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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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avec le duc de
Monteleone, lequel avait fait preuve, au cours d’une audience, d’une très
disconvenable insolence.
    Louis, quand il reçut ce jour-là Monteleone, fit preuve
moins de froidure que de sa coutumière impassibilité, étant surtout surpris
d’une demande d’audience si pressante et dont le propos n’avait pas été
précisé. Sa surprise augmenta quand l’ambassadeur qui, d’ordinaire, ne faillait
pas en assurance, parut hésiter à formuler l’affaire qui l’amenait, multipliant
les compliments protocolaires au lieu d’entrer dans le vif du sujet.
    — Monsieur, dit enfin Louis, voulez-vous, de grâce, me
dire de quoi il s’agit ?
    Je ne sais si Monteleone avait appris son rollet à l’avance,
mais cette question abrupte parut le prendre sans vert et il dit tout uniment
et sans phrase :
    — Sire, mon Maître le roi d’Espagne a conçu des alarmes
au sujet du délaissement de la reine.
    — La reine, Monsieur, dit le roi sèchement, n’est pas
délaissée. Elle reçoit tous les égards et les honneurs dus à son rang. Et je la
visite deux fois par jour.
    Cette réplique fut suivie d’un assez long silence et comme
le roi continuait à se taire, l’ambassadeur reprit :
    — Mon Maître, Sire, entend par délaissement que le
mariage n’est toujours pas consommé.
    — En effet, il ne l’est pas, dit Louis sans que bougeât
d’une ligne sa face imperscrutable.
    — Toutefois, Sire, il y aurait danger à surseoir
davantage.
    — J’en suis seul juge.
    — En effet, Sire, dit Monteleone en s’inclinant
profondément. Toutefois, on pourrait trouver des moyens pour remédier à cette
surséance.
    — Quels moyens ?
    — Sa Majesté la Reine n’a que dix-sept ans. Elle a été
élevée avec beaucoup de soins et dans une sainte ignorance de la façon dont la
vie se transmet.
    — Je n’en doute pas, dit Louis.
    — Mais dans une certaine mesure, reprit l’ambassadeur,
l’ignorance d’une vierge peut être dommageable à l’époux que Dieu lui a donné.
    — Je ne vous entends pas, Monsieur.
    — Je veux dire, Sire, qu’une femme plus experte
connaîtrait les moyens par lesquels Notre-Seigneur permet à une épouse aimante
d’attiser les désirs de son mari.
    — Cela se peut, dit Louis roidement.
    — Mais si tel est le cas, Sire, pourquoi une dame veuve
appartenant à la suite de Sa Majesté la Reine ne lui apprendrait-elle pas les
moyens que je dis ? Il n’y faudrait que votre permission.
    — Mais je ne le permettrai jamais ! dit Louis en
rougissant à la fois de colère et de vergogne.
    Et se levant à demi de sa chaire, il souleva à demi son
chapeau, et dit d’une voix glaciale :
    — Monsieur, notre entretien est terminé.
    Encore que Louis demeurât bouche cousue sur cette audience,
il n’est pas sorcier d’augurer qu’il trouva insufférable l’intervention de
Monteleone et qu’elle n’augmenta pas le peu d’amour qu’il portait aux
Espagnols. Il était pourtant loin, bien loin d’imaginer que quelques semaines
plus tard, il aurait à subir de ce côté-là un assaut plus rude encore.
    Le lecteur se ramentoit sans doute que le contrat de mariage
avait prévu pour la reine une suite d’une trentaine de dames d’honneur de son
pays. Quand on reçut Anne sur la Bidassoa, on fut épouvanté : les dames
espagnoles étaient plus de cent. De peur d’affronter Philippe III, on
n’osa renvoyer le surplus, quoiqu’il posât de grands problèmes, car il fallut
loger et nourrir toutes ces oiselles inutiles, et bien pis qu’inutiles, comme
elles s’avérèrent bientôt. Jeunes pour la plupart, libérées de l’étiquette
étouffante de la Cour espagnole, et se sentant en France comme en pays conquis,
leur sang chaleureux les portait à des conduites désordonnées, à de petites
chatonies, voire même à de pendables tours. Elles s’introduisaient au Louvre en
des appartements dont l’huis n’était point clos, enlevaient les clés des
coffres, les jetaient dans les douves. Mieux même, au château de Blois,
d’aucunes se hasardèrent chez le roi lui-même en son absence, ouvrirent la cage
d’une linotte dont il était raffolé, s’en emparèrent et ce qu’elles en firent,
nul ne le sut jamais : on ne la retrouva pas.
    Enfin, en présence de Sa Majesté, elles riaient et
clabaudaient sans fin derrière leurs éventails qui, même en hiver, ne les
quittaient jamais, ondulaient des hanches, bombaient les tétins et dardaient
sur les

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