Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
famille sans une raison de
la plus grande conséquence. Il s’agit du service de la reine.
    — Quelle reine ? coupa Madame de Guise avec
impatience. Il y en a deux.
    — Madame, dit Charles qui avait sur le cœur le
« Paix là » de sa mère et tâchait petitement de s’en revancher, si
vous laissiez parler votre maggiodormo, cela irait plus vite.
    — Et si vous vous taisiez, mieux encore ! dit
Madame de Guise en lui jetant un œil impitoyable. Au fait, Réchignevoisin, au
fait !
    — Madame, dit Réchignevoisin, il s’agit de la reine
régnante. Madame de Guercheville vient d’arriver. Elle attend céans dans votre
petit salon…
    — Et qu’a donc Madame de Guercheville à voir avec la
reine régnante ? Elle est au service de la reine-mère.
    — Je ne sais, Madame, dit Monsieur de Réchignevoisin,
en la saluant de nouveau. Toujours est-il qu’elle paraît tout à fait hors
d’elle-même et demande à être reçue par vous dans l’instant.
    — « Dans l’instant » ! dit Madame de
Guise avec indignation, alors que je reçois mes enfants ! C’est une bonne
amie, assurément, mais de là à être reçue « dans l’instant » !
    — Madame, dit Monsieur de Réchignevoisin, Madame de
Guercheville m’a dit qu’elle porte un ordre urgent de la reine à Madame votre
fille !
    — Qu’est cela ? dit Madame de Guise. Voilà qui me
laisse béante ! La Guercheville, qui est dans l’emploi de la reine-mère,
porte un ordre de la reine régnante à la princesse de Conti et le porte chez
moi !
    — Madame, dit Louise-Marguerite, d’une voix douce et
apaisante, il se peut que Madame de Guercheville ait été choisie comme
messagère par la reine régnante, précisément parce qu’on sait qu’elle est une
de vos bonnes amies. Et sans doute savait-on aussi qu’elle me trouverait chez
vous. Madame ma mère, me permettez-vous de descendre au petit salon pour
demander à Madame de Guercheville de quoi il s’agit ?
    — Jamais de la vie ! dit la duchesse de Guise,
chez qui à cet instant la curiosité l’emporta sur tout autre sentiment de
dignité ou de préséance. Ma fille, vous demeurerez céans avec moi, votre mère
et vos frères. Si Madame de Guercheville vous porte chez moi un ordre de la
reine, c’est bien le moins que moi et vos frères sachions ce qu’il en est. Eh
bien, Réchignevoisin, introduisez Madame de Guercheville ! Courez !
Courez ! Qu’attendez-vous ?
    Madame de Guercheville avait été fort belle et elle était
encore fort coquette. Et il fallait bien qu’elle fût, en effet, hors
d’elle-même pour qu’elle laissât couler ses larmes sur ses joues, faisant un
affreux gâchis de la céruse qui les revêtait. Madame de Guise, à sa vue, sentit
son courroux s’évanouir et sa bonté naturelle reprenant le dessus, elle oublia
son rang, se leva de sa chaire royale et courut embrasser celle que, deux
minutes auparavant, elle avait appelée « la Guercheville ».
Louise-Marguerite s’avança aussi, la face fort déquiétée, car ce grand chagrin
de Madame de Guercheville paraissait annoncer, touchant la petite reine, une
nouvelle malheureuse. Et comme la visiteuse, se laissant aller à ses sanglots,
paraissait incapable d’articuler un seul mot, Louise-Marguerite lui entoura les
épaules de ses bras et dit en la serrant à soi :
    — De grâce, Madame, parlez ! Parlez ! Je suis
morte d’inquiétude à vous voir dans cet état.
    — Ah ! Mon Dieu ! Mon Dieu ! Quel
malheur ! dit Madame de Guercheville d’une voix entrecoupée. La reine,
Madame, la reine !
    — Eh bien ! dit Louise-Marguerite avec autorité.
Qu’en est-il à la parfin ?
    Ce ton parut redonner à Madame de Guercheville un peu de
cohérence et les larmes coulant toujours sur ses joues et d’une voix plus
ferme, elle dit :
    — Madame, j’ai ordre de vous ramener sur l’heure au
Louvre. La reine est au désespoir. Vous seule pouvez la ramener à raison. Elle
pleure. Elle se tord les mains. Elle crie que le roi ne va plus l’aimer !
    — Mais qu’a-t-elle donc ? s’écria
Louise-Marguerite avec effroi. Que lui est-il arrivé ? De quoi pâtit-elle
donc ?
    — Ah ! Madame, du pire des maux pour une femme et
pis encore pour une reine ! Elle vient de perdre son fruit.

 
CHAPITRE XII
    L’accident de la pauvre reine plongea dans la consternation
toute la Cour honnis la reine-mère qui, à cette occasion, essuya d’une main
sèche une larme chattemite. Combien

Weitere Kostenlose Bücher