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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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et clerc de haut rang était invité à donner
son avis ; mais Eadred tenait à ce que le witan se réunisse et que
Guthred le préside.
    Le witan se tint dans l’église. Il avait
commencé à pleuvoir, et chacun cherchait constamment à éviter l’eau dégouttant
du toit de chaume troué. Il n’y avait point assez de sièges, nous dûmes prendre
place en un grand cercle autour d’Eadred et Guthred qui trônaient près du
cercueil de saint Cuthbert. Nous étions quarante-six, moitié des clercs et
moitié les plus grands propriétaires terriens de Cumbraland, danes comme saxons ;
mais à côté d’un witanegemot de Wessex, ce conseil faisait piètre figure. Nulle
grande richesse étalée. Certains Danes portaient des bracelets et quelques
Saxons arboraient des broches raffinées, mais en vérité cela avait moins l’air
d’un conseil d’État que d’une réunion de fermiers.
    Cependant, Eadred avait des idées de grandeur.
Il commença par donner des nouvelles du reste de la Northumbrie. Il en avait
connaissance grâce aux rapports qu’il recevait des clercs de tout le pays, disant
qu’Ivarr se trouvait encore dans la vallée de la Tuede, où il menait
péniblement une guerre d’escarmouches contre le roi Aed de Scotie.
    — Kjartan le Cruel est tapi dans sa
forteresse, dit Eadred, et il ne veut pas combattre. Cela ne laisse qu’Egbert à
Eoferwic, et il est faible.
    — Et Ælfric ? intervins-je.
    — Ælfric de Bebbanburg a juré de protéger
saint Cuthbert, il ne fera rien qui offense le saint.
    C’était peut-être vrai, mais mon oncle
demanderait sans nul doute mon crâne en récompense s’il empêchait la
profanation de la relique. Je n’insistai pas et me contentai d’écouter Eadred
proposer de former une armée et de marcher sur Eoferwic. Cela souleva quelque
étonnement. Les hommes se dévisagèrent, mais l’assurance d’Eadred était telle
que personne n’osa protester. Chacun pensait qu’il lui serait demandé de
préparer ses hommes pour lutter contre les Norses d’Irlande ou repousser une
nouvelle agression d’Eochaid de Strath Clota ; au lieu de cela, on leur
disait de partir au loin déposer le roi Egbert.
    Ulf, le plus riche des Danes de Cumbraland, finit
par intervenir. Il était âgé, quarante ans peut-être, et avait été blessé et
estropié en maintes batailles, mais il pouvait encore apporter une cinquantaine
de soldats aguerris à Guthred. Ce n’était guère, par rapport à bien des régions
d’Anglie, mais c’était beaucoup en Cumbraland. Il s’étonna de devoir franchir
ainsi les collines.
    — Nous n’avons nul ennemi à Eoferwic, mais
beaucoup d’autres qui attaqueront nos terres quand nous serons partis.
    Les autres Danes approuvèrent d’un murmure.
    Mais Eadred connaissait son auditoire.
    — Il y a grande richesse à Eoferwic, déclara-t-il.
    L’idée plut à Ulf, mais il resta prudent.
    — Des richesses ?
    — De l’argent. De l’or et des joyaux.
    — Des femmes ? demanda quelqu’un.
    — Eoferwic est un cloaque corrompu, annonça
Eadred. Un repaire de démons et de femmes lascives. Cette cité du mal doit être
nettoyée par une sainte armée.
    La plupart des Danes acclamèrent la
perspective des femmes lascives, et plus personne ne protesta à l’idée d’attaquer
Eoferwic.
    Une fois la cité prise, ce qu’Eadred tenait
pour acquis, nous devions pousser au nord. Les hommes d’Eoferwic gonfleraient
nos rangs.
    — Kjartan le Cruel ne nous affrontera
point, déclara-t-il, car il est couard. Il regagnera sa forteresse comme l’araignée
sa toile, et nous l’y laisserons se terrer et pourrir jusqu’à ce que vienne le
moment de l’abattre. Ælfric de Bebbanburg ne nous affrontera point, car il est
chrétien.
    — C’est un bâtard sans foi ni loi, grommelai-je,
mais personne ne releva.
    — Et nous vaincrons Ivarr, dit Eadred. (Je
me demandai comment notre pauvre armée pourrait défaire le mur de boucliers d’Ivarr,
mais Eadred ne doutait de rien.) Dieu et saint Cuthbert combattront pour nous, et
nous serons les maîtres de Northumbrie. Le Tout-Puissant aura fondé l’Haliwerfolkland
et nous élèverons une chapelle à saint Cuthbert, qui stupéfiera le monde entier.
    Voilà donc ce que voulait vraiment Eadred, une
chapelle. C’était la raison de toute cette folie, une chapelle pour un saint
mort ! Voilà pourquoi Eadred avait fait de Guthred un roi et allait
guerroyer dans toute la Northumbrie.
    Le lendemain, les

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