Les révoltés de Dieu
jeune fille de haute
naissance. Elle est par conséquent une sorte de « bouc émissaire » et
son sacrifice peut permettre au royaume de perdurer dans la sérénité et l’abondance.
À ce moment précis apparaît un monstre hideux surgi de la
mer et qui s’approche d’Andromède pour la dévorer. Elle pousse un cri d’effroi.
Ses parents, le roi et la reine, qui se tenaient non loin de là, se frappent la
poitrine, se déchirent le visage et se roulent dans la poussière. Persée se met
à marchander littéralement avec eux, leur proposant de vaincre le monstre, de
sauver ainsi leur fille, mais de l’obtenir ensuite comme épouse. Le roi et la
reine acceptent et prononcent un serment solennel. Moyennant quoi, Persée s’attaque
au monstre marin et, après un combat acharné, le
transperce de son épée et lui arrache le cœur. Andromède est sauvée, et le pays
dont elle est l’héritière est désormais à l’abri des menaces de cet être
fantastique qui représente la puissance destructrice des eaux de la mer, et n’est
évidemment pas sans rappeler le fameux Léviathan.
Le thème n’est pas nouveau, et il est traditionnel. On le retrouve
dans la légende de la fondation de Troie. Cela remonte au plus lointain de la
théogonie grecque. Un autre fils de Zeus, Dardanos (qui a donné son nom au
détroit des Dardanelles), obligé de quitter son pays natal, s’établit à l’emplacement
de ce qui deviendra la ville de Troie, plus tard nommée ainsi à cause de Tros, son
petit-fils. Son descendant Ilos, de qui provient, dit-on, le nom d’Ilion donné
parfois à cette cité, contribua à embellir la nouvelle ville et, quand il eut
terminé ses travaux, il pria Zeus de lui donner un gage visible de la durée et
de la prospérité de son royaume. Le lendemain, Ilos trouva près de sa tente un palladium tombé du ciel, c’est-à-dire une petite
statue représentant la déesse Athéna assise, tenant une pique de la main droite,
une quenouille et un fuseau de la main gauche. Ce prodige incita le peuple à
bâtir un temple dédié à Athéna, dans lequel serait conservée cette statue
miraculeuse dont la présence rendrait à jamais imprenable la ville de Troie. Mais
tout fut remis en question par le fils d’Ilos, Laomédon, célèbre dans tous les
récits mythologiques par sa mauvaise foi.
En effet, Laomédon s’occupait à faire bâtir les murailles de
la ville lorsque Apollon et Poséidon, tous deux bannis de l’Olympe à la suite d’une
querelle avec Zeus, vinrent lui proposer de l’aider dans son entreprise. L’offre
fut acceptée, mais une fois le travail achevé, Laomédon refusa aux divins
architectes le paiement qui leur était dû. La punition ne se fit pas attendre :
Poséidon détruisit les murailles qu’il venait de construire et fit sortir de la
mer un affreux monstre qui dévorait les habitants du rivage et les laboureurs
de l’intérieur des terres. Ayant consulté l’oracle, Laomédon apprit qu’il pouvait
conjurer la malédiction de Poséidon en livrant au monstre un de ses enfants
désigné par le sort. Et le sort tomba sur Hésione, la propre fille de Laomédon,
qui fut ainsi enchaînée sur le rivage. Mais là encore, un héros de lumière se
révéla, et c’est Hêraklès qui vainquit le monstre marin, délivrant ainsi la
jeune fille de l’ engloutissement qui la
menaçait.
Dans ces deux cas légendaires, tout finit bien, ou tout au
moins le mieux possible. Le monstre, c’est-à-dire le déferlement des eaux, est
évité de justesse. Mais il n’en est pas toujours ainsi, comme dans un des
épisodes de la légende de Phèdre et Hippolyte, si magnifiquement mis en valeur
par Racine dans le célèbre « récit de Théramène » qui conclut sa
tragédie, Phèdre . On connaît l’histoire :
Phèdre, épouse du héros Thésée (encore un destructeur de monstres), profite de
l’absence de celui-ci pour avouer son amour fou à Hippolyte, fils de Thésée et
de l’amazone Antiope. Le jeune homme ayant décliné ses avances, au retour de
Thésée, elle accuse Hippolyte d’avoir voulu la violer et se suicide, ne pouvant
plus supporter la violence de sa passion. Thésée, héros invincible mais jouet
aveugle du destin, maudit son fils et en appelle à la vengeance de Poséidon, qui
lui a promis d’exaucer trois vœux. Hippolyte, banni de la ville de Trézène, monte
sur son char et, quand il parvient sur le rivage, un effroyable monstre marin
épouvante ses chevaux : et
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