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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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sur deux
sacrements, celui du mariage et celui du sacre. Vendôme n’est donc pas un
rebelle d’occasion et d’opportunité, il est révolté par principe au nom du sang
qu’il porte en lui. En 1614, il s’est dressé contre la régente. Et il s’allie
meshui avec elle contre son fils. Quoi de plus conséquent ?
    Dans cette claire analyse, il me sembla ouïr comme un écho
des façons de dire de Richelieu et mon intérêt en devint plus vif.
    — Et que fit Vendôme, dis-je, à son arrivée à
Angers ?
    — Il poussa le jeune comte de Soissons à arguer de son
sang royal pour devenir le chef du Conseil de la reine.
    — Mais, dis-je, ne se serait-on pas attendu qu’il
revendiquât pour lui-même cet honneur ?
    — Certes, mais comment se mettre mal avec le prince
légitime et surtout avec l’égérie de la rébellion, l’ardente comtesse
douairière de Soissons, laquelle devient furie dès qu’on touche à son lionceau.
En outre, la présence du comte de Soissons, deuxième prince du sang, à la tête
du Conseil de la reine-mère, confère audit Conseil une sorte de légitimité. Et
que chaut à Vendôme de s’effacer devant ce béjaune de quinze ans puisque
derrière lui il tire toutes les ficelles ?
    — Et comment les tire-t-il ?
    — Avec adresse. Il a fait voter par les conseillers une
motion selon laquelle toutes les décisions d’ores en avant seraient prises à la
majorité des voix. Il n’ignore évidemment pas que le parti de la guerre en ce
Conseil l’emporte de beaucoup sur le parti de la paix.
    — Et que fait Richelieu dans ce prédicament ?
    — Il n’en peut mais : la règle de la majorité le
paralyse. Non que sa créance auprès de la reine ait diminué, mais comme
elle-même, il est emporté par le torrent des va-t’en guerre. Dire non, plaider
raison, c’est-à-dire plaider pour la paix, serait pour lui folie. Il se
perdrait sans avancer le service de la reine.
    — Et que dit-il de la situation ?
    — Qu’elle comporte une apparence et une réalité.
    La rébellion en apparence est forte, car de la Normandie au
Languedoc, tout l’ouest du royaume est en insurrection. En fait, elle est
faible et la raison de cette faiblesse…
    — Je la connais, dis-je. Les Grands qui gouvernent ces
régions au lieu d’animer la résistance dans leurs villes se trouvent à la cour
d’Angers.
    — Et, poursuivit Monsieur du Tremblay, la deuxième
raison c’est que la jalousie, sœur de la désunion, règne en cette cour,
brouillant tout. Je ne vous en donnerai qu’un exemple. Vendôme n’a voulu à
Angers ni du duc du Maine ni du duc d’Épernon, lequel a pourtant une expérience
militaire. Et la reine-mère ayant demandé aux deux exclus de lever des troupes
pour elle, ils y sont allés, mais que d’une fesse. Tant est que je serais bien
étonné s’ils revenaient à Angers avant la bataille. Vous vous ramentevez qu’à
Uzerches, d’Épernon s’était arrangé pour ne revenir sur les lieux qu’après la
prise de la ville qu’il prétendait secourir.
    — Et peux-je vous demander, Monsieur, ce que pense
Richelieu de ce dumvirat qui domine le Conseil ?
    — D’après Richelieu, le comte de Soissons a de la
vaillance, mais peu d’esprit. Vendôme a de l’esprit, mais peu de vaillance. En
outre, sous le prétexte qu’il est le fils d’Henri IV, Vendôme veut
commander l’armée de la reine. Il oublie que les qualités d’un soldat ne sont
pas héréditaires, pas plus, de reste, que le courage.
    — En un mot, Richelieu pense que le parti de la guerre
court au désastre.
    — Je dirais qu’il y rêve, dit Monsieur du Tremblay, en
m’envisageant avec un léger sourire, car avec ce désastre, les Grands
disparaîtront d’Angers et lui-même, remontant des Enfers, redeviendra indispensable
à sa maîtresse, ne serait-ce que pour moyenner la paix.
    Là-dessus, Monsieur du Tremblay eut un petit brillement de
l’œil qui me donna à penser que s’il nourrissait pour Richelieu une admiration
aussi vive que celle du père Joseph, la sienne ne laissait pas d’être plus
clairvoyante.
     
    *
    * *
     
    J’ai gardé en ma remembrance un lumineux souvenir du quatre
juillet 1620 lorsque Louis m’y parut en son Conseil tel que je l’eusse voulu
toujours : il parla en roi et en maître. L’éternel choix entre le parti de
la guerre et le parti de la négociation se posait, comme il s’était posé
pendant toute la régence et lors de la première guerre de

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