Les reliques sacrées d'Hitler
Sainte Lance.
En préparation du congrès du parti à Nuremberg en 1935, Liebel avait fait fabriquer à grands frais une reproduction du glaive cérémoniel. Au cours de son discours de bienvenue à Hitler, il avait présenté le glaive comme un « symbole dâunité, de grandeur, de pouvoir et de force de la nation allemande ». Liebel évoqua les recherches de Walter Buch, devenu commandant dans les Waffen-SS dâHimmler, qui attribuaient à Nuremberg la propriété légale des insignes impériaux. Et pour la première fois, Hitler en parla directement comme dâun « symbole du pouvoir impérial allemand » et un rappel de la signification de la révolution nationale-socialiste.
Après son discours, Hitler avait promis à Liebel que les objets authentiques seraient rendus à Nuremberg après lâannexion de lâAutriche. Câétait très important, fit remarquer Troche, car Hitler aurait dit cela trois ans avant que les troupes dâassaut franchissent la frontière allemande pour entrer en Autriche. En dâautres termes, les plans dâinvasion étaient déjà prêts alors quâHitler jurait publiquement de préserver la paix.
Parmi les principaux acteurs de la « récupération » des Åuvres dâart authentiques, il y avait Himmler, assisté par Kaltenbrunner, alors commandant de la SS autrichienne clandestine, ainsi que le commandant Buch, qui était devenu le chef de la police secrète du parti nazi. Liebel et son conseil municipal sâoccupaient des autres tâches administratives et des relations publiques liées au « rapatriement » des Åuvres dâart à Nuremberg.
Comme on le racontait dans les cercles nazis, lâopération avait été déclenchée début mars 1938. Buch, qui voyageait incognito en avant des forces allemandes, était descendu dans un petit hôtel près de la Hofburg. àlâintérieur de la valise banale du commandant, se trouvaient son uniforme SS, un pistolet Luger et lâordre secret de tuer quiconque essaierait de cacher ou de retirer la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne du Kunsthistorisches Museum avant que les troupes dâassaut aient pris la ville. Le 12 mars, la nuit de lâinvasion, pendant que les divisions Panzer traversaient la frontière pour entrer en Autriche, Buch revêtit son uniforme et assura la garde du trésor.
Il sâensuivit, trois jours après, une éblouissante réception au palais royal de Vienne, où Buch présenta une sélection des objets de la collection à Hitler. On a raconté que Buch avait levé le bras dans un salut nazi et annoncé : « La Sainte Lance, mon Führer. »
Hitler ne rapporta pas la lance et les autres trésors à Berlin. Tout devait paraître parfaitement légal. Câest après que lâAutriche fut devenue formellement partie intégrante du Reich et que lâambassadeur autrichien en Allemagne eut présenté les trésors à la ville de Nuremberg que les joyaux de la Couronne regagnèrent leur demeure ancestrale.
Le maire Liebel lui-même et les membres du conseil municipal se rendirent à Vienne pour les escorter sous bonne garde jusquâà Nuremberg dans un train spécial de huit wagons. Les trésors arrivèrent à la gare de Nuremberg le 30 août 1938 et, au milieu dâune phalange de gardes SS, ils furent amenés jusquâà lâéglise Sainte-Catherine pour y être exposés. Troche, un des nouveaux conservateurs du Musée germanique, les avait vus là pour la première fois.
« Tout ce que les nazis ont fait, ils lâont fait à dessein », répéta Troche.
Sur ces mots, il retira sa blouse, roula la carte, ramassa ses livres et ses dossiers, et signifia quâil était temps de quitter le cloître du musée. Hitler avait conçu de grands projets pour la ville, le Reich et ses trésors sacrés, et Troche voulait que Horn puisse sâen rendre compte par lui-même.
10
Le royaume
de conte de fées dâHitler
22Â juillet 1945
L e cloître du musée embaumait les herbes aromatiques. Troche guida Horn à travers ce sanctuaire pour rejoindre la rue pleine de gaz dâéchappement. Des
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