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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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succès qu’il avait remportés au début de la
campagne et qui n’étaient pourtant pas petits, car Saint-Jean-d’Angély, entre
autres, était une place importante et d’être occupée par une garnison royale la
rendait d’ores en avant fort gênante pour les huguenots de La Rochelle. Mais
l’affaire l’atteignait aussi dans ses affections. L’extrême pusillanimité de
Luynes devant Montauban lui avait paru non seulement indigne d’un connétable,
mais pis même indigne d’un gentilhomme et avait profondément blessé son sens de
l’honneur. À ce déprisement se joignait la colère qu’il éprouva lorsqu’il
apprit que Luynes avait eu l’impudence de traiter derrière son dos avec les
rebelles. C’était là toucher à une de ses prérogatives royales et pour lui
cette faute n’était pas pardonnable.
    — Vous pensez donc que la disgrâce de Luynes était
proche ?
    — Oui, Madame. Et si j’ose m’exprimer ainsi, Luynes
n’en fut sauvé que par sa propre mort.
    — Sa mort ?
    — Après avoir quitté Montauban, l’armée royale monta
vers le nord-ouest, passa par Nérac, Duzet et s’arrêta à Longuetille, village à
l’ouest d’Aiguillon. De Longuetille, Luynes partit reconnaître Monheur qui est
place petite et nid de huguenots. Le voilà donc à cheval, accompagné par
Monsieur de Desplant et là, tandis qu’il observe la place, un fol, parmi ces
huguenots, que la victoire des siens à Montauban a sans doute enivré, lui tire
une mousquetade qui ne l’atteint pas – songez, Madame, quelle noble figure
taillerait, ce jour d’hui, devant l’Histoire Monsieur de Luynes, si la balle
lui avait traversé le cœur ! Au lieu de cela, elle se logea dans le
pommeau de la selle sur laquelle Monsieur de Desplant nonchalamment appuyait sa
main et au passage, avant d’arriver jusque-là, elle avait troué son gant et
effleuré son petit doigt. L’événement est de grande conséquence : Monsieur
le connétable a essuyé le feu, ô merveille ! Il revient à Longuetille à
brides avalées, montre à tous le pommeau et le gant de Monsieur de Desplant et
décide le roi à assiéger Monheur.
    — Si j’entends bien, il veut une petite victoire sur
une petite place pour redorer sa gloire.
    — Cela même, Madame. Le premier décembre, on investit
Monheur par une pluie torrentielle, un vent prodigieux et des éclairs à
l’infini. Vous eussiez cru que le ciel se déchaînait pour ainsi dire sur ce
village pour avoir osé tirer une mousquetade, sans cependant l’atteindre, sur
un bon catholique. Et comme si l’ire céleste ne suffisait pas, on se mit à
canonner ses murs. Cependant, contre toute attente, les assiégés ne se
rendirent pas et firent face vaillamment. Et le trois décembre, à trois heures
après minuit. Monsieur de Luynes fut pris d’un grand froid et d’un grand mal de
gorge. Le quatre, le cinq, le six, Louis vint le voir en même temps qu’il
commença à voir le comte de Schomberg dont je parlerai plus loin. Le sept
décembre, le dos et les jambes de Monsieur de Luynes se couvrirent d’une nappe
continue de boutons rouge vif. Devant une telle évidence, son médecin le
déclara atteint de fièvre pourpre. Et Héroard interdit à Louis les visites. Dès
ce moment-là et jusqu’à la mort du favori, Louis passa de longs moments dans la
journée avec Monsieur le comte de Schomberg en son logis de fortune à Longuedy.
    — Qui était ce Schomberg ?
    — Un ami d’enfance. Il avait le même âge que le roi et
Henri IV l’avait choisi avec Montpouillan et d’autres pour être un des
enfants d’honneur de son fils, ceux qu’on avait coutume d’appeler, à
Saint-Germain-en-Laye, ses « petits gentilshommes ». Montpouillan
était en fait le grand favori, mais sans que Schomberg l’égalât jamais, il fut
toujours très estimé par Louis, demeura dans son entourage et devint, quand
Louis fut le maître chez soi, capitaine-lieutenant des chevau-légers de la
garde royale. Ce n’était pas un office très élevé dans l’armée et Louis avait
rarement affaire à lui. Cependant, du sept décembre au quinze décembre, date de
la mort de Luynes, le roi alla visiter Schomberg tous les jours et assez
souvent deux fois par jour. Luynes mort, il ne vit Schomberg que pour les
besoins du service.
    — C’est assez étrange, en effet, et qu’en
concluez-vous ?
    — Que Louis, dans son désarroi, avait le plus grand
besoin d’amitié masculine et Luynes lui

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