Les reliques sacrées d'Hitler
de détenir les clés de la chambre forte avaient négligé leurs devoirs. Ou bien ce sont eux qui avaient pris ce quâils considéraient comme les cinq trésors les plus précieux. Et si câétaient en effet les chevaliers Teutoniques actuels qui avaient déménagé les trésors, un nouveau dilemme se posait à Horn, un dilemme auquel il se trouvait confronté depuis le jour où il avait fait son exposé à Thompson et à ses collègues officiers, et depuis que Troche lui avait montré le plan de la ville du Reich. Si, comme le pensait Horn, la Sainte Lance avait une telle importance pour Hitler, pourquoi cette relique nâavait-elle pas été retirée de la grande collection dâÅuvres dâart entreposée dans le bunker nazi ? Sâil existait effectivement un équivalent moderne des chevaliers Teutoniques, avaient-ils échoué dans leurs efforts pour protéger tous ces trésors importants, ou cela faisait-il également partie, dâune façon ou dâune autre, du plan directeur ?
Troche nâavait pas de réponse définitive à apporter. Il pouvait en tout cas avancer une explication. Lorsque les bombardiers étaient arrivés au-dessus de Nuremberg et de lâAllemagne, et lorsque les troupes alliées avaient traversé le Rhin pour entrer dans la mère patrie, la Sainte Lance avait perdu de son prestige. Il était devenu évident pour tous que la relique nâoffrait aucune protection surnaturelle contre les infidèles.
Selon Troche, le Führer avait alors répudié le talisman sacré, comme il lâavait fait du mouvement germano-chrétien. Les plans pour agrandir le champ de parade réservé aux congrès du parti nazi, pour rénover la ville et faire de lâéglise Saint-Laurent la cathédrale nationale nâavaient soudain plus cours. Il nâétait plus question désormais que dâinstaller des batteries antiaériennes sur le périmètre de la ville et de protéger les emblèmes impériaux de la monarchie allemande, ceux que le maire avait le plus convoités.
Quatre des trésors qui avaient été retirés du bunker de lâallée du Forgeron â la couronne, lâorbe, le sceptre et le glaive impérial â étaient les éléments indispensables à un couronnement. Le cinquième objet, le glaive cérémoniel, était différent. Câétait lui que le roi utilisait, en dâautres temps, pour conférer le titre de chevalier aux futurs prêtres soldats.
Pour Troche, il nâétait pas surprenant que Liebel, avant que les joyaux de la Couronne ne soient revenus à Nuremberg, ait offert une copie du glaive cérémoniel au Führer à lâoccasion des cérémonies dâouverture du congrès du parti, en 1935. Liebel nâavait pas offert de copie du glaive impérial, de la couronne ni de la Sainte Lance. Il avait remis à Hitler une copie du glaive avec lequel le roi allemand adoubait ses guerriers teutoniques.
Horn suivait parfaitement le raisonnement de Troche. Le plan directeur sâétait égaré. La volonté affichée dâHitler de ressusciter Nuremberg et dâen faire la ville impériale de lâempire germanique nâétait plus réaliste alors que les bombes alliées pleuvaient sur la ville. La protection mystique détenue par la Sainte Lance ne sâétait pas révélée efficace. Câétait la couronne et les autres Åuvres dâart de la monarchie quâil fallait préserver pour les générations futures. Le glaive cérémoniel avait une importance que la Sainte Lance nâavait pas. Câétait le moyen qui permettrait aux générations futures de rejoindre la chevalerie.
àcondition que cela fût vrai â et Horn nâétait pas convaincu par la théorie de Troche â, cela ne permettait toujours pas dâidentifier la ou les personnes qui avaient retiré les cinq trésors manquants du bunker de lâallée du Forgeron.
Troche avait également une idée sur le sujet. Le maire Liebel était mort, mais ses chevaliers Teutoniques supposés, ou leurs subalternes, nâavaient pas quitté la ville.
« Ils ne vont pas être difficiles à trouver, lui assura Troche. Deux
Weitere Kostenlose Bücher