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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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peintures murales… à l’exception de celle qui se
trouvait sous ses mains : c’était une représentation de Maryam et de son
fils. N’oublie pas, avait-il ajouté enfin avec gravité, que Maryam n’est pas
touchée par le péché originel ; elle est née pure, ainsi que l’affirment
le Coran et la Sunna.
    Mais n’était-ce pas un des prêtres du fils de Maryam qui
avait violé sa mère alors qu’elle n’était qu’une fillette sans défense ?
se demanda en silence Hernando cette nuit-là. N’était-ce pas là l’origine de sa
disgrâce ? Son beau-père le hurlait sur tous les tons : le
nazaréen ! Et il l’écoutait, les poings serrés, les ongles plantés dans
les paumes de ses mains. Tous l’entendaient ! S’il n’avait pas joui de la
faveur d’Abén Humeya, il aurait reçu le même traitement de la part des autres
Maures. Il le devinait : il les voyait le regarder de travers et murmurer
dans son dos. Mais ni le Dieu des chrétiens, malgré ses prières d’intercession
à Maryam, ni celui des musulmans ne lui vinrent en aide, pas plus qu’à Aisha…
ou à Fatima.
     
    Les jours passaient et Abén Humeya profita de l’indécision
de ses ennemis et du soutien inconditionnel de son peuple pour se réorganiser
et, surtout, se réarmer. Il nomma de nouveaux gouverneurs des taas des
Alpujarras et établit un système fiscal pour sa couronne : le dixième des
fruits et récoltes et le cinquième des butins qu’ils prendraient aux chrétiens.
La saison de la navigation venait de commencer : aventuriers, capitaines
maures et janissaires débarquaient en Al-Andalus pour aider leurs frères. Les
habitants des Alpujarras se mirent enfin à espérer voir ces soldats de la
Sublime Porte qu’on leur avait tant de fois annoncés !
    Le roi de Grenade et de Cordoue obtint sur les troupes
chrétiennes deux importantes victoires qui encouragèrent les siens : la
première à Órgiva, contre une compagnie du prince, et la seconde au col même de
la Ragua, contre une centaine de soldats du marquis de los Vélez.
    Après ces escarmouches, les Alpujarras connurent une période
de calme : à tel point qu’à Ugíjar s’établit un marché aussi important que
celui de Tétouan. L’affluence des marchands et l’activité commerciale
décidèrent Abén Humeya à instaurer une douane pour le recouvrement d’impôts sur
les nombreuses transactions menées à terme.
    Les deux triomphes apportèrent également aux écuries dont
s’occupait Hernando un grand nombre de chevaux capturés aux chrétiens.
    — Tu dois apprendre à monter, lui dit un jour le roi en
personne, alors qu’il inspectait une plaine où se trouvaient les animaux,
entouré par plusieurs arquebusiers de la garde du corps créée expressément pour
sa sécurité. C’est seulement ainsi que tu arriveras à bien les connaître. De
plus… – Abén Humeya lui fit un sourire – mes hommes de confiance
doivent m’accompagner à cheval.
    Hernando regarda les chevaux. Il n’était monté qu’une seule
fois, au côté du Gironcillo, lorsqu’ils s’étaient enfuis de Tablate, et
pourtant… que possédait donc cet homme qui lui inspirait confiance ? Son
sourire ? Il pencha la tête vers le roi. Son port de conseiller municipal
de Grenade et de roi des Maures ? Sa grâce et son allure ?
    Abén Humeya lui souriait toujours.
    — Allez, l’encouragea-t-il.
    Le roi le laissa choisir et Hernando brida un cheval moreau
qu’il estimait être le plus doux et le plus docile de tous ceux dont il
s’occupait. À peine avait-il serré la sangle que les reflets rouges du pelage
noir de l’animal semblèrent prendre vie et brillèrent avec force sous le soleil
de la Sierra Nevada. Il hésita avant de mettre le pied à l’étrier ;
cavalier et cheval respiraient à toute vitesse. Il se tourna vers le roi, qui
lui fit de la main le signe de monter. Il passa son pied gauche dans l’étrier
et poussa sur sa jambe droite mais, au même moment, le cheval moreau hennit et
partit au galop.
    Il lui fut impossible de le dominer et, presque aussitôt,
Hernando tomba sur le dos. Il roula parmi les pierres et les buissons. Abén
Humeya s’approcha de lui mais le jeune homme se releva rapidement, bien
qu’endolori, sans saisir la main que le roi lui tendait. Certains arquebusiers
riaient.
    — Première leçon, lui dit Abén Humeya : les mules
et les baudets ne sont pas stupides. Tu ne dois jamais être certain qu’un
cheval se comportera

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