le concept de grandeur de lâAllemagne, pour proclamer le nouvel âge glorieux advenu sous le régime nazi et promouvoir le Führer comme le véritable conservateur, le gardien et réformateur héroïque de la ville impériale de lâancien Saint Empire.
La première étape des nazis fut la restauration des bâtiments historiques de la ville pour « nettoyer et embellir » son image. Tout ce qui pouvait brouiller le message ou déprécier la grandeur médiévale de la ville devait disparaître. Panneaux dâaffichage et enseignes avaient été décrochés, les toits pentus en tuiles avaient remplacé les toits plats modernes, et des pierres et des constructions à pans de bois avaient émergé de sous des revêtements séculaires. Des immeubles délabrés ou sans intérêt étaient remplacés par des bâtiments plus en harmonie
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