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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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côtés et
fort bien, en particulier au siège d’Amiens. Jeune, plein de foi et vaillant
jusqu’à la témérité, Monsieur du Maine voulait montrer qu’il était le digne
fils de son père et voulait égaler sa gloire en entrant le premier dans
Montauban. Il s’engouffra avec sa noblesse dans la brèche qu’il avait faite,
mais qu’il n’avait pas pris le temps et le soin de bien reconnaître et, ses
soldats ne le suivant pas à cause d’un déluge de mitraille, il fut accablé sous
le nombre et il dut à la parfin battre en retraite, désespéré d’avoir
vainement, et par sa faute, perdu tant de gentilshommes. Quelques jours plus
tard, le quinze septembre, faisant visiter ses tranchées au duc de Guise –
visite qui n’avait aucune utilité puisque Guise commandait un autre
secteur –, il fut tué d’un coup de mousquet.
    « La témérité de Monsieur du Maine eut d’étranges
conséquences. Sa mort abattit le moral de notre petite armée tout autant que la
couardise du connétable. En outre, quand on l’apprit à Paris, la populace se
souleva et alla brûler le temple de Charenton, donnant par là à notre campagne
l’apparence d’une guerre de religion. Mais le roi vit promptement quel en était
le danger et comme il l’avait fait à Tours pour le mort protestant profané, il
ordonna qu’on arrêtât, jugeât et pendît les incendiaires.
    — Et quant au roi, visita-t-il le camp ?
    — Ah ! Madame ! quel tracas il nous donna
alors ! La difficulté, avec Sa Majesté, était tout à l’inverse de celle
qui se présentait à Luynes : comment l’empêcher d’aller trop souvent au
camp devant Montauban ? N’était-il pas pourtant évident qu’il y hasardait
non seulement sa propre vie, mais l’avenir même de sa dynastie, puisque la
France n’avait pas encore de dauphin ? Son Conseil, ses ministres, sa
reine, son entourage, faisaient continuellement son siège pour qu’il demeurât à
Piquecos. Il s’y ennuyait, si j’ose dire, à la fureur. Quand il n’avait pas
l’œil collé à sa longue-vue (mais un siège est une lente usure, et la plupart
du temps, il ne se passait rien à Montauban, ni sur les remparts ni dans notre
camp), Louis allait chasser le perdreau : petit gibier, petite chasse.
Mais que pouvait-il faire sans ses chiens ? De reste, il faisait une
chaleur extrême. Héroard lui déconseillait même de sortir : vous eussiez
fait cuire un œuf en plein soleil. Les huguenots souffraient de faim dans
l’étuve de leurs murs. Les nôtres souffraient des insolations et des fièvres.
L’épidémie nous en tuait plus que l’ennemi.
    — Louis n’alla donc pas visiter le camp ?
    — Oh que si ! Et que trop ! Il passa outre à
plusieurs reprises à nos prières et supplications. Le quinze septembre, oyant
la mort du duc du Maine, il fit seller incontinent son cheval et galopa à
brides avalées jusqu’à la tranchée où le duc gisait, inanimé. Le dix-neuf, il y
retourna, oyant qu’on allait faire jouer les mines du côté de Ville-Nouvelle et
Villebourbon. Le vingt-quatre septembre, pour redonner cœur à ses soldats, il
fit mieux. Il visita toutes les tranchées du camp. Vous m’avez ouï, belle
lectrice, il les visita toutes. De deux heures de l’après-midi jusqu’à huit
heures du soir.
    — Six heures d’inspection dans les tranchées ? Il
eût été plaisant qu’il invitât le connétable à le suivre à cette occasion.
    — Louis s’en garda bien. Il ne se faisait plus la
moindre illusion au sujet de son favori. Au fur et à mesure que le siège durait,
le crédit du connétable baissait dans l’esprit du roi, encore que Sa Majesté
prît soin de le dissimuler encore. Et le point le plus bas de ce désamour fut
certainement atteint quand il apprit que Luynes, à son insu, tâchait de
composer avec les rebelles. Preuve que ce pauvre Luynes était aussi médiocre
diplomate que piètre général, car il négociait en position de faiblesse, le
siège tournant à l’avantage des assiégés, lesquels, de reste, ne laissèrent pas
de faire en fin de compte la plus déprisante sourde oreille à ces ouvertures.
    « Fin septembre, la chaleur laissa place à des pluies
torrentielles. L’épidémie en même temps s’aggrava et les désertions
commencèrent à se multiplier. Quand on capturait les déserteurs, la rigueur de
la discipline voulait qu’on les pendît, ce qui me poignait le cœur, car ces
pauvres gens s’étaient jusque-là battus

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