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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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maintenu tant d’années. Et maintenant, horresco
referens [44] , le petit-fils de notre Jeanne et le
fils de notre Henri, traître à sa grand-mère et à son père, avait par les armes
rétabli les églises, les prêtres et la messe dans le Béarn et qui pis est, il
avait rattaché Navarre et Béarn au royaume de France. À leurs yeux, ce
sanctuaire était deux fois désacralisé.
    — Ne pensez-vous pas, Monsieur, que la promesse royale
d’envoyer une armée à l’empereur d’Allemagne pour l’aider à défaire les
Luthériens de Bohême, promesse par bonheur non tenue, mais suivie de cette
lamentable ambassade à Ulm…
    — … fit le plus désastreux effet sur nos protestants.
Oui-da ! Mais en fait, la rébellion était déjà bien amorcée après la
réduction du Béarn. Et les affaires d’Allemagne ne firent qu’accroître la
méfiance et le désamour que nos huguenots avaient conçus à l’égard de Louis.
    — Et les reines, Monsieur ? Suivirent-elles les
rois à la guerre ?
    — La petite reine suivit son royal époux, mais à
quelque distance du combat pour éviter les surprises de l’ennemi, et le roi eût
bien voulu que la reine-mère en fît autant, point par tendresse, mais en vertu
du principe…
    — … qu’il valait mieux « avoir la reine-mère dans
le carrosse avec lui que la laisser dehors occupée à ameuter les brigands
contre ledit carrosse ».
    — Madame, vous me lisez avec une attention que
j’admire.
    — Ici, Monsieur, ne seriez-vous pas un peu
chattemite ? Mais, de grâce, revenons à la reine-mère.
    — Richelieu, qui tâchait de la modérer en tout, fit de
son mieux pour la décider à suivre le roi, mais elle noulut et décida de
demeurer en Paris. En réalité, elle désirait qu’on la laissât libre de ses
mouvements, ce jour d’hui à Paris, demain aux armées, après-demain peut-être en
son gouvernement d’Angers.
    — Quoi de plus naturel ?
    — Mais pour son fils, Madame, quoi de plus
dangereux ? Avant de partir, Louis prit la précaution de nommer Monsieur
de Montbazon, beau-père de Luynes, gouverneur de Paris. Et se tournant vers le
clergé, il lui demanda de l’argent pour faire la guerre. Ce qui allait de soi,
le clergé étant plus riche que le roi et ne cessant, urbi et orbi, de
prêchailler et de processionner en bleu, en gris, en blanc, en marron et que
sais-je encore ? pour qu’on en finît par le fer avec les hérétiques.
    — Comte, il me semble, à vous ouïr, que vous n’aimez
guère les prêtres.
    — Mais Louis, pas davantage. Si pieux qu’il fût, il les
tenait pour insufférablement arrogants, même envers le pouvoir royal. Et c’est
une des raisons pour laquelle il refusa si longtemps les services de Richelieu,
encore qu’il admirât son génie. Mais revenons à cette question d’argent si
douloureuse pour le clergé. Le roi, impassiblement, lui demanda un million.
    — Un million ?
    — Un million d’or. Cela va de soi. Ou si vous préférez,
trois millions de livres.
    — C’est beaucoup !
    — Ce n’est pas somme petite. Le clergé poussa des cris
d’orfraie. On le ruinait ! On lui tondait la laine sur le dos ! Il
lanterna, il marchanda, rien n’y fit. Le roi ne branla pas d’une ligne. Et à la
parfin, le clergé mit les pouces. L’évêque de Rennes apporta les pécunes le
dix-huit octobre 1621 au château de Piquecos (lequel appartenait à Monsieur de
Montpezat) où le roi avait établi son quartier général à portée de longue-vue
de Montauban dont l’armée royale faisait le siège. Le prélat, garnissant Louis
en pécunes, le voulut aussi garnir au nom du clergé en remontrances que Louis
écouta avec la dernière froideur et sans répondre mot ni miette.
    — Et quel fut le succès du siège de Montauban ?
    — Madame, pardonnez-moi. J’ai largement anticipé. Nous
n’y sommes pas encore. La campagne commença en fait par le siège de
Saint-Jean-d’Angély. L’assemblée de La Rochelle avait annoncé le plus
insolemment du monde que la ville serait fermée au roi et le duc de Rohan y
envoya son cadet, Monsieur de Soubise, pour défendre la place, tandis que
lui-même fortifiait La Rochelle. Vous vous souvenez sans doute, Madame, que
l’édit de Nantes avait donné aux protestants un grand nombre de places de
sûreté. Mais Montpellier, Montauban et La Rochelle étaient les fleurons de
cette couronne.
    — Et de ces trois fleurons, lequel était le plus
difficile à

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