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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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ne sont connus que par
cet unique texte, mais que leur nom à tous deux comporte le numéral dwy , « deux ». Il s’agit vraisemblablement
de deux jumeaux qui pourraient être comparés à Castor et Pollux, lesquels, on
le sait, étaient invoqués dans l’Antiquité en tant que protecteurs de la
navigation.
    La triade qui signale l’exploit de Hu Gadarn traînant l’ avanc hors du Llyn Llion, pour éviter une rupture de
la digue, se fait plus précise à ce sujet : « Trois principaux
chefs-d’œuvre de l’île de Bretagne : le navire de Nevydd Nav Neivion qui
porta un mâle et une femelle de chaque espèce vivante quand se rompit l’étang
de Llion [73] . » On serait tenté
de voir dans le nom de Nav une déformation de
celui du Noé biblique, d’autant plus que Nevydd et Neivion semblent issus de la même racine. Ce
n’est pas si simple.
    En effet, selon une autre tradition rapportée par Dafydd ab
Gwilyn, poète gallois du XIV e  siècle, Neivion
serait venu à la nage de Troie à l’île de Môn (Anglesey). De plus, le nom de
Nav (écrit naf en gallois moderne où le « f »
équivaut à un « v ») signifie « Seigneur », et il a un
rapport phonétique avec le mot latin navis ,
« navire ». Tout cela ramène à un archétype très ancien, celui qui a
été exprimé dans la Genèse hébraïque et qui est devenu la référence obligatoire
sur tout ce qui concerne le déluge.
    Il faut donc en revenir au texte biblique. « Mais la
terre se détruit en face de l’Élohîm, la terre se remplit de violence. Élohîm
voit la terre et voici, elle est détruite [74] .
Oui, toute chair avait détruit sa route vers la terre. Élohîm dit à Noah [Noé] :
le terme de toute chair est venu en face de moi […]. Fais-toi une caisse en
bois de cyprès. Tu feras la caisse de cellules. Asphalte-la à l’intérieur et à
l’extérieur avec de l’asphalte. […] Tu feras une lucarne à la caisse et l’achèveras,
d’une coudée, en haut. Tu mettras l’ouverture de la caisse sur le côté. Tu
feras des soupentes, des secondes, des troisièmes. Et moi, me voici, je fais
venir le déluge, les eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle
de vie sous les ciels. Tout ce qui est sur terre agonisera. Je lève mon pacte
avec toi, tu viendras vers la caisse, toi, tes enfants, ta femme, les femmes de
tes fils avec toi. Tu feras venir dans la caisse de tout vivant, de toute chair,
deux de chaque pour vivifier avec toi. » ( Gen. VI,
11-19, trad. Chouraqui .)
    Et cela n’est pas tout. Élohîm insiste : « Viens, toi
et toute ta maison, vers la caisse. Oui, je t’ai vu, toi, un juste, en face de
moi, en ce cycle. Tu prendras pour toi de toute bête pure, sept par sept, un
homme et sa femme [75] , et de toute bête non pure , deux, un homme et sa femme. Des
volatiles des ciels aussi, sept par sept, mâle et femelle, pour vivifier une semence sur les faces de toute la
Terre » ( Gen. VII, 1-3 ). Le texte est
explicite : Dieu ne veut pas effacer sa création de la surface terrestre
puisqu’il veut la sauvegarder en totalité (grâce à Noé), y compris les bêtes non pures [76] , et qu’en plus, il
charge Noé d’une mission sacrée : perpétuer cette création à travers le
bouleversement qu’il s’apprête à opérer dans l’univers.
    Le déluge apparaît alors comme une sorte de purification  : l’univers n’étant pas conforme
au plan prévu par la pensée divine, le démiurge le ramène à l’état primitif du
chaos, du tohu-bohu , où les eaux d’en haut ne
sont pas encore séparées des eaux d’en bas, tout en maintenant une création
existante, dans l’espoir qu’une fois débarrassée des scories qui l’encombrent, elle
accomplira ce pour quoi elle avait été matérialisée. « Et c’est le déluge,
quarante jours sur la Terre. Les eaux se multiplient et portent la caisse [l’Arche] ;
elle se soulève au-dessus de la Terre. Les eaux forcissent, elles se multiplient
beaucoup sur la Terre. Et la caisse va sur les faces des eaux. Et les eaux
avaient beaucoup, beaucoup forci sur la Terre. Elles recouvrent toutes les
hautes montagnes, sous tous les ciels. Les eaux forcissent de quinze coudées
par en haut. Elles recouvrent les montagnes. » ( Gen.
VII, 17-20, trad. Chouraqui .)
    Comme le récit de la Genèse est le résultat de plusieurs
traditions orales, le verset 24 affirme que « les eaux forcissent sur la
Terre cent cinquante jours », tandis que la version

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