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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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rompit plus [65] . »
Cela mérite une explication.
    Il s’agit en effet d’un étang nommé Llyn Llion (« lac des Flots ») que d’autres
triades signalent comme ayant provoqué une gigantesque inondation. Et c’est Hu
Gadarn (« Hu le Vainqueur »), héros civilisateur et protecteur, qui
anéantit le monstre, empêchant ainsi la digue de cet étang de se rompre à
nouveau. Quant à l’ avanc , c’est une sorte de
dragon, mais le mot gallois peut se traduire par « castor ». De toute
façon, ce mot désigne nettement une force monstrueuse et quelque peu démoniaque
qui provoque une catastrophe aquatique.
    C’est pourquoi, dans certaines légendes d’origine celtique, il
est nécessaire de conjurer cette force destructrice dont le souvenir hante la
mémoire populaire. C’est probablement parce que certaines tribus celtes ont dû,
à une certaine époque, abandonner leur habitat primitif à la suite d’une
brusque montée des eaux. Les auteurs grecs et latins de l’Antiquité en portent
des témoignages significatifs.
    Ainsi, le géographe Strabon, dont les informations puisées à
bonne source, même si elles sont incomplètes, ou mal comprises, sont toujours
très précieuses, émet des doutes sur ce qu’on raconte au sujet des Cimbres, qu’il
confond ici avec les Celtes : « Comment admettre que les Cimbres
aient été chassés de leur primitive demeure par une grande marée de l’océan […]
quand nous les voyons aujourd’hui même occuper les mêmes lieux qu’ils
habitaient autrefois [66]  ? » La réponse
est simple : les Cimbres chassés de leur habitat sont des Celtes, mais
Strabon fait un amalgame entre les Cimbres, peuplade germanique portant un nom
celtique [67] , qui étaient ses
contemporains, et certaines tribus réellement celtes dont les traditions
reflétaient une catastrophe remontant à un passé lointain.
    Mais Strabon, avec autant de scepticisme, fait état d’une
étrange coutume attribuée à ces fameux Cimbres, en réalité les Celtes :
« Je ne crois pas non plus ce que nous dit tel historien, qu’ils menacent
et repoussent de leurs armes le flot qui monte [68] . » Il s’agit ici d’un
véritable rituel de conjuration qui, en plus, est attesté par le philosophe
Aristote dans sa Morale à Eudème ( III, 1 ) jugeant ridicules « les Celtes qui
prennent leurs armes pour marcher contre les flots ». De toute évidence, Strabon
et Aristote ne comprenaient pas le sens de cette cérémonie propitiatoire qui, dans
le cadre de la mentalité celtique, se retrouve au Moyen Âge dans certains
manuscrits gallois. Ces derniers reprennent, parfois sans trop bien les
comprendre, des traditions héritées d’un lointain passé.
    Ainsi, dans un poème attribué au fameux barde Taliesin, et
contenu dans un manuscrit du XIII e  siècle,
il est question d’un cataclysme assez ambigu, déclenché par Math, un maître magicien,
et conjuré par son neveu Gwyddyon, sorte de démiurge lui aussi doué de pouvoirs
magiques : « La tempête se déchaîna pendant quatre nuits en pleine
belle saison. Les hommes tombaient, les bois n’étaient même plus un abri contre
le vent du large. Math et Hyvedd, maîtres de la baguette de magie, avaient libéré
les éléments. Alors Gwyddyon et Amaethon [69] tinrent conseil. Ils
firent un bouclier d’une telle puissance que la mer ne put engloutir les
meilleures troupes [70] . » Si l’on comprend
bien, il s’agit d’un véritable raz de marée déclenché par une divinité et
contré par une autre. Et le bouclier ainsi présenté comme un rempart contre les
flots et les vents déchaînés n’est pas sans rappeler le célèbre bouclier du roi
Arthur qui porte, dans la tradition galloise, le nom de Prytwen (« forme
blanche »), et qui très souvent peut servir de
navire sur lequel s’embarquent les compagnons du roi [71] .
C’est évidemment le thème de l’Arche de Noé.
    Ce thème est universel, mais il est très présent dans la
tradition galloise. Une autre des Triades de l’île de
Bretagne fait en effet référence à un déluge, mais pas tout à fait conforme
à celui de la Bible : « Trois accidents prodigieux de l’île de
Bretagne : le premier est la rupture de l’étang de Llion, qui causa la
submersion de toutes les terres et noya tous les hommes, à l’exception de
Dwyvan et Dwyvach, qui s’échappèrent sur une barque, sans mât ni agrès [72] . »
On remarquera que les personnages de Dwyvan et Dwyvach

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