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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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être considéré
comme un « intellectuel » évolué. Mais l’étymologie populaire a
également rapproché le nom de Jacob du mot ‘ aqeb ,
« talon », parce qu’il est né en tenant le talon de son frère. On a
également dit que ce nom rappelait qu’il avait « supplanté » (‘ aqab) son frère aîné.
    Cette rivalité est accentuée par l’attitude du père et de la
mère. Incontestablement, le favori d’Isaac est Ésaü, car Isaac aime la venaison :
il est lui-même un fruste dont la seule présence dans la lignée sacrée est
celle d’un « transmetteur ». Il n’existe que par rapport à son père, Abraham,
et par rapport à ses fils. Par contre, Rébecca manifeste sa prédilection, pour
ne pas dire son choix exclusif, envers Jacob. Étrange famille… Déjà celle d’Abraham
avait été scindée en deux par l’écartement d’Ismaël, ancêtre des musulmans. Si
l’on suit le texte biblique, la nation d’Israël résulte d’un choix délibéré de
Yahvé en faveur de ceux qu’il juge les plus dignes de transmettre un message à toute
l’humanité, et cela au mépris de toutes les lois et coutumes humaines.
    C’est alors que survient un étrange épisode de la vie de
Jacob. Un soir, Ésaü revient de la chasse, bredouille selon toute vraisemblance.
Il meurt de faim. Or, son frère Jacob a préparé un « bouillon » ou
plutôt un « brouet » de lentilles. Ésaü, qui meurt de faim, demande à
Jacob de lui en donner : « Fais-moi bâfrer du roux, de ce roux. Oui, je
suis moi-même fatigué. Sur quoi, il crie son nom : Édom – le roux. Jacob
dit : vends-moi ce jour ton aînesse. Ésaü dit : Voici, moi-même je
vais mourir. Pourquoi ceci, l’aînesse, pour moi ? Jacob dit : jure-moi
en ce jour. Il le lui jure et vend son aînesse à Jacob. Jacob a donné à Ésaü du
pain et un bouillon de lentilles. Il mange, boit, se lève et s’en va. Ésaü a
méprisé l’aînesse. » ( XXV, 30-34, trad. Chouraqui .)
Il y a ici, et c’est d’autant plus évident quand on connaît le sens symbolique
de la lentille, la vision intérieure, une renonciation totale et consciente d’Ésaü
à continuer la lignée voulue par Yahvé. Ésaü, en abandonnant ainsi son droit d’aînesse,
se retire du plan divin. Pour quelles raisons véritables, par lâcheté ou inconscience ?
Le texte biblique ne le dit pas.
    Mais ce n’est qu’un accord entre deux frères, un accord qui
a pourtant valeur absolue puisque Ésaü a juré et qu’il ne peut revenir sur son
serment, même s’il le regrette et veut ensuite exercer une vengeance sur son
frère. Cependant, le temps passe. À l’âge de quarante ans, Ésaü épouse deux
femmes, comme il en avait le droit d’après les coutumes de l’époque. Mais c’est
une mésalliance douloureuse, car ces femmes sont des étrangères, Yehudit, fille
de Bééri, le Hittite, et Basmat, fille d’Élôn, le Hittite. « Elles sont
amertume de souffle pour Isaac et Rébecca. » ( XXVI,
34 .) Il est évident qu’Ésaü se sépare de plus en plus de la lignée qui
était la sienne.
    Et voici Isaac devenu vieux et aveugle. Sentant sa fin prochaine,
il songe à bénir son aîné qui, malgré ses errements, doit être celui qui doit
lui succéder en tant que patriarche. Il appelle donc Ésaü et lui dit :
« Sors au champ. Chasse pour moi de la chasse. Fais-moi des mets
comme j’aimais. Fais-les venir pour moi : je mangerai pour que mon être te
bénisse, avant que je ne meure. » ( XXVII, 3-4 .)
Ésaü obéit à son père, mais Rébecca, qui a surpris la conversation entre le
père et le fils, ne l’entend pas de cette façon. Et c’est elle qui va obliger
Jacob à se révolter contre Dieu en dupant Isaac. Elle lui demande d’aller tuer
deux chevreaux, de les préparer, de les faire cuire et de les présenter à son
père pour recevoir de lui sa bénédiction. Alors Jacob manifeste ses scrupules
et ses hésitations : « Ésaü, mon frère, est un homme hirsute et
moi-même, un homme glabre. Peut-être mon père me palpera-t-il ? Je serai à
ses yeux comme un trompeur et ferai venir vers moi la malédiction, non la
bénédiction. » ( XXVII, 11-12 .) Qu’à cela
ne tienne ! Rébecca a tout prévu et, en plus, elle prend la faute sur elle.
C’est elle-même qui prépare les chevreaux, puis elle prend les vêtements d’Ésaü
et les fait endosser par Jacob dont elle entoure également les mains et le cou
de la peau velue des animaux. Et

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