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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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avec vaillance et fuyaient davantage la
maladie qui décimait leurs rangs que les boulets et les arquebusades.
    « Dans ce triste état de nos affaires, le roi apprit que
Montbrun, huguenot factieux, complotait en Dauphiné pour se saisir de Grenoble.
La mort dans l’âme, il dut dépêcher en la province qu’il gouvernait
Lesdiguières, lequel partit sans grand regret, car sous la houlette dérisoire
du connétable, on ne faisait, devant Montauban, rien qui valût et Lesdiguières
sentait bien que la seule raison pour laquelle Louis conservait Luynes était
qu’il ne pouvait, aux yeux de tous, changer de cheval au milieu du gué. Le
départ de Lesdiguières consterna le camp. Au sein de notre petite armée, à cet
instant, ce n’est pas seulement le nombre des soldats qui continuait à baisser,
mais l’espérance de la victoire.
    « Là-dessus, d’aucunes nouvelles, venues de Paris par
chevaucheur, apportèrent au roi d’autres inquiétudes. Belle lectrice, vous vous
rappelez, sans doute, cette serviette fameuse que le comte de Soissons, poussé
par sa mère, disputa un jour à Condé, premier prince du sang ?
    — Oui, je m’en ramentois, Monsieur. L’incident m’a tout
ensemble ébaudie et attristée. Se quereller pour une serviette ! Ou pour
une rangée supplémentaire de fleurs de lys ! Que petites et futiles me
paraissent les jalousies de ces gens de cour ! Et que de haine pour
d’aussi dérisoires motifs ! Ne m’avez-vous pas conté que le comte, outré
de n’avoir pas eu gain de cause en l’histoire de la serviette, se retira dans
son château pour y bouder ?
    — Hélas ! Il ne boudait plus ! Il faisait pis
et c’était la nouvelle apportée de Paris par chevaucheur. La reine-mère ayant
quitté Angers et étant revenue dans la capitale, le comte de Soissons y rentra
aussitôt. Il léchait quotidiennement les mains de la reine, tâchait de la
conquérir et se livrait avec elle de la manière la plus ostentatoire à des
manifestations publiques de dévotion. Celles-ci, bien entendu, revêtaient une
coloration qui ravivait les passions des Parisiens contre les huguenots. On
essayait, en bref, de ranimer la Sainte Ligue et là où Louis XIII voulait
simplement le retour au bercail royaliste des brebis désobéissantes, ce tiers
parti ne rêvait que de les égorger.
    « Ces intrigues n’avaient pas pour l’instant les moyens
de leurs ambitions et Richelieu ne les encourageait en aucune façon. Mais elles
inquiétèrent si fort Louis qu’il commença à regretter d’avoir laissé la
reine-mère « hors de son carrosse ». En outre, l’hiver, avec son
manteau de froidure, de pluie et de neige, enveloppait toutes choses,
embourbait les chemins et rendait la guerre peu praticable. Et le roi décida
alors, ayant laissé quelques forces devant Montauban, suffisantes pour gêner
son ravitaillement, mais non pour emporter la place, de se retirer vers le
nord.
    — Monsieur, ne m’aviez-vous pas promis de me toucher un
mot sur la reine et le roi, quand il était lui au château de Piquecos et elle
plus en arrière et quasi hors des atteintes de la guerre, à Moissac ? Et
d’abord, qu’elle est la distance de Piquecos à Moissac ?
    — Trois heures de cheval. Et pour en revenir, tout
autant. Et vous pouvez croire que je m’en ramentois, car j’étais de ceux qui
suivaient le roi à cheval. L’aller et le retour faisant six heures, ce n’était
pas une petite trotte pour fillette dont on coupe le pain en tartines. Ma fé,
le séant m’en doulait encore deux jours plus tard. Héroard, étant vieil,
suivait en carrosse et bien qu’à l’abri du soleil torride et des pluies
torrentielles, il n’était pas beaucoup plus heureux, pâtissant des mille
secousses d’un chemin cahotant.
    — Et comment se passaient les retrouvailles du roi et
de la reine ?
    — Différemment, selon que le roi alla de Piquecos à
Moissac retrouver la reine, ou que la reine alla de Piquecos à Moissac pour
retrouver le roi.
    — Comment cela ? Monsieur, vous vous gaussez, je
pense !
    — Pas le moins du monde. Voulez-vous un exemple ?
Le lundi six novembre, le roi part de Piquecos à trois heures et arrive à cinq
heures et demie à Moissac.
    — Vous m’aviez dit trois heures de route, je ne compte
que deux heures et demie.
    — Louis a pressé le trot : il était impatient.
N’était-ce pas naturel ? Mais pour s’en retourner à Piquecos le lendemain,
sachez qu’il mit trois

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