Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
Il s’agit de Solon, le fameux législateur d’Athènes, présenté en
conversation avec des prêtres égyptiens de Saïs. Solon aurait ainsi demandé aux
prêtres de Saïs de lui parler de qu’ils pensaient de l’origine du monde. Les
prêtres lui auraient répondu : « Quand les Dieux, voulant purifier la
terre par les eaux, l’inondent d’un déluge, si les bouviers et les prêtres sur
les montagnes sont à l’abri du fléau, les habitants de vos cités sont entraînés
dans la mer. » Autrement dit, c’est toute une civilisation qui est
détruite avec les villes englouties. Seuls des bouviers ignorants et quelques
prêtres, ermites sur la montagne, échappent au sort commun. Et c’est sur eux
que repose la renaissance d’une civilisation. Ils
sont les mainteneurs d’une tradition, mais, confrontés à des conditions de vie
qui ne sont plus les mêmes, et qui sont fatalement redevenues primitives, ils
peuvent perdre une grande partie de ce qu’ils savent, se contentant d’en
sauvegarder l’essentiel par quelques récits imagés. Ce serait donc, selon
Platon – et selon les sources qu’il utilise –, la cause première de cette perte
d’un code d’accès privilégié à la tradition primordiale. La leçon du philosophe
grec est très claire : pour en savoir plus, il faut remonter le plus loin
possible dans le temps.
    Il est certain que ce retour aux origines peut nous faire comprendre,
ou tout au moins admettre, ce qui s’est passé antérieurement, « aux temps
où les bêtes parlaient » comme dans l’Âge d’Or, ou aux temps où le
créateur et la créature pouvaient dialoguer, comme il est dit dans la Genèse, ce
qui revient à reconnaître que la parole divine était compréhensible pour l’humain,
et inversement. C’est là que s’impose un autre concept, celui de révélation . Il s’agit de ce qu’on appelle parfois la
« parole perdue ». Tout se passe comme dans un ordinateur : les
informations qui y sont intégrées ont été balayées mais existent toujours dans
la « corbeille », même si celle-ci a été vidée de son contenu. Et, par
des efforts techniques défiant toute logique, ces informations peuvent être
récupérées et « restaurées ». C’est de cela qu’il s’agit lorsqu’on se
penche sur le mythe. Même inintelligible, il est présent dans ce domaine
mystérieux que les psychanalystes appellent, faute de mieux, l’ inconscient . Et c’est encore plus évident lorsqu’on
parle des structures mentales que Jung, disciple déviant de Freud, qualifie d’ inconscient collectif , autrement dit une « mémoire
collective et ancestrale » contenue dans les gènes humains et qui se
réfugie dans les plus basses couches de la conscience, prête à en surgir à la
moindre sollicitation. Cela constitue notre héritage. Mais nous ne savons plus
ce qu’il signifie, et surtout, nous ignorons la façon de nous en servir.
    Il faut donc, tel un informaticien chevronné et acharné qui
restitue la mémoire perdue – ou soi-disant perdue – d’un disque dur d’ordinateur,
retrouver ces codes oubliés à partir des images qui nous sont restées et tenter
de restituer le discours des origines. Ce n’est certes pas une tâche aisée, mais
elle est passionnante, car elle permet de plonger au plus profond d’un univers
encore inexploré pour en découvrir non seulement la causalité mais ce qui pourrait en constituer la finalité .
Il s’agit donc bel et bien, à travers les innombrables mythes qui font allusion
à une révolte contre Dieu, ou tout au moins à une révolte contre l’idée qu’on
se fait de Dieu dans un contexte déterminé, de réactiver une certaine histoire
passée pour mieux préparer les termes et les structures d’une histoire future
qui, selon toute évidence, ne peut être élaborée, puis écrite, que par le genre
humain.
    C’est un vaste projet qu’un seul homme ne peut mener à terme.
Mais il faut bien commencer et surtout savoir que toute connaissance est un
éternel commencement. Quand on fait grand cas de ce qu’on appelle une « initiation »,
on devrait se référer au sens étymologique du mot : il signifie tout simplement
« début », « commencement » et, contrairement à une opinion
malheureusement trop courante, il ne comporte aucune connotation ésotérique ou « hermétique ».
Il n’y a pas de science « cachée », « secrète », réservée à
des soi-disant élites toujours autoproclamées,

Weitere Kostenlose Bücher